Des pourparlers du G20 sur le climat mercredi à Bali ont échoué à produire un communiqué conjoint, malgré l’appel de l’Indonésie, qui préside le groupe cette année, à agir contre le réchauffement climatique au risque sinon de faire basculer la planète en « territoire inconnu ».
La réunion ministérielle d’une journée s’est achevée avec une déclaration de l’Indonésie seule sur les objectifs environnementaux du groupe, a indiqué le pays organisateur, signe des profondes divisions entre les plus grandes économies mondiales.
Cet échec arrive à la fin d’un mois d’août marqué par des inondations exceptionnelles au Pakistan, imputées au réchauffement climatique, qui ont fait plus d’un millier de victimes, et par une vague de chaleur en Chine qui a provoqué une sécheresse dévastatrice.
La ministre indonésienne de l’Environnement et des Forêts Siti Nurbaya Bakar a indiqué qu’une déclaration du pays hôte détaillera « les engagements communs et les mesures conjointes » du groupe, au cours d’une conférence de presse.
Toutefois, le groupe n’est pas parvenu à signer de texte commun, à cause de divisions géopolitiques, à l’instar d’une précédente réunion financière des membres du G20 qui s’étaient déchirés sur la responsabilité de la Russie dans les problèmes économiques mondiaux avec l’invasion de l’Ukraine.
« La déclaration de la présidence est ce à quoi l’on peut parvenir au vu des problèmes géopolitiques et du fait que certains pays ne sont pas flexibles sur certains problèmes », a indiqué la ministre indonésienne à l’AFP.
« Comme dans de nombreux groupes de travail, la Russie et l’Ukraine sont devenus des sujets de tensions géopolitiques ».
Les participants « n’ont pas pu rédiger de communiqué commun », après que les pays qui sanctionnent Moscou ont commencé leurs interventions en condamnant « les exactions russes », a confirmé une source proche de la réunion à l’AFP.
« La raison qui a dès le début tué le communiqué, c’est la présence de la Russie aujourd’hui », a détaillé cette source
La Russie avait envoyé à la réunion son vice-ministre pour le Développement économique, selon une liste des participants vue par l’AFP.
En ouverture, la ministre indonésienne avait plaidé que « les problèmes environnementaux mondiaux requièrent des solutions mondiales ».
« Nous ne pouvons pas ignorer que le monde fait face à des défis qui s’aggravent », a ajouté la ministre, citant en exemple les prix croissants de l’énergie et une pénurie alimentaire mondiale.
Le changement climatique pourrait non seulement « effacer tous les progrès en terme de développement qui ont été obtenus ces dernières décennies, notamment dans les pays émergents, mais aussi nous faire basculer en un territoire inconnu avec un futur compromis », a-t-elle averti.
Les pays industrialisés et en développement sont frappés de façon croissante par des vagues de chaleur record, des inondations et des sécheresses, autant de phénomènes qui pourraient se multiplier et s’intensifier à cause du changement climatique, selon les scientifiques.
John Kerry, l’envoyé spécial des États-Unis sur le changement climatique, le président de la COP26 et ministre britannique à l’Environnement Alok Sharma, ainsi que des représentants de l’Inde, Australie, Japon, Corée du Sud, Brésil, Italie, France et de l’Union européenne, étaient présents.
La Chine, deuxième plus grand pays émetteur de gaz à effet de serre, n’a dépêché qu’un vice-ministre de l’Écologie à la réunion.
Le Royaume-Uni a accusé la Russie d’avoir exacerbé les problèmes énergétiques mondiaux.
La crise énergétique déclenchée par la guerre menée en ukraine a souligné « la vulnérabilité des pays dépendant des énergies fossiles contrôlées par des acteurs hostiles », a relevé Alok Sharma.
La réunion est un prélude au sommet du G20 de novembre auquel le président russe Vladimir Poutine devrait assister, selon son homologue indonésien Joko Widodo.
La prochaine conférence annuelle de l’ONU sur le climat, la COP27, se tiendra en novembre à Charm el-Cheikh en Egypte.
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