A dix jours de la date prévue pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, un nouveau rebondissement au Parlement est venu lundi ralentir le processus. Quelle peut être la suite?
Report
En vertu d’une loi adoptée en septembre, le Premier ministre s’est vu contraint samedi de demander à l’Union européenne un report de trois mois, jusqu’au 31 janvier 2020. Si l’Union européenne propose une date différente, Boris Johnson doit l’accepter.
La tâche n’est pas simple pour les Européens, qui doivent se prononcer à l’unanimité et ont reçu en réalité deux lettres de Londres. Outre l’une (non signée) demandant la prolongation, Boris Johnson leur a envoyé une missive expliquant qu’il y est opposé.
Un report long permettrait l’organisation d’élections, voire d’un nouveau référendum. Un « court report technique », comme l’a suggéré lundi Berlin, donnerait simplement le temps aux Parlements britannique et européen d’adopter l’accord.
Sortie avec accord
Le Parlement a repoussé sa décision mais n’a pas rejeté l’accord de Brexit. Boris Johnson a assuré que son gouvernement allait introduire dès lundi soir les projets de loi d’application du texte, qui doivent d’abord être approuvées par les députés avant qu’ils se prononcent sur l’accord lui-même, au terme d’un amendement voté samedi..
Même si un report est demandé et accepté par l’UE, le Royaume-Uni peut en théorie sortir de l’Union européenne à la fin du mois si tous les textes nécessaires sont adoptés d’ici là. Le Royaume-Uni quitterait l’Union européenne le 31 octobre à 23H00 GMT.
En cas de court report, une telle sortie en douceur pourrait intervenir dans les jours qui suivent.
Sortie sans accord
C’est l’hypothèse par défaut si l’accord n’est pas approuvé d’ici à la fin du mois et que les Européens n’accordent pas de report.
Ce scénario est particulièrement redouté par les milieux économiques, qui craignent une dégringolade de la livre (causant par ricochet une hausse des prix), voire une récession, avec le rétablissement de droits de douane et le spectre de pénuries de produits alimentaires, d’essence et de médicaments.
Le gouvernement de Boris Johnson s’est préparé activement à ce scénario, multipliant les annonces de milliards de livres destinés à amortir le choc, et a assuré avoir encore accéléré ses préparatifs après le report de samedi.
Elections anticipées
Quelle que soit la forme retenue pour le Brexit, la crise politique dans laquelle est plongée le Royaume-Uni est telle, comme le montre la confusion actuelle au Parlement, que des élections législatives anticipées paraissent inéluctables. Tous les partis politiques s’y préparent activement.
Des élections peuvent être déclenchées si le principal parti d’opposition, le Labour (gauche), soutient une motion de censure, ce à quoi il s’est jusqu’à présent refusé, voulant écarte d’abord l’hypothèse d’une sortie sans accord.
Le Premier ministre a aussi tenté à deux reprises, sans succès, de déclencher ces élections. Pour lui, ce scrutin est la seule chance de regagner la majorité qu’il a progressivement perdue au fil des défections ou des exclusions de députés rebelles.
Nouveau référendum
C’est l’option finalement défendue par le Parti travailliste, principale formation d’opposition, et réclamée encore samedi par une importante manifestation dans les rues de Londres. L’idée, soutenue par les anciens Premier ministre europhiles John Major (conservateur) et Tony Blair (travailliste), est de changer le résultat du premier référendum.
Le soutien d’une majorité de députés à un tel scrutin, qui risquerait de raviver un peu plus les divisions, est loin d’être certain. Et le résultat est tout aussi aléatoire.
Discussion à ce sujet post