Hempstead (Etats-Unis) (AFP) – D’un côté Hillary Clinton, démocrate hyper-expérimentée qui peine à susciter l’enthousiasme.De l’autre Donald Trump, républicain novice et impulsif mais redoutable show-man.Les Américains attendaient lundi avec impatience le premier débat présidentiel, d’autant plus important que les sondages sont serrés à six semaines du scrutin.
La pression est énorme, et ce combat au sommet entre deux candidats à la Maison Blanche radicalement différents – que la majorité des Américains n’aiment pas – promet des records d’audience proches de ceux du Super Bowl, la très populaire finale de football américain, jusqu’à 100 millions de personnes.
Il doit commencer à 21H00 (01H00 GMT mardi) et sera suivi y compris dans les bars, suscitant paris et jeux à boire.Avec les réseaux sociaux, le verdict sera immédiat.Un geste, une phrase déplacée, le moindre dérapage, tout sera important.
Au programme: la gestion du pays, la sécurité, l’économie, des sujets qui préoccupent particulièrement les Américains.
Hillary Clinton, qui prendra la première question, a « des arguments à faire valoir » a estimé le président Barack Obama, selon son porte-parole Josh Earnest.
Un optimisme partagé par le directeur de campagne de la démocrate, Robby Mook.Il a estimé sur CBS que le format de 90 minutes était bon pour la candidate, qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts et a déjà participé à plus de 30 débats politiques depuis 2000.
– Désinformation –
Mais il s’est inquiété du fait que le milliardaire « puisse mentir et faire de la désinformation.Et Hillary devra passer tout son temps à essayer de corriger, plutôt que (de parler) des choses dont elle veut parler ».
Selon la chaîne NBC, M. Trump a en outre changé 117 fois de position à propos de 20 sujets majeurs depuis le début de sa campagne en juin 2015, notamment en matière d’immigration et de lutte contre le terrorisme.
Donald Trump « est prêt pour ce soir », a assuré cependant lundi sa directrice de campagne Kellyanne Conway sur MSNBC. »C’est un débatteur naturel.Il a des dons et des compétences qui échappent parfois à des hommes politiques traditionnels ». »Mon père sera présidentiel, passionné, résistant », a promis son fils Eric Trump.
Un sondage Quinnipiac donnait lundi les deux candidats dans la marge d’erreur, 44% pour la démocrate et 43% pour le républicain.
Les récents sondages (à 4 candidats) ne donnent plus à l’ancienne Première dame que 1,5 point d’avance en moyenne, quand elle en avait 7,6 le 9 août.
Dans plusieurs Etats clés, où devrait se jouer l’élection – dont la Pennsylvanie, le Colorado et la Virginie -, l’avance de Mme Clinton s’est récemment réduite.Et M. Trump est désormais en tête dans l’Ohio, selon une moyenne des récents sondages.
Le scénario d’une course aussi serrée était inimaginable il y a six mois, d’où l’énorme pression sur ce premier débat.Même si, dans l’histoire récente, aucun débat n’a changé une élection présidentielle.
– Bourse en baisse –
Affectée elle aussi par ces incertitudes, la Bourse de New York a terminé en baisse lundi.
La campagne de Mme Clinton, qui aspire à devenir la première femme présidente de l’histoire américaine, s’est inquiétée d’un « double standard » lors de ce débat qui se tiendra près de New York, à l’université Hofstra.Selon de nombreux experts, la barre est plus haute pour elle.
« Tout ce que nous demandons, c’est que si Donald Trump ment – ce qu’il a fait souvent dans le passé – cela soit vérifié », a insisté Robby Mook.
Pour appuyer ses dires, l’équipe de campagne démocrate a publié plusieurs pages de mensonges attribués à Donald Trump.
Mais le milliardaire républicain a déjà fait savoir que le modérateur Lester Holt, journaliste respecté qui présente le journal du soir sur NBC, n’était pas là pour ça.
« Il doit être un modérateur.Si elle fait une erreur ou je fais une erreur, nous nous en occuperons », avait-il déclaré jeudi, dénonçant des « pressions » sur Lester Holt.
Lundi, le New York Times – qui a apporté son soutien samedi à Hillary Clinton – a publié un éditorial cinglant contre M. Trump, un candidat cultivant « intolérance, fanfaronnade et fausses promesses » et qui, selon le prestigieux quotidien, est « plus consumé par lui-même que par le bien-être du pays ».
Dans la guerre psychologique que se mènent les deux camps, la tension est montée d’un cran ce week-end, autour du choix de leurs invités au débat.
Le camp Clinton a invité l’homme d’affaires Mark Cuban, propriétaire de l’équipe de basket des Dallas Mavericks, très critique de Donald Trump.
Ce dernier a riposté, affirmant qu’il était prêt à inviter Gennifer Flowers, une très ancienne maîtresse de Bill Clinton.L’intéressée s’est dite prête à y assister.
Le colistier de M. Trump, Mike Pence, a ensuite calmé le jeu, affirmant que Gennifer Flowers n’avait pas été invitée par la campagne.
Deux autres débats sont prévus les 9 et 19 octobre, animés par d’autres modérateurs.
Source: AFP
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