Le plus grand jardin vertical au monde, 3 stars françaises du monde de l’architecture se sont associés pour offrir à Sydney une icône qui renouvelle le paysage urbain avec audace, innovation et élégance. Les français de Sydney peuvent être fiers de leurs trois compatriotes qui ont exporté leur savoir-faire downunder, en vert et en vertical ! En 2014, le bâtiment a reçu à Chicago le prix du meilleur bâtiment au monde dans la catégorie des immeubles de grande hauteur (Best Tall Building in the World) par le très réputé Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH).
Ci-dessus, l’équipe française du projet : de gauche à droite Jean Nouvel (architecture), Patrick Blanc (paysages) et Yann Kersalé (lumières)
One Central Park
Mais de quoi parle-t-on ? Où est caché ce joyau de l’architecture Made in France ?
Il va vous falloir quitter les abords de l’Opéra et traverser la City pour trouver 4 km plus loin, au cœur du quartier de Chippendale et à quelques pas de Central Station, le projet réalisé par nos trois compatriotes français, baptisé One Central Park.
Sur Broadway avenue, le bâtiment fait face au monolithe en béton gris de l’Université de Technologie de Sydney (UTS). La tour de Jean Nouvel, avec son canevas de jardins verticaux, semble défier sa sombre voisine.
La tour UTS a été construite dans les années 1960, à la même époque que l’opéra de Sydney. Elle ne reçoit toutefois pas le même engouement architectural que son contemporain : il s’agit probablement de la construction la plus décriée de Sydney.
Petit historique d’un nouveau morceau de ville
En 2007, suite à l’acquisition d’un ancien site industriel, les promoteurs Frasers Property et Sekishui House ont retenu une équipe d’architectes internationaux pour rénover un quartier boudé par les habitants de Sydney. Parmi eux, 2 prix Pritzker (la plus haute distinction pour un architecte), le britannique Norman Foster (qui a notamment dessiné en France le Viaduc de Millau et le Zénith de Saint-Etienne) et le français Jean Nouvel. Notre compatriote, accompagné de l’agence australienne PTW s’est vu confier l’icône d’un projet de développement urbain de grande envergure, dont le coût total avoisinerait les 2 milliards de dollars.
Le projet est audacieux. Le plan directeur réserve un tiers des 6 hectares de l’ancien site industriel à des espaces publics ouverts. Un parc de 6 400 m², des tours de bureaux, de logements, des commerces ainsi qu’une central thermique composent l’ensemble.
Ce nouvel espace urbain vient s’installer sur le site de l’ancienne brasserie Carlton, dont certains vestiges restent visibles. Pour l’anecdote, celle-ci produisait encore il y a quelques années la plus internationale des bières australienne, la Foster’s.
Première phase du projet, la construction de One Central Park a été livrée par l’entreprise générale Watpac en décembre 2013, après 4 ans de chantier. D’autres immeubles sont toujours en cours de construction. L’achèvement du projet signe le glas d’un Chippendale « quartier de gare » que les habitants de Sydney associaient à l’odeur de la bière bon marché et aux étudiants fauchés. La « gentrification » a fait son œuvre et les entrepôts sont désormais presque tous remplacés par des résidences et bureaux flambant neufs.
Pour Sydney, Jean Nouvel a vu grand, vert, lumineux
One Central Park en quelques chiffres :
117 : la hauteur en mètre de la plus haute tour,
624 : le nombre d’appartements répartis dans les deux tours du projet,
320 : le nombre de miroirs qui compose l’Héliostat suspendu à la tour,
250 : le nombre d’espèce de plantes de fleurs qui habillent la tour,
1100 : la surface totale en mètres carrés du jardin vertical
En vous rendant sur Broadway avenue, vous ne pourrez pas manquer cet étonnant ensemble immobilier composé en son socle d’un centre commercial de 5 niveaux et surplombé de deux tours résidentielles de grande hauteur, habillées de métal, de verre et verdure.
Bienvenu à One central Park. Vous allez pouvoir découvrir en lisant les lignes qui suivent pourquoi cet immeuble est-il si singulier.
Des tours de verre, vertes ?
La végétation est un élément du vocabulaire architectural. Jean Nouvel
Pour Jean Nouvel, « la végétation est un élément du vocabulaire architectural ». La façade qu’il a dessinée pour le bâtiment lui laisse une large place en tout en jouant avec les surfaces et les matériaux.
La conception du canevas de jardins verticaux qui habille la façade a été confiée à Patrick Blanc, collaborateur de Nouvel sur de nombreux projets, notamment le Musée du Quai Branly à Paris.
Le bâtiment, qui a reçu plus d’une cinquantaine de prix, est considéré à ce jour comme plus haut jardin vertical du monde. Outre l’aspect décoratif, ses 1 100 m² d’espaces plantés sont pensés pour rendre le bâtiment plus confortable pour ses occupants. En effet, entre le 2ème et le 13ème étage, ce sont 300 espèces de plantes qui couvrent une bonne moitié de la façade et qui améliorent l’isolation thermique et acoustique des commerces et des logements. A l’échelle du quartier, la végétation capte les fines particules liés à la circulation automobile et transforme le dioxyde de carbone en oxygène par photosynthèse.
Mais le volet environnemental de l’édifice ne s’arrête pas à ses espaces verts. En effet, le projet a été conçu selon les normes rigoureuses d’une construction durable respectueuse de l’environnement.
Le système de notation australien pour les constructions écologiques, Green Star, lui a attribué 5 étoiles sur un maximum de 6, soit un niveau d’excellence à l’échelle nationale.
Le recyclage des matériaux issus de la démolition, le traitement des eaux pluies, leur réemploi (WC, arrosage, etc.), l’isolation thermique et acoustique sont autant d’éléments qui ont été traités avec soin pour permettre à ce bâtiment d’exceller dans sa catégorie.
Un immeuble sans ombre …
La lumière, c’est un autre élément que Jean Nouvel tente de dompter dans son architecture. Lorsqu’il dessine l’Institut du Monde Arabe à Paris (IMA) qui l’a rendu célèbre, il travaille déjà sur les variations de lumière naturelle pour animer l’intérieur du bâtiment.
Pour One Central Park, l’équipe de Jean Nouvel a pensé un jeu de miroirs motorisé, en suspension.
Ce système d’héliostat évolue avec la course du soleil pour apporter de la lumière naturelle aux parties inférieures du bâtiment qui resteraient dans l’ombre.
La nuit, le système de miroir se métamorphose en une mosaïque de couleurs et de lumières. L’installation, comportant 25 000 points lumineux (LED), a été conçue par l’éclairagiste-plasticien français Yann Kersalé.
Un succès commercial à coût maitrisé ?
Ces derniers mois, la star nationale de l’architecture est apparue à la une des journaux français pour le projet de la Philharmonie de Paris. Le budget initial a largement dérivé si bien que le projet a failli rester dans les cartons à dessins de son architecte. Le concepteur et son commanditaire se sont rejeté mutuellement la responsabilité du dépassement, à tel point que la star française a snobé l’inauguration du bâtiment et porté la discussion devant les tribunaux (source : Le Figaro 17/02/2015).
Le coût du bâtiment pourrait donc être l’ombre au tableau d’une réalisation audacieuse et innovante qui semble exemplaire en tout point.
Voila Sydney a contacté le promoteur de One Central Park, Frasers Property, commanditaire de Jean Nouvel, qui n’a pu répondre à nos questions sur ce volet particulièrement stratégique.
Toutefois, il nous a été indiqué que la quasi-totalité des 623 appartements avait été vendus avant la fin de la construction, il semble donc que ce projet soit également un grand succès commercial. Quelques appartements d’exception de type « penthouse » sont encore disponibles au dernier étage (prix à partir de 2,7 millions de dollars), à vous de voir…
Ce bâtiment vous intrigue ? La semaine prochaine, nous vous proposerons une promenade architecturale à la découverte du chef d’œuvre australien de l’architecte français.
Remerciements : Frasers Property (voir le site de présentation du projet) et Capital Group pour avoir répondu aux questions de Voila Sydney.
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