Les Aborigènes et responsables du parc national de Uluru-Kata Tjuta ont conjointement décidé ce mercredi 1er novembre d’interdire l’escalade du célèbre rocher, pratique autorisée avec réserve mais surtout très controversée.
Sammy Wilson, président du board et propriétaire traditionnel de cette terre a fait un discours passionné expliquant que sa communauté (les Anangu) avait souvent eu l’impression d’avoir un pistolet sur la tempe pour les forcer à autoriser l’ascension du rocher sacré. Il se dit heureux du vote qui « fermera le terrain de jeu ».
Les Anagu ont patiemment demandé aux visiteurs de ne pas grimper sur le rocher rouge, car celui-ci est sacré et parce que les Aborigènes ressentaient une responsabilité culturelle envers les blessés et personnes décédées dessus. Mais l’aspect économique a souvent été privilégié par les personnes extérieures à la communauté.
« Nous voulons préserver notre culture, a insisté Wilson, si nous ne le faisons pas, elle disparaitra dans 50 ou 100 ans. » Sans compter que des plaintes ont été transmises au sujet de visiteurs urinant sur le rocher, avec le risque afférant de contamination des sources d’eau. « Certains, dans le secteur du tourisme ou au gouvernement, veulent que nous le gardions ouvert mais ce ne sont pas leurs lois qui régissent cette terre. (…) C’est un lieu d’une importance extrême, pas une aire de jeux ou un parc à thème comme Disneyland. Les touristes sont les bienvenus (…) c’est juste cette activité que nous cessons. »
L’escalade du rocher sacré a commencé dans les années 30, mais ce n’est qu’en 1966 qu’une chaîne métallique a été posée après deux décès. Aucune autorisation n’a été demandée pour cet aménagement. Depuis les années 50, 36 décès ont été répertoriés. Et entre 2002 et 2009, 74 personnes ont dû être secourues.
Un plan d’aménagement de 2010-2020 avait déjà évoqué la possibilité d’une fermeture de l’activité mais à de nombreuses conditions, dont une diminution drastique du nombre de grimpeurs. Bien qu’en 2015, 16,5% des visiteurs seulement aient décidé d’escalader le rocher, le vote n’a pas obtenu le nombre de voix nécessaires pour prendre la fameuse décision.
En 2016, une étude montrait que 72% des visiteurs comprenaient le « Please don’t climb » (s’il vous plaît, ne grimpez pas) et 91% affirmaient qu’ils n’escaladeraient pas. Il faut également noter que cette activité dépendait de la météo et d’événements divers liés à la communauté.
De nombreux tours opérateurs sont en activité sur cette zone, mais peu appartiennent à la communauté aborigène. Ils ont demandé 18 mois pour se retourner. Pour Wilson, qui travaille dans le tourisme, ce sera aussi l’occasion de découvrir d’autres merveilles traditionnelles ouvertes au public.
Le Central Land Council a salué la « réparation d’une erreur historique ».
L’escalade cessera le 26 octobre 2019, soit 34 ans exactement après que la terre ait été rendue par le gouvernement à ses propriétaires traditionnels.
Source : The Guardian
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