Les feux d’artifice ont remplacé les gaz lacrymogènes: touristes, badauds et « gilets jaunes » ont fêté le passage à la nouvelle année dans une ambiance festive et apaisée sur l’avenue des Champs-Elysées devenue, au cours des dernières semaines, emblématique d’une contestation sociale inédite.
Sur la longue avenue habillée de rouge, le compte à rebours avant 2019 a commencé vers 23H30 au son de Led Zeppelin, alors qu’étaient projetés sur l’Arc de Triomphe les articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, adoptée voici 70 ans.
A minuit pile, les feux d’artifice ont jailli depuis le monument — vandalisé le 1er décembre lors d’une manifestation émaillée de violents heurts — face à 250.000 personnes selon la préfecture de police, dont seuls 200 « gilets jaunes ».
Hamida, touriste algérienne de 52 ans, est rassurée: « on a vu des gilets jaunes mais ils étaient moins nombreux que ce qu’on craignait. C’est bien, parce qu’ils n’ont pas gâché la fête ».
« Gilet jaune » venu se mêler aux fêtards depuis le département de l’Aisne, David, paysagiste de 38 ans, justifie, lui, sa présence: « Macron, on ne croit pas vraiment qu’il va nous écouter mais on continue la lutte ».
Dans la foule, Tracy et Dean Peoow ont traversé la Manche et n’étaient pas « vraiment inquiets » malgré les boutiques presque toutes protégées par des panneaux de contreplaqué et la présence de policiers et militaires. « On espère qu’il n’y aura pas de problème ! » ont-ils lancé en riant.
Au fil des semaines, les Champs-Élysées sont devenus l’épicentre parisien du ce mouvement de contestation protéiforme qui a rassemblé à son plus fort 282.000 personnes en France le 17 novembre.
Ces manifestations ont à plusieurs reprises été émaillées de violences. Au total, dix personnes sont décédées depuis le début de la contestation et plusieurs milliers ont été blessées, parfois gravement, aussi bien du côté des manifestants que des forces de l’ordre.
Si la mobilisation a nettement décru ces dernières semaines, un appel à un « acte VIII » sur les Champs Élysées le soir du 31 décembre, « festif et non-violent », avait été relayé sur les réseaux sociaux.
– « On n’attend rien de lui » –
« On devait venir deux semaines à Paris, finalement on ne restera que trois jours, parce qu’on a peur de ce qu’il peut se passer », a regretté Michelle, une touriste australienne de 46 ans. « Ils cassent tout. Il y a d’autres moyens de se faire entendre », a-t-elle estimé.
« C’est très bien que les +gilets jaunes+ soient présents. Personnellement, je me reconnais dans leurs revendications », a au contraire jugé Camille, venue du Loiret. « Il y a des gens qui ont du mal à boucler les fins de mois, c’est la réalité. Il faut qu’on se fasse entendre. »
Au milieu de discussions en anglais, hindi, espagnol ou mandarin, des « Macron démission » et des Marseillaises ont été entonnées en début de soirée en haut de l’avenue par un groupe en gilets fluos, au moment où Emmanuel Macron entamait son allocution télévisée pour les vœux aux Français.
Ecouter le président de la République ? « Pour quoi faire ? Pour qu’il nous joue de la flûte ? », lançait André, un maçon « gilet jaune » de 30 ans venu de l’Oise. « Jamais je vais l’écouter ! On n’attend rien de lui, on veut qu’il démissionne », abondait Laetitia Karen, Parisienne de 48 ans.
Loic Coene, technicien industriel de 28 ans, a roulé 2H30 depuis la Haute-Marne pour « fêter le 1er janvier pour la première fois à Paris ». Il voulait montrer que « ce n’est pas perdu, que le rassemblement n’est pas mort » et n’a pas l’intention de « raccrocher son gilet jaune ».
Environ 12.000 policiers avaient été déployés dans la capitale. Aux alentours des Champs-Élysées, un périmètre de sécurité, où alcool et engins pyrotechniques étaient strictement interdits, avait été mis en place dès 16H00. Des fouilles et des « palpations » avaient été prévues à l’entrée de cette zone.
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