Buvant un bol d’eau de mer, suivi par un verre de champagne, quatre officiers français sont sortis du lot lors du “baptême” traditionnel qui marque la fin de leur patrouille inaugurale : les premières femmes à intégrer un équipage au sein de la flotte de sous-marins nucléaires du pays.
“Je suis fière d’avoir intégré la famille des sous-mariniers” a déclaré Harmonie, experte en sécurité de 27 ans sur le Vigilant, après sa première mission de dix semaines à bord du sous-marin. “Je suis prête à repartir” a-t-elle ajouté.
La France est devenue le troisième pays à accueillir des femmes à bord de ses sous-marins nucléaires – qui naviguent plus longtemps et pour des missions plus isolées que les bâtiments traditionnels – après les USA et l’Angleterre.
Et les officiels espèrent que ces quatre femmes donneront à d’autres l’envie de les rejoindre.
“La marine a besoin de recruter. Aujourd’hui, les femmes sont 15% dans nos rangs ; elles représentent un atout et nous voulons continuer à en recruter” a déclaré le capitaine Christian Houette, commandant de l’un des quatre sous-marins à faire partie de la force de dissuasion nucléaire de la France, basé à Ile Longue, une presqu’île dans la rade de Brest.
Les sous-marins nucléaires étaient le dernier bastion de la marine française à exclure les femmes – un état de faits dû aux préoccupations liées aux sacrifices demandés pour les longues missions et aux difficultés à adapter des quartiers personnels dans un environnement aussi étroit.
“Certains membres de l’équipage étaient réticents avec des inquiétudes majoritairement pratiques. Ils voulaient savoir si cela affecterait leur routine : dortoirs, toilettes…” a précisé Mathieu, sous-commandant sur Le Vigilant. Comme la plupart des membres de l’équipage et en phase avec les règles de la marine, il n’a le droit que d’utiliser son prénom.
Les officiels ont aussi dû prendre en compte les craintes des épouses des sous-mariniers, ajoute-t-il diplomatiquement. “A la fin, leur intégration s’est faite en douceur. Ayant démontré leurs qualités, ces femmes ont gagné leur place à bord de la même façon que tous les autres marins.”
– Exaltant –
Le Vigilant embarque à son bord 110 personnes dont les seuls contacts extérieurs sont un message hebdomadaire de 40 mots de la part de leur famille.
Le sous-marin limite les transmissions radio au strict minium et seul le capitaine connait la destination et les détails de chaque mission – la discrétion et le secret sont les mots d’ordre au sein de l’arsenal français qui circule sous l’eau.
“Ce qui est différent par rapport à un bateau, c’est le lien à sens unique avec l’extérieur”, raconte Camille nouvelle recrue de 29 ans sur le pont du Vigilant.
“Deux mois et demi sous l’eau, c’est possible est c’est exaltant.”
Elle et trois autres femmes ont suivi un entraînement spécialisé de deux ans pour intégrer leur poste.
Pauline, le docteur de 31 ans du bâtiment a dû apprendre la chirurgie et la dentisterie pour éviter les évacuations d’urgence qui pourraient compromettre une mission.
“Cela vous rend définitivement un peu nerveuse parce que vous êtes le seul docteur à bord et beaucoup de choses reposent sur vos épaules“ reconnaît-elle.
Comme elles sont officiers, elles ont déjà leur cabine individuelle avec leur propre douche ; aucun aménagement particulier n’a été nécessaire.
Mais sur les autres bâtiments à propulsion nucléaire, le sujet n’est pas sur la table car ils sont plus petits et plus durs à reconfigurer pour une équipe mixte.
La nouvelle génération de sous-marin d’attaque français sera conçue pour les hommes et les femmes. “Nous allons progresser graduellement, en tenant compte des changements et en tirant les conclusions qui s’imposent” a affirmé Houette.
Mais grimper la hiérarchie pourrait s’avérer difficile pour les femmes officiers qui voudraient concilier carrière et famille, car il y a très peu de chance d’obtenir une place sur la base à long-terme.
“Dans les sous-marins, une interruption du commandement opérationnel pour plus de un an ou deux est problématique“, explique Houette.
Malgré tout, le projet avance avec une nouvelle patrouille intégrant une équipe partiellement féminine prévue à l’automne prochain.
Glossaire :
Affecter (v.t.) : to impact
Atout (n.m.) : an asset
Bastion (n.m.) : bastion
Bâtiment (n.m.) : a vessel
Compromettre (v. t.) : to compromise
En phase avec (exp.) : in line with
Exaltant (adj.) : exhilarating
Flotte (n.f.) : fleet
Force de dissuasion nucléaire : detterent nuclear force
Inaugural(e) (adj.) : inaugural
Mot d’ordre (exp.) : watchword
Partiellement (adv.) : partly
Problématique (adj.) : problematic
Quartier (n.m.) : quarter
Rade (n.f.) : bay
Reposer sur les épaules (exp.) : to sit on someone’s back
Réticent(e) (adj.) : reluctant
Sortir du lot (exp.) : to emerge
IN ENGLISH PLEASE
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Baptism at sea for first women to join France’s nuclear subs
Drinking a bowl of seawater followed by a glass of champagne, four French officers stood out during the traditional “baptism” to mark their inaugural submarine patrol: the first women to join a crew in the country’s nuclear-powered fleet.
“I’m proud to have become part of the submarine family,” said Harmonie, a 27-year-old security specialist on Le Vigilant, after returning from her first 10-week mission on the sub.
“I’m ready to go out again,” she added.
France has become just the third country to bring women onboard its nuclear-powered subs, which operate much longer and isolated missions than traditional vessels, after the US and Britain.
And officials hope the four women will inspire others to join them.
“The navy needs recruits. Today women make up 15 percent of its ranks, they’re an asset for us and we want to keep recruiting them,” said Captain Christian Houette, commander of the four nuclear-powered, nuclear-armed subs in France’s dissuasion force, based on the Ile Longue peninsula near the western city of Brest.
The nuclear subs were the last element of the French navy to exclude women, reflecting concerns about the sacrifices required for long missions, as well as difficulties in adapting personnel quarters in such tight spaces.
“Some crew members were a bit reluctant, with questions that were largely practical, they wanted to know if it would disrupt their routines: sleeping quarters, bathrooms…” said Mathieu, second-in-command on the Vigilant.
Like most crew members, he could give only his first name in line with navy rules.
Officials also had to take into account the concerns of sailors’ wives, Mathieu added, diplomatically.
“In the end, their integration has been extremely smooth. Having proved their qualifications, these women have earned their place aboard in the same way as any other sailor.”
– ‘Exhilarating’ –
The Vigilant packs in 110 people whose only contact with the outside world is a 40-word message from family members once a week.
The sub keeps radio transmissions to a strict minimum and only the captain knows the destination and other details of each mission — stealth and secrecy are the watchwords for France’s underwater nuclear arsenal.
“The thing that’s different, compared to a ship, is the one-way link to the outside,” Camille, a 29-year-old recruit, said on the deck of the Vigilant.
“Two and a half months underwater is possible, and it’s exhilarating!”
She and the three other women underwent two years of specialised training for their posts.
Pauline, the vessel’s 31-year-old doctor, had to develop her surgery and dentistry skills to avoid any emergency evacuations which would compromise the mission.
“It definitely makes you a little nervous, because you’re the only doctor onboard and there’s a lot riding on your shoulders,” she said.
Since they were officers, they already had individual cabins, and besides their own shower, no special arrangements were needed.
But getting women on France’s other nuclear-powered submarines is not on the cards, since they are much smaller vessels which would be harder to reconfigure for mixed crews.
The country’s next generation of attack subs, however, are being designed with both men and women in mind.
“We’re going to progress gradually, taking the time to take the changes into account and draw conclusions,” Houette said.
And climbing the ranks could prove daunting for female officers hoping to reconcile career and family, since there’s little chance of obtaining any long-term base posting.
“On submarines, interruptions in the operational command track of more than a year or two are problematic,” said Houette.
The project is nonetheless moving forward, with the next patrol with female crew members set for the autumn.
AFP
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