« Mon métier, c’est d’être un mentor, et d’accompagner des artistes talentueux qui souhaitent faire connaître leur travail. C’est l’héritage que je voudrais laisser lorsque je ne serai plus sur cette terre.” C’est ainsi qu’Yves Hernot, de nationalités française, belge, et australienne, nous présente la façon dont il donne du sens à chacune de ses journées depuis des dizaines d’années.
Diplomé de l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de Paris, il a exercé les fonctions de commissaire priseur, de conservateur, et de professeur d’art tout au long de sa vie. Il est aujourd’hui mécène, et vibre, “à la manière des passionnés de la renaissance”, à travers l’aide qu’il apporte à ceux qui cherchent à faire carrière dans ce domaine.
Nommé chevalier de l’ordre du mérite pour ses contributions à diverses sphères artistiques européennes et australiennes, il est également à l’origine du prix Yves Hernot, qu’il crée à Landivisiau en 2011, après avoir pris connaissance du lien de ses aieux avec cette commune bretonne. Cette année, il a fait appel à Andrew Bonneau, portraitiste originaire du Queensland qui habite à présent Mittagong (NSW) , dont l’œuvre explore les techniques de la tradition européenne, pour concourir à la remise du prix Archibald.
Ce dernier, considéré comme le prix le plus important du portrait en Australie, existe depuis plus de cent ans. Il a été décerné pour la première fois en 1921, et est organisé chaque années depuis par les adminstrateurs de la Galerie d’Art de Nouvelle-Galles du Sud, qui l’attribuent au “meilleur portrait, de préférence d’un éminent homme ou femme dans les domaines de l’art, des lettres, des sciences ou de la politique, peint par un artiste résident en Australasie au cours des 12 mois précédant la date fixée par les administrateurs pour l’envoi des œuvres.”
A l’occasion, Yves Hernot s’est associé à Andrew Bonneau pour lui permettre de peindre son portrait de façon créative et innovante. Le tableau, intitulé Aussie Knight, a été réalisé en trois mois. Pendant cette période, Andrew Bonneau s’est rendu chez le mécène à raison de deux fois par semaine, dans le but de discuter de la direction future de son œuvre et de la concrétiser.
Le tableau représente Yves Hernot qui pose dans son appartement à Sydney. Le port de la ville en toile de fond, le mécène, entouré d’une cape rouge, se tient debout, le dos légèrement cambré, avec une allure similaire à celle d’un chevalier de la Renaissance. Cette impression correspond par ailleurs à l’effet souhaité : “Je voulais rendre hommage à mon homosexualité assumée. J’ai dû faire face à de nombreux obstacles pour parvenir à cet apaisement. C’est pourquoi, sur la peinture, je suis très maniéré, et mes ongles sont peints en mauve. J’apprécie ce côté excentrique de ma personnalité.”
De nombreux autres symboles font référence à des éléments de l’histoire du mécène. Sa famille est par exemple illustrée par la présence de tissus, que collectionnait sa mère, et d’un blason. Une paire de lunettes, dans sa main droite, lui permettent de “se mettre nu sans artifice”. Enfin, une armure en métal symbolise les “blessures psychologiques et physiques”, notamment en raison de son homosexualité, qu’il a endurées depuis sa naissance.
S’il figure parmi les finalistes, Yves Hernot serait la première personnalité franco-belge à être exposée sur les murs de la Galerie d’Art de Nouvelle-Galles du Sud.
“Je serais très heureux de voir mon portrait accroché aux murs d’un musée, après cinquante ans de dévouement dans le domaine des arts. De plus, être témoin de la réussite d’un peintre aussi talentueux qu’Andrew Bonneau, qui pourrait voir sa carrière propulsée de manière fulgurante, est un espoir immense.”
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