Retour sur les principaux développements depuis l’ouverture voici plus de quinze ans par l’Australie du camp de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour y reléguer les réfugiés qu’elle refuse sur son sol, jusqu’à l’irruption de la police jeudi afin d’évacuer le site par la force.
L’Australie est durement critiquée par l’ONU et les défenseurs des droits de l’Homme pour sa politique d’immigration.
– la détention « off-shore » –
En 2001, le gouvernement conservateur du Premier ministre John Howard ouvre le camp de Manus à l’intention des migrants qui tentent de gagner l’Australie par bateau. Le gouvernement défend la détention « off-shore » en disant qu’elle dissuade les boat people et partant, les sauve de la noyade.
Le camp est fermé en 2008 par le Premier ministre travailliste Kevin Rudd conformément à une promesse électorale mais en 2012, les travaillistes changent leur fusil d’épaule après une nette accélération du nombre de boat people et rouvrent le site.
En 2013, Kevin Rudd durcit encore considérablement la politique d’immigration: aucun boat people ne sera jamais autorisé à s’installer en Australie, tous les migrants sont envoyés sur Manus ou dans un deuxième centre, à Nauru, micro-Etat du Pacifique.
– Les ONG dénoncent des violences physiques et psychologiques –
Les conditions de vie à Manus et Nauru sont dénoncées par de nombreuses ONG, des médecins citant les graves problèmes psychologiques des détenus, les tentatives d’automutilation et les suicides.
Les défenseurs dénoncent aussi l’absence totale de perspectives pour les réfugiés.
Parfois, la situation dégénère comme en février 2014. Quelque 70 réfugiés avaient alors été blessés lors d’une émeute sur Manus. L’Iranien Reza Barati avait été battu à mort par le personnel du camp.
Cette même année, un autre Iranien, Hamid Kehazaei, meurt faute d’avoir été soigné à temps pour une infection bactérienne.
En janvier 2015, les migrants observent une grève de la faim de quinze jours pour protester contre leurs conditions de détention.
– la justice intervient –
En avril 2016, la Cour constitutionelle de PNG juge que le camp est anticonstitutionnel et ordonne sa fermeture.
Quelques mois plus tard, Canberra accepte de fermer le site mais martèle que ses occupants devront partir ailleurs ou rentrer chez eux.
En septembre 2017, un groupe de 24 refugiés quittent Manus pour les Etats-Unis, au titre d’un accord de relocalisation conclu avec l’administration de Barack Obama. L’Australie a également conclu un accord de relocalisation avec le Cambodge.
– fermeture et évacuation-
Le 31 octobre, Canberra décrète la fermeture du camp. L’eau, l’électricité et les vivres sont coupées. Mais environ 600 personnes refusent de partir pour des camps de transition mis en place par les autorités papouasiennes, déclarant craindre pour leur sécurité aux mains des habitants du cru.
La face à face est tendu et le Haut commissariat aux réfugiés évoque le 2 novembre une situation d' »urgence humanitaire ».
Jeudi, la police évacue une cinquantaine de migrants par la force, mettant à exécution une menace des autorités papouasiennes.
AFP
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