Un navire de guerre japonais a emprunté le détroit de Taïwan pour la première fois mercredi, selon les médias japonais, une semaine après le passage inédit d’un porte-avions chinois entre des îles japonaises.
Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, a refusé de commenter ces informations lors d’un point-presse régulier arguant qu’elles concernaient des opérations militaires.
Dans son édition de jeudi, le quotidien Yomiuri Shimbun, citant des sources gouvernementales anonymes, a affirmé que le Premier ministre Fumio Kishida avait donné l’ordre pour cette traversée, craignant que le fait de ne rien faire après l’action chinoise n’encourage Pékin à s’affirmer davantage.
Le 18 septembre le porte-avions chinois Liaoning et deux destroyers lance-missiles avaient été repérés par l’armée japonaise naviguant dans la région méridionale d’Okinawa, entre les îles de Yonaguni et Iriomote, près de Taïwan.
Sans avoir pénétré les eaux territoriales japonaises à proprement parler, la flottille chinoise était entrée dans les « eaux contiguës » du Japon, un espace qui jouxte sa zone maritime territoriale. Cet incident avait toutefois été jugé « totalement inacceptable » par Tokyo.
– Série d’intrusions –
Cette intrusion était intervenue après une série d’autres évènements militaires similaires.
Début septembre, le Japon avait déjà vivement condamné l’incursion dans ses eaux territoriales d’un navire de la marine chinoise, pendant près de deux heures.
Et quelques jours plus tôt, Tokyo avait fait décoller des avions de chasse après qu’un appareil militaire chinois avait « violé » son espace aérien, pendant environ deux minutes, au large des îles Danjo, situées en mer de Chine orientale.
Mercredi, la Chine a aussi reconnu avoir procédé à un essai de missile balistique intercontinental dans le Pacifique, le premier de ce type, semble-t-il, depuis plusieurs décennies. Pékin communique rarement ouvertement sur les exercices de ce genre.
Ce tir a suscité des protestations de la part de pays de la région, Japon, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, inquiets du renforcement du potentiel militaire chinois.
L’influence économique et militaire croissante de la Chine dans la région Asie-Pacifique et ses revendications – en particulier concernant Taïwan qu’elle considère comme une de ses provinces – inquiètent les Etats-Unis et leurs alliés.
Des navires de guerre des Etats-Unis et du Canada ont traversé à plusieurs reprises ces derniers mois le détroit de Taïwan, enjeu géopolitique majeur, ce qui avait conduit l’armée chinoise à se déclarer en « état d’alerte ».
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a aussi confirmé, mi-septembre, que la frégate Baden-Württemberg, ainsi qu’un navire de ravitaillement qui l’accompagne, se dirigeaient vers le détroit ou le traversaient.
Le Japon est un allié clé des Etats-Unis dans la région, et fait partie de l’alliance Quad, un groupe considéré comme un rempart contre la Chine, qui réunit aussi l’Inde et l’Australie.
Le Japon, résolument pacifiste depuis des décennies, a augmenté ses dépenses de défense, en se dotant de capacités de « contre-attaque » et en assouplissant les règles sur les exportations d’armes.
Les navires japonais et chinois ont été impliqués par le passé dans des incidents concernant des zones contestées, en particulier les îles Senkaku en mer de Chine orientale, aussi appelées Diaoyu par Pékin.
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