Banquier, il a tout plaqué il y a dix ans pour vivre sa passion. Didier Zanette crapahute à travers la Mélanésie dans le Pacifique sud à la recherche d’objets d’art traditionnel, dont la production est menacée par la mondialisation.
A Nouméa, à quelques encablures du bord de mer dans le quartier de Ouémo, sa boutique est un véritable capharnaüm. Un bon millier d’objets – masques, statues, flèches, totems sculptés, boucliers, coiffes…- s’y entassent.
Il n’en est pas un que Didier Zanette ne soit allé chercher lui-même dans les villages reculés de Papouasie Nouvelle-Guinée ou les tribus de Vanuatu ou des îles Salomons, au prix souvent d’interminables heures de marches, dans des montagnes escarpées.
« Je suis en expédition six mois par an. C’est une vie pleine de rencontres et d’adrénaline, alors que j’ai été déçu par la banque, profession qui s’est petit à petit déshumanisée », explique ce titulaire d’un troisième cycle de gestion, et d’un diplôme d’ingénieur agronome.
La Papouasie Nouvelle-Guinée est sa terre de prédilection. Au nord-est de l’Australie, ce pays pauvre de Mélanésie reste encore relativement fermé au tourisme, ce qui favorise la préservation de ses coutumes ancestrales.
Ses quelque 800 langues correspondent à presque autant de cultures où les objets s’ancrent dans la spiritualité et les mythes.
« Dans un village de la plaine du Sépik (fleuve au nord de la PNG), les habitants n’avaient pas vu de Blancs depuis 40 ans. Les enfants avaient peur et me touchaient pour voir si j’étais bien réel », raconte ce solide quadragénaire, cheveux raz et regard bleu.
L’aventure n’est pas toujours sans risque dans ce pays où la corruption est répandue, considéré comme l’un des plus dangereux du monde . Bien que toujours accompagné de gardes locaux, Didier Zanette a ainsi passé quelques jours dans les geôles papoues, sans motif fondé.
Selon lui, l’humilité est la clé essentielle pour se faire accepter parmi ces populations isolées mais généralement accueillantes dont il partage le quotidien, dormant sur des planches ou buvant l’eau bouillie des flaques.
« C’est grâce à cet échange que je peux acheter des objets. Les plus anciens ont une centaine d’années, d’autres sont le fruit de l’artisanat actuel ».
« Je veux être le témoin de l’art de Mélanésie, peu connu, mais qui est menacé. J’observe une dégradation dans la lecture des objets parce que la culture est orale. La modernité arrive à grands pas et j’ai peur que ce soit la dernière phase de la transmission », redoute Didier Zanette.
Il constate cependant que l’ouverture du Musée des arts premiers au quai Branly a éveillé l’intérêt sur l’Océanie. Des galeristes parisiens viennent d’ailleurs faire leurs emplettes dans sa boutique, désormais réputée.
Pour lutter contre la déperdition des savoirs, ce passionné a publié en décembre « 100 Kundus papous ». Il s’agit de tambours à main en bois sculpté, surmontés d’une peau de reptile tendue.
Il a récemment étoffé la collection de « 100 objets de navigation de Mélanésie », qui sera prochainement suivi par un livre sur les bestiaires.
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