Trois mois après la remise de ses lettres de créance, l’Ambassadeur de France en Australie, Pierre-André Imbert, nous livre ses impressions sur la communauté française d’Australie et revient sur les différentes initiatives en cours qui contribuent au développement de la relation bilatérale franco-australienne.
Les activités diplomatiques françaises sont très nombreuses en ce moment, la dernière en date, c’est l’annonce de l’ouverture d’un Consulat général de France à Melbourne en septembre. Pourquoi le réouvrir 24 ans après sa fermeture ?
Cela s’inscrit dans une démarche globale initiée par le Président de la République et du gouvernement afin de réétendre et redimensionner le maillage diplomatique de la 11e circonscription des Français de l’Étranger. Cela se traduit par l’ouverture non seulement d’une nouvelle ambassade au Samoa mais aussi d’un Consulat général à Melbourne et par le renforcement d’effectif dans les pays avec lesquels nous coopérons dans la zone du Pacifique.
A Melbourne, il faut y voir la confiance du gouvernement français dans la relation bilatérale avec l’Australie et dans notre souhait d’approfondir le travail commun qui a été initié par la feuille de route bilatérale. Cela vise aussi à accompagner le développement de la communauté française en Australie et de nos entreprises, très présentes à Melbourne. Retrouver un double consulat général est aussi un maillage utile et efficace pour appuyer le développement de la coopération bilatérale et de nos intérêts dans la région.

Je souhaite rendre hommage à l’action incroyable, constante et innovante de Myriam Boisbouvier Wylie qui avait une telle action en tant que Consule honoraire pendant 13 années que l’on aurait pu croire qu’il y avait déjà un consulat de plein exercice à Melbourne. Myriam a d’ailleurs accepté de continuer à s’investir dans le développement de la relation bilatérale en acceptant la présidence de la nouvelle fondation pour le développement artistique et culturel entre les deux pays : la French-Australian Cultural Exchange Foundation (FACEF). La Fondation sera basée à Melbourne mais a une vocation nationale et indopacifique.
Melbourne accueille aussi notre deuxième création de la feuille de route bilatérale : le Centre franco-australien pour la transition énergétique à Swinburne. Ce centre est porté par l’Université de Swinburne, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et l’Université Grenoble Alpes. Son ambition est de créer de nouveaux partenariats et faciliter de nouveaux projets pour toutes les universités, institutions de recherche, industries françaises et australiennes, et, par leur intermédiaire, la région indopacifique dans son ensemble.
Notre investissement est aussi d’avoir un point d’ancrage diplomatique officiel avec un Consulat général. Cela donne du relief à l’ensemble de nos implantations qui permettront de donner un repère d’échange avec l’ensemble de nos compatriotes qui sont de plus en plus nombreux en Australie.
En septembre, nous aurons l’ouverture du consulat et organiserons les nouvelles activités. C’est une très bonne nouvelle. L’ouverture de ce Consulat général l’année du 170eme anniversaire de la création d’une agence consulaire en Australie est aussi un beau clin d’œil et un beau symbole.
Renforcer la présence française dans l’Indopacifique, c’est aussi pour des raisons économiques et géopolitiques ?
Je ne sépare pas les flux, … Il y a 2 millions de concitoyens français en Indopacifique. Des présences, des liens culturels, économiques, diplomatiques, militaires, sécuritaires. Il y a énormément d’enjeux globaux, régionaux, locaux dans lesquels la présence diplomatique française est importante, je pense notamment à la dimension économique, environnementale, agricole, militaire…
Nous travaillons aussi au renforcement de notre présence au travers des projets de développement. Je vous renvoie sur les déclarations du président Macron l’an dernier lors de sa visite au Vanuatu, en Nouvelle Calédonie et en Papouasie-Nouvelle Guinée, qui avait conduit à un renforcement des actions de la France dans la région…
Et donc en Australie aussi. La France et l’Australie sont très actives dans de nombreux domaines dont le transport et l’énergie renouvelable…
L’ensemble des pays du monde, et principalement les pays développés, sont engagés dans une transition énergétique et un changement de modèle de développement considérable.
Et nous avons en effet de grandes entreprises, de belles entreprises françaises de taille intermédiaire très compétitives et qui partagent leur savoir-faire en Australie. Elles sont parfois implantées depuis longtemps et souvent dirigées par des Australiens, c’est une manière de concilier leur développement, de conserver leurs racines, ce qui leur permet de travailler avec les forces vives de la nation australienne dans des secteurs de pointe : le transport, la dépollution, la potabilisation des eaux, l’énergie…. On a en effet de très belles entreprises françaises ici qui sont prêtes à en faire davantage.
Il y a en effet de belles perspectives pour le développement de la relation bilatérale. Vous êtes en Australie depuis à peine trois mois et vous allez très régulièrement à la rencontre de la communauté franco-australienne, elle a la réputation d’être particulièrement dynamique…
Je suis impressionné par le dynamisme de cette relation franco-australienne, notamment dans les domaines scientifiques. Que ce soit dans les universités ou les centres de recherche, on y trouve toujours des Français qui sont ravis d’être ici car c’est un pays où on se sent bien. Il y a aussi beaucoup de coopération avec les entreprises françaises qui sont présentes partout sur le territoire et qui souhaitent se développer et coopérer davantage. Je ne parle pas des échanges culturels magistraux entre grandes institutions.
C’est un grand bonheur de pouvoir m’associer à ce dynamisme et j’essaie dans ce grand pays de pouvoir aider, encourager les bonnes initiatives de coopération. C’est exigeant mais c’est un grand bonheur.

Il y a aussi de grandes échéances à venir, le Bastille Day, les Jeux Olympiques…des événements qui contribuent à cette belle image française à l’étranger et en Australie.
Nous avons beaucoup d’initiatives qui montrent notre implication à la fois dans les valeurs que nous défendons au niveau international, dont l’Olympisme fait partie. Nous sommes ravis d’accueillir le monde entier à Paris 2024 mais aussi dans le Pacifique avec les épreuves de surf à Tahiti. Je ressens déjà la passion que l’Australie a pour le sport. Je serai ravi de suivre les Jo d’ici pour suivre les épreuves avec nos amis australiens.
Nous avons vraiment de belles échéances dans les prochaines semaines. Nous organisons en effet la semaine prochaine un évènement qui vise à célébrer la relation entre la France et les peuples aborigènes d’Australie, liés par 200 ans d’Histoire commune. L’événement marquera notamment l’adoption pour la première fois par un représentant officiel français de la pratique d’Acknowledgement of Country. L’adoption de cette pratique marque un alignement de la France avec la pratique fédérale, celle des Etats, des missions étrangères et de toute la population australienne.
Autre grande échéance en juin, juillet, une initiative qui n’avait plus eu lieu depuis le covid : Le Goût de France. Un mois pour faire vivre la gastronomie française en Australie. A partir du 24 juin jusqu’à l’ouverture des JO, les Français et Australiens qui ont à cœur de défendre la gastronomie seront mis à l’honneur. Cet événement permet de fédérer ses énergies pour faire de la culture gastronomique française un élément de nos échanges, ce qui est absolument indispensable.
Cela fait écho deux mois après le succès phénoménal du French Film Festival de l’Alliance Française avec près de 200.000 tickets vendus. On constate un engouement pour la culture française sur toutes ses facettes qu’il faut faire vivre. Je vais m’y employer avec l’ensemble des équipes de la communauté qui sont mobilisées pour cela.
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