Planté au cœur de l’outback australien, au centre géographique du pays, Uluru attire chaque année près de 400 000 visiteurs qui viennent admirer sa couleur rougeoyante et ses pans creusés par les ans et la pluie. Vénéré par les Anangu, propriétaires ancestraux de la terre qui l’abrite, le « Rock » a été classé patrimoine mondial (1987) et culturel (1993) par l’Unesco. Une double reconnaissance pour ce site qui constitue, avec les monts voisins de Kata-Tjuta, un parc national d’une splendeur exceptionnelle.
Vieux comme le monde, ou presque…
Les géologues n’ont pas réussi à déterminer précisément la date de naissance du monolithe, mais il aurait émergé des abysses bien avant que la Pangée ne commence à se morceler. La formation des montagnes plissées qui auraient engendré Uluru se serait, elle, achevée il y a 300 millions d’années environ, lors de l’orogenèse paléozoïque d’Alice Springs. Ensuite, l’érosion a fait son œuvre, laissant place à un inselberg dont l’aspect a, semble-t-il, peu changé en 60 millions d’années. Aujourd’hui Uluru reste constitué de grès grossiers et de micro-conglomérats datant du Protérozoïque supérieur. Il est entouré de plaines de sable dans lesquelles on a retrouvé des sédiments du fond d’un lac préhistorique… ce qui pourrait laisser croire qu’Uluru aurait, un jour, été une île. Hein, quoi, comment ?
Un site sacré ? Oui et non…
Au-delà de l’aspect géologique, Uluru est aussi un site culturel majeur. Relié au Tjukurpa (le « temps du rêve » et lecture du monde qui ordonne et fonde toute chose), il constitue le cadre de nombreuses légendes et une étonnante histoire de combat de serpents s’y rattache. Néanmoins, l’anthropologue Maïa Ponsonnet expliquait en 2009 dans Le Monde que « ce sont les blancs, les colonisateurs, les touristes et les autorités australiennes qui ont sacralisé le “rock”, l’ont investi du statut d’icône australienne. » En effet, le rocher n’est pas vénéré dans sa globalité par les Anangu ; pour ses propriétaires ancestraux, seules certaines failles ou grottes sont chargées d’une « force spirituelle ». En outre, nombre d’histoires et légendes sont encore cachées du grand public. Uluru garde donc une part de mystère et son caractère sacré varie selon les points de vue.
« Découvert » (par les Européens) en 1873
Uluru existe depuis des millions d’années, mais il a été repéré pour la première fois par l’explorateur britannique William Gosse en 1873, le 18 juillet précisément. Il baptise le rocher Ayers Rock en hommage à Henry Ayers (photo ci-contre), premier ministre d’Australie Méridionale de l’époque. Petit à petit, les Anglais vont essayer de domestiquer les alentours mais l’élevage se heurte à un climat sec et hostile. Finalement, missionnaires, mineurs et trappeurs sont les seuls à passer par là. En 1920, la région est décrétée Petermann Reserve, elle a vocation à accueillir les Aborigènes. La réserve est réduite en 1940, puis de nouveau en 1948 lorsque Uluru (Ayers Rock) et Kata-Tjuta (Monts Olga) sont réunis au sein d’un même parc national. En 1985, celui-ci est rendu à ses propriétaires traditionnels, les Anangu, en échange d’une concession de 99 ans accordée à Parks Australia.
Essor touristique à bride abattue
En 1959, un premier motel s’ouvre à proximité du rocher, un aérodrome vient rapidement le compléter. Pendant 15 ans les constructions se multiplient. Finalement, les dégâts sont tels que les autorités décident, en 1973, de relocaliser les infrastructures touristiques et créent la ville nouvelle de Yulara à 14 kilomètres de là, en 1976. Il faudra attendre 1984 pour que l’état mettre fin à tous les baux des établissements qui jouxtent Uluru. En 1997, la totalité de la station (hors banque et poste) est vendue à l’opérateur Voyages Hotels and Resorts. En 2011, elle est revendue à une société aborigène qui l’exploite désormais.
Vers plus de respect
Dès la fin des années 1930, Uluru profite de campagnes de médiatisation financées par l’Australian National Travel Association pour inciter les Australiens à visiter leur propre pays. En 1983 une visite du prince Charles et de la princesse Diana fait également couler beaucoup d’encre, contribuant à l’attractivité du site. Enfin, escalader le rocher reste longtemps l’une des activités proposées – au grand dam des Anangu, opposés à cette pratique. L’année dernière finalement, après 36 morts officiellement recensés sur Uluru depuis 1950, il est décidé d’interdire cette activité controversée à partir de 2019.
Pas d’inquiétude cependant : le site reste exceptionnel et vous pourrez toujours continuer à randonner à la base du rocher (10 kilomètres environ) à pied, en vélo, en Segway ou même en chameau. Vous y croiserez peut-être quelques uns des 21 types de mammifères, 73 reptiles, 178 oiseaux et 4 grenouilles répertoriés. Enfin, sachez que l’occasion est idéale pour goûter la cuisine du bush, tout en admirant la performance « Fields of Light » qui illumine le parc national à la nuit tombée. Les aventuriers et photographes continueront à s’en donner à cœur joie… mais de façon plus respectueuse. Qui dit mieux ?
Sources : planet-terre.ens-lyon, wikipedia, le monde, parksaustralia, vice
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