Il y a plusieurs façons de faire connaissance avec Nathalie Morris. Il y a ceux qui aiment les séries et veulent se détendre le jour du « Boxing Day », à qui les affiches publicitaires dans les rues de Sydney vont recommander un peu avant Noël une ado et un bébé, les prémisses de BUMP. Il y a ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, fuient Sydney pour éviter le confinement dur de la ville en juin 2021 et trouvent refuge dans l’état du Queensland à Gold Coast : là où rencontrer des gens du cinéma sur les plages de la ville arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le croit – y compris des actrices colombiennes qui ont joué dans Les Petits Mouchoirs, côtoient Nathalie Morris sur les tournages et sont suffisamment gentilles pour jouer les entremetteuses, n’est-ce pas Paula Garcia ?
Essayer de reconnaître Nathalie Morris après lui avoir donné rendez-vous dans un café près de Coogee Beach à Sydney revient à chercher une inconnue. Son visage ? L’actrice de la série BUMP se met peu en scène : elle fuit les caméras quand elle n’est pas en tournage ou dans un studio, et n’est que très peu présente sur les réseaux sociaux. On sait qu’elle a un charme singulier, et une belle chevelure châtain clair. Hors des frontières du petit écran, notre actrice a des airs de Claudia Karvan quand elle était jeune. On saura qu’elle est en couple, pas d’enfant, mais qui est donc cette very talented Ms. Morris ?
Nathalie Morris est une jeune femme calme, voix douce et posée, à l’écoute des choses intimes et profondes que les autres peuvent lui confier, sans virer du côté psy. La disposition d’esprit est justement ce que l’on retiendra d’elle la veille de son apparition au Philo Bistro de l’Alliance Française de Sydney. Elle pourrait courir les plateaux de télévision ou assister à la première d’un de ses films, elle le fera le surlendemain (NDRL pour son film We Were Dangerous à l’affiche du Sydney French Festival), mais ce soir-là elle préfère venir à la rencontre d’une communauté de français et de francophones de Sydney dans le cadre dépouillé de la salle Augustine Soubeiran située au 13ème étage. Une enfance dans une ferme près de Canberra et des études de cinéma à Wellington ont peut-être façonné sa personnalité. Ce regard doux remonte à loin. Enfant, elle vivait sur Astrolabe Street, la rue où se trouvaient sa maison, sa crèche, son école, les cours de tennis, les scouts, tout ce qui prenait de la place dans sa vie. Parce qu’elle prend plaisir à créer des histoires et des personnages, elle réalise au mitant de son adolescence la vocation qui l’appelle : « À 13 ans, j’ai su que je voulais devenir actrice ». Nathalie Morris s’envisage comme une actrice mise au service d’histoires fortes. Elle est suivie par près de trente mille fans sur Instagram, un chiffre qui nous éloigne des très grosses stars de Hollywood, mais les siens sont mordus, tous sont des amis d’Olympia dite « Olly », cette adolescente de 16 ans devenue maman par surprise dans le premier épisode de BUMP en 2020. « Nathalie est une actrice extraordinaire, une femme très forte, outspoken, mais qui a su garder la tête sur les épaules », nous confie sa collègue de BUMP Paula Garcia.
L’amour des planches, lui aussi, vient de loin. On évoque des pièces de théâtre, à Canberra – où elle a grandi ; à Wellington – où elle a étudié ; à Auckland, où elle habitait et jouait avant d’être choisie pour interpréter Olympia dans la série phare de Stan. Le théâtre, ou jouer la comédie sans avoir à se soucier des strass et des paillettes si chères au milieu du cinéma. Les talons aiguilles et les lunettes noires sont rangées au placard. Le choix du naturel et de la simplicité est pour elle un parti pris, presque une philosophie de vie. « Je préfèrerais que le philo bistro soit humble, ne prétendant pas que je suis un big deal, comme si j’étais une grande star. 😉 » Ce discours mature, tout en modestie, comme lorsqu’elle répond aux questions de mes confrères journalistes traditionnels, l’éloigne des caricatures de vedettes du cinéma en pleine explosion d’ego. Même la façon dont elle s’habille montre sa décontraction et sa simplicité. Sa reconnaissance aux Casting Guild of Australia Award quand on lui attribue « the potential to break out on the world stage » est au cœur d’un buzz involontaire et presque subi survenu en fin d’année dernière. En pleine explosion médiatique, Nathalie Morris préfère laisser les autres faire les commentaires, comme à son habitude.
Sa montée sur les marches des médias évoquée, on revient à l’essentiel : la création artistique. Parce que c’est ce qu’elle est avant tout, Nathalie Morris, une artiste. Engagée. Passionnée. Eclectique. Elle écrit – des scènes, des poèmes, parfois, et elle dessine – elle aime les portraits, les corps auxquels elle peut donner vie grâce à ses traits de crayon, les arts en général. La suite ? Nathalie Morris insiste plutôt sur le lieu à privilégier : « Le chapitre Coogee Beach va bientôt se terminer. Je réfléchis à vivre ailleurs, plus près de l’art, de l’action, peut-être à Surry Hills, ou bien à Melbourne ». Quant à son métier de comédienne, il y a aussi du changement dans l’air. « Je me concentre sur ce que je peux contrôler – l’écriture – pas sur ce que je ne peux pas contrôler – comme les auditions », insiste la jeune femme de 27 ans. L’essentiel est dans l’écriture, dans l’engagement et dans la création artistique, on le comprend bien. On demande des détails : « Je préfère être derrière, à l’abri des spotlights ». Si seulement les gens qu’on aime pouvaient se voir de la façon dont on les voit.
Olivier Vojetta
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