Le Premier ministre David Cameron a révélé lundi que le Royaume-Uni avait mené une première frappe en Syrie, une action ciblée contre un jihadiste de l’Etat islamique (EI) accusé de préparer des attentats sur le sol européen.
« Aujourd’hui, je peux dire à cette chambre que (le Britannique) Reyaad Khan a été tué lors d’une frappe méticuleusement préparée et menée par un drone de la RAF le 21 août alors qu’il se trouvait dans un véhicule dans la région de Raqqa », a déclaré M. Cameron devant la chambre des Communes.
Il a ajouté que deux autres membres de l’EI avaient été tués lors de cette intervention, dont un second Britannique, Ruhul Amid.
« C’étaient des combattants de l’EI et je peux affirmer qu’il n’y a pas eu de victime civile », a-t-il affirmé.
Ruhul Amin, qui avait 26 ans, a grandi en Ecosse avant de venir vivre à Leicester, dans le centre de l’Angleterre. Reyaad Khan avait, lui, 21 ans et était originaire du Pays de Galles. Tous deux sont apparus dans des vidéos de l’EI visant à recruter de nouveaux jeunes, posant avec des Kalachnikov.
Le Premier ministre conservateur a pris soin de souligner que ces frappes n’entraient pas dans le cadre de la coalition internationale contre l’EI mais avaient été effectuées à titre préventif, pour éviter des attentats.
« Nous n’avions pas le choix » car ces hommes étaient en train de recruter et « de préparer des attaques barbares contre l’Occident, y compris des attaques terroristes ici, au Royaume-Uni », a-t-il affirmé. Et parce que « dans cette région, il n’y a pas de gouvernement avec lequel nous pouvons travailler », a-t-il encore dit.
Selon le Daily Telegraph, citant des sources gouvernementales anonymes, Khan préparait un attentat contre les cérémonies londoniennes de commémoration de la victoire sur le Japon, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale, auxquelles ont assisté en août la reine Elizabeth II et David Cameron.
Pour l’ONG Amnesty International, la Grande-Bretagne a rejoint les Etats-Unis dans la pratique des « exécutions sommaires depuis les airs ».
« Si nous laissons cela devenir la norme, nous pourrions voir des pays du monde entier exécuter depuis les airs ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis, sur la base du secret, d’éléments impossibles à contester », a déclaré la directrice de l’organisation Kate Allen.
– ‘Menace aiguë’ –
L’annonce du chef du gouvernement intervient au premier jour de la rentrée parlementaire après la pause estivale.
En septembre l’an dernier, M. Cameron avait obtenu l’autorisation du Parlement pour participer aux frappes de la coalition contre l’EI, mais seulement en Irak. Avec l’objectif toutefois d’élargir un jour cette mission à la Syrie.
Sa volonté d’en découdre avec l’EI en Syrie a été renforcée par l’attentat qui a coûté la vie à 38 touristes dont 30 Britanniques en Tunisie en juin.
« Cette année, il y a déjà eu 150 attaques (terroristes de l’EI), y compris la tragédie en Tunisie », a-t-il dit lundi.
Au Royaume-Uni, six tentatives d’attentats ont été déjouées « rien qu’au cours des 12 derniers mois », a-t-il aussi affirmé, ajoutant que la menace « est plus aiguë que jamais ».
Les commentateurs estiment que le Premier ministre attend que les travaillistes désignent leur nouveau leader samedi avant de décider s’il convoque ou non un vote sur la participation aux bombardements de la coalition contre l’EI en Syrie.
La volonté gouvernementale risque de se heurter à la probable élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste.
Ce dernier a déclaré lundi matin sur la BBC que les frappes « créeraient plus de problèmes qu’elles n’en résoudraient ».
Cette frappe de drone « révèle l’étendue des opérations sous couverture et la duplicité du gouvernement britannique », a déclaré l’organisation pacifiste Stop the War Coalition, dont fait partie M. Corbyn.
« David Cameron est déterminé à partir en guerre » et « exploite même la crise des réfugiés, qui est le fruit des interventions militaires américaine et britannique, pour entraîner le Royaume-Uni dans une nouvelle campagne sauvage de bombardements », a-t-elle ajouté.
par Ouerdya AIT ABDELMALEK – AFP
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