Ce lundi 11 Février, l’Australie et Naval Group ont signé l’accord cadre de leur partenariat stratégique (Strategic Partnering Agreement ou SPA)pour la fabrication de douze sous-marins à propulsion classique pour un montant évalué à 50 milliards de dollars australiens (36,2 milliards d’euros) en présence de la Ministre des Armées Françaises Florence Parly, de son homologue australien Christopher Pyne et du Premier Ministre Scott Morrison.
L’accord de partenariat stratégique entre le Commonwealth et le groupe naval a été signé lundi à Canberra en grande pompe, à la suite de longues et parfois âpres négociations entre les parties sur les clauses clés, y compris les garanties contre les défauts et les clauses de pénalité pour les retards éventuels.
La ministre des Armés, Florence Parly, qui a participé à l’événement, a répondu aux critiques sous le regard du Premier ministre Scott Morrison et du ministre de la Défense, Christopher Pyne. « Quand j’ai entendu à un moment donné qu’on se plaignait de la longueur des négociations, j’ai pensé » ouvrez les yeux « . C’est l’accord du siècle », a-t-elle déclaré lors de son discours. Mme Parly a déclaré qu’il fallait beaucoup de confiance de la part de l’Australie pour « parier sur la France », mais également de la part de Paris pour partager sa technologie de sous-marin top secret.Cependant la presse australienne n’est pas convaincue par la capacité de la France a respecter ses promesses.
L’Australie doute que les sous-marins soient délivrés dans les délais
The Australian Financial Review, le plus important quotidien économique d’Australie, souligne que le contrat de sous-marin signé avec le concepteur français peut être rompu à tout moment, donnant ainsi aux futurs gouvernements australiens la possibilité de se retirer du projet de 50 milliards de dollars s’il est en retard ou ne parvient pas à fournir la capacité promise.
Le contrat ne prévoit pas non plus de contenu australien minimal, mais le président-directeur général de Naval Group, Hervé Guillou, a insisté sur le fait que les 12 bateaux seraient construits à Adélaïde.
« La construction du premier sous-marin devrait débuter à la fin de 2023. Des essais en mer seront entrepris en 2031 et la mission sera prête pour la marine à la fin de 2034. Toutefois, compte tenu de la complexité de la restructuration de ce qui était à l’origine un sous-marin à propulsion nucléaire une version diesel devant être construite à Adélaïde – et Naval Group a déjà trois ans de retard avec son propre bateau pour la marine française – plusieurs experts de la défense se sont interrogés sur le fait que les sous-marins seraient livrés à temps » s’inquiète le journaliste Andrew Tillett.
Un accord ridicule, une irresponsabilité au cœur de la politique de défense de l’Australie
De son côté, The Australian n’hésite pas à parler d’un contrat ridicule qui témoigne de l’irresponsabilité du Département de la Défense australienne. « C’est de la folie! » insiste l’éditorialiste Sheridan en évoquant la confirmation officielle que l’Australie ne mettra pas réellement en service le premier de ses nouveaux sous-marins français avant 2034 au plus tôt.
« Cette décision a été divulguée en même temps que la signature finale tardivement ridicule de l’accord de partenariat stratégique entre la France et l’Australie à Canberra hier. La date de 2034 est insensée et témoigne d’une profonde irresponsabilité au cœur de la politique de défense de l’Australie. Morrison s’est bien comporté en matière de sécurité nationale depuis qu’il était premier ministre. Mais le chaos et le désordre dans notre politique au cours des 12 dernières années ont paralysé la préparation de la défense intelligente. Et nous n’avons même pas encore consacré 2% de notre PIB à la défense, le minimum convenu par l’OTAN, avant deux ans ».
The Australian s’inquiète aussi de la politique de défense actuelle du territoire et assume que le pays compte sur les États-Unis pour s’en occuper.
« La saga des sous-marins qui reculent de plus en plus est une honte et illustre la profondeur de notre dépendance totale à la sécurité vis-à-vis de notre puissant ami. Il y a quelques semaines, j’ai eu le privilège d’être informé des futurs sous-marins. Deux messages sont sortis du briefing. Faites confiance à Canberra pour les questions techniques, et le premier sous-marin sera opérationnel, si tout se passe comme prévu, d’ici 2034. Ce chiffre est tout à fait étrange. Dans le livre blanc sur la défense de 2009, le pays avait d’abord déclaré que l’acquisition de 12 sous-marins était l’acquisition de défense la plus importante à laquelle nous ayons à faire face et qu’elle revêtait une urgence nationale profonde », insiste Sheridan.
Sources: The Australian, AFR
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