On savait que la musique faisait voyager, mais pas à ce point. Sur sa seule saison 2017-2018, Xavier de Maistre s’est déjà produit en Allemagne, Suède, Finlande, Serbie, et même Chine, et s’envolera vers l’Espagne après son passage en Australie. Originaire de Toulon, celui qu’on qualifie aujourd’hui de ‘harpiste le plus sexy de la planète’ est tombé amoureux très jeune de la harpe, instrument pourtant réputé difficile et qui ne se rencontre, en règle générale, qu’au sein de larges orchestres philharmoniques… Qu’à cela ne tienne : après dix ans à l’Orchestre philharmonique de Vienne, lui a décidé de se lancer dans une carrière de soliste. En tournée en Australie jusqu’au 15 mai, Xavier de Maistre a accepté de répondre à nos questions.
En Chine il y a deux semaines, aujourd’hui en Australie, la semaine prochaine en Espagne… Faut-il détester rester chez soi pour devenir harpiste ?
Je n’y suis en tout cas pas souvent ! Je passe à vrai dire huit ou neuf mois chaque année à l’étranger, ce qui ne me laisse pas énormément de temps chez moi, à Monte-Carlo. Mais c’est aussi un choix : la France a un nombre d’orchestres et de salles limité, donc je ne pouvais pas devenir harpiste soliste sans accepter l’idée de voyager. Et puis, se produire à l’étranger est la plupart du temps une expérience formidable, cela permet de faire découvrir la harpe à des publics nouveaux.
Vous êtes actuellement en tournée en Australie pour une série de concerts à Sydney, Melbourne et Brisbane joués avec l’Australian Brandenburg Orchestra. Le public australien a-t-il été conquis jusqu’à présent ?
Oui ! Le public ici est vraiment curieux, avec une remarquable qualité d’écoute. Beaucoup de spectateurs viennent car ils connaissent et apprécient l’Australian Brandenburg Orchestra, mais les retours sont très enthousiastes : on a même eu une standing ovation pour la première à Sydney.
Pourquoi avoir choisi la harpe plutôt qu’un autre instrument à cordes ?
A l’âge de 9 ans, je suis tombé amoureux de ma professeure de solfège à Toulon. Elle était aussi joueuse de harpe, donc j’ai eu assez naturellement envie d’apprendre l’instrument qu’elle pratiquait. La harpe n’est pas nécessairement un instrument plus difficile à apprendre que les autres, mais elle requiert une maîtrise parfaite lorsqu’on commence à en jouer à un plus haut niveau. En plus des 47 cordes, il faut aussi savoir manier sans erreur les sept pédales de la harpe, ce qui demande énormément de pratique.
Après avoir intégré à 24 ans le très prestigieux Orchestre philharmonique de Vienne, vous décidez, dix ans plus tard, de vous lancer dans une carrière de soliste, chose très rare pour un harpiste…
Quand j’ai commencé à apprendre la harpe, on m’avait dit et répété qu’il était impossible de devenir soliste en tant que harpiste. La principale raison, c’est le répertoire. Il existe de multiples concertos écrits pour harpe, mais aucun n’appartient à un compositeur connu. Pas de Bach, pas de Beethoven, pas de Tchaïkovski… Pour pouvoir faire de la harpe un instrument soliste, j’adapte donc des partitions, je transcris des oeuvres connues ou moins connues pour pouvoir les jouer sur une harpe. Dans mes concerts en Australie par exemple, je joue notamment trois partitions que j’ai réadaptées, dont La Moldau de Bedřich Smetana, et un concerto pour harpe de François-Adrien Boieldieu.
Assiste-t-on à des évolutions en matière de reconnaissance et de popularité de la harpe ces dernières années ?
Les réactions du public parlent d’elles-mêmes : il y a un fort regain d’intérêt pour la harpe, surtout dans les pays asiatiques. En Chine en particulier, de plus en plus d’enfants se tournent vers la harpe, jusqu’à provoquer une pénurie de professeurs. Certes, c’est quelque chose qui est moins perceptible en France, mais je crois – et j’espère – que ce boom va nous amener à revivre un âge d’or de la harpe dans quelques années.
Propos recueillis par Tom Val
En tournée en Australie depuis le début de mois avec l’Australian Brandenburg Orchestra, Xavier de Maistre sera ce week-end à Melbourne pour deux représentations samedi et dimanche soir au Melbourne Recital Centre. Le mardi 15 mai, il donnera également une unique représentation à Brisbane, au Concert Hall du Queensland Performing Arts Centre.
Informations et réservations : pour Melbourne, (03) 9699 3333 ou sur www.melbournerecital.com.au ; pour Brisbane, (07) 3846 4444 ou www.qpac.com.au.
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