Monégasque et avocate de formation, Myriam Boisbouvier-Wylie a quitté l’Europe pour l’Australie il y a plus de 20 ans. Depuis, elle n’a cessé de chercher à lier les individus entre eux, qu’ils soient Français ou Australiens, en promouvant la culture française et australienne tout en participant (très) activement à la création d’une école bilingue. Cette implication lui a valu d’être nommée consule honoraire de France dans le Victoria sans même avoir candidaté… retour sur le parcours de cette passionnée de la culture française.
Une carrière d’avocate bien établie à Monaco
Née à Monaco, Myriam y a vécu jusqu’à ses années lycée avant de commencer ses études de droit à l’Université de Nice. Elle quitte le Sud pour faire une maîtrise de droit des affaires à Paris, qu’elle décide de compléter par un MBA à l’Université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis : « j’avais des amis là bas, c’est le seul endroit auquel j’ai candidaté, et j’ai été prise« . Son visa d’études lui donne le droit de travailler sur le sol américain. Ainsi, juste après le crash financier de 1987, elle travaillera quelques années pour la banque d’investissement du Crédit Lyonnais à New York ; ce sera aussi l’occasion de rencontrer celui qui deviendra son futur mari, John Wylie. Elle rentre toutefois à Monaco pour passer le Barreau monégasque, y devient avocate et crée son propre cabinet. Alors que la réputation de ce dernier commence à grandir dans la principauté, Myriam prend une décision radicale et rejoint John, qui est australien, à Melbourne, où ils se marient et auront 4 enfants.
Développer le bilinguisme à Melbourne
Si elle ne peut exercer sa profession d’avocate, le diplôme monégasque n’ayant pas d’équivalence en Australie, elle n’en reste pas moins active à son arrivée : elle pratique la peinture, devient attachée olympique de Monaco aux Jeux de Sydney en 2000 ou encore membre du comité du centre de la fondation ophtalmologique de Melbourne. C’est lorsqu’elle doit inscrire son fils aîné à l’Ecole Française de Caulfield, près de Melbourne, qu’elle se rend compte de la nécessité de développer la section française. A l’époque, cette dernière, connue sous le nom de l’Ecole Française de Melbourne, est extrêmement restreinte, peu reconnue, et n’est gérée que par des parents d’élèves. Convaincue de l’importance du bilinguisme pour les enfants, elle décide de s’engager dans le comité et en devient finalement la présidente. L’ancienne avocate projette d’instaurer un programme bilingue harmonieux et exigeant, de l’école primaire à la terminale et prend pour première mesure de professionnaliser le fonctionnement de la section primaire. Après des années de persévérance, de lobbying auprès du gouvernement du Victoria et que de l’Education Nationale Française, l’école est reconnue par le système d’éducation des deux pays. C’est aujourd’hui l’une des écoles binationales phare de la ville. Ces années de sollicitation la font aussi connaître des autorités franco-australiennes, et l’ambassadeur de France en Australie de l’époque lui propose de devenir consule honoraire de France dans le Victoria, au moment où l’ancienne titulaire du poste quittait ses fonctions. « C’était une décision familiale, le rôle étant bénévole, bien qu’honorifique. Il fallait fournir un bâtiment digne de représenter la France, que mon mari et moi avons mis à disposition, et je voulais conserver du temps pour m’occuper de mes enfants » souligne Myriam.
Une consule très dynamique
La décision est cependant rapidement prise, et Myriam est toujours bien déterminée à promouvoir la culture et la langue de Molière. Dans le but de lier les expatriés français entre eux, elle décide de créer Bleu Blanc Rouge, un blog d’information sur les actualités franco-australiennes, qu’elles soient diplomatiques ou culturelles. Elle met aussi en place une newsletter et participe à de très nombreux événements diplomatiques afin de faire rayonner la culture française. Bien qu’elle soit à l’époque épaulée par Jean-Paul Esnault, assistant consulaire dévoué, elle se rend rapidement compte que ces nouvelles activités sont difficilement conciliables sans une aide extérieure : un stagiaire est engagé, puis deux, en général un français et un australien. Une belle façon de conserver ce lien franco-australien au sein même de l’agence consulaire. Ces derniers sont en charge de tâches administratives diverses, d’organisation d’événements, du blog et de la page Facebook mise en place un peu plus tard. Consciente du grand nombre de Français à Melbourne, elle sollicite également le Consulat Général de France à Sydney pour l’installation d’une machine permanente afin de créer des passeports à Melbourne, évitant ainsi aux usagers de se rendre à Sydney ou d’attendre une tournée consulaire.
Tisser des liens entre les individus et les cultures
Ses activités en faveur de la communauté française ne s’arrêtent pas là. Consciente du dynamisme des Français et francophones du Victoria, elle fonde Melbourne Accueil en 2012 permettant aux Français de se retrouver lors d’événements réguliers. En 2013, elle crée French Assist, société de bénévolence destinée à venir en aide aux Français isolés ou connaissant des difficultés. Toutes deux sont composées d’une équipe de bénévoles toujours très actifs, une fierté pour Myriam « je suis très admirative de leur travail, qui est purement bénévole, animé par le seul désir d’aider les autres, et qui ne bénéficie d’aucun statut particulier« . Outre cet intérêt de connexion entre les individus, elle souhaite valoriser et partager la culture française. Il y a 5 ans, elle fonde cette fois un festival français, le Bastille Day French Festival regroupant des musiciens, des restaurateurs, des producteurs de vin et mêmes des artistes français – l’événement, très populaire, sera récompensé en 2017 comme meilleure organisation contribuant au multiculturalisme à Melbourne. Forte de ce succès, elle a récemment organisé le Forum de la Francophonie avec le professeur Véronique Duché de Université de Melbourne, qu’elle cherche à développer encore davantage. Mais son engagement ne concerne pas que la communauté française : Myriam a également créé une fondation philanthropique avec son époux en 2011, ayant pour vocation de soutenir des causes charitables dans le domaine de l’éducation – en particulier celle de la communauté aborigène -, de la santé et de la recherche médicale, ainsi que dans le domaine de la littérature australienne. En 2015, la John and Myriam Wylie Foundation a ainsi fait un don important à la State Library Victoria afin de soutenir la création d’une galerie retraçant l’histoire du Victoria.
Hyperactive, Myriam connecte les individus et les cultures – tout au long de sa carrière, elle a su prendre des initiatives durables et efficaces pour la communauté, qu’elle soit australienne ou française. Son but ? « Créer des projets qui perdurent sans moi » conclut-elle avec le sourire.
Elise Mesnard
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