Jusqu’au 2 avril, la mythique région de la Great Ocean Road accueille la sixième édition de la Lorne Sculpture Biennale qui regroupe 41 oeuvres imaginées pour s’inscrire parfaitement dans le cadre sauvage où elles sont exposées. L’artiste suisse Brigit Heller, qui y présente « Paradiso Perduto », une œuvre poétique et interpellante, revient pour nous sur son parcours australien et sa participation à l’événement. Un entretien vivifiant.
Mais que fait une Suisse à Melbourne ? « J’ai quitté mon pays natal à 30 ans. J’avais envie de changer de carrière et de perfectionner mon anglais. » La jeune banquière décide alors de partir en… Nouvelle-Zélande pour une année de formation en art et design. Exposée à tous types de mode d’expression, elle « tombe amoureuse de la sculpture » et produit sa première grande œuvre avec des pierres volcaniques ramassées à One Tree Hill. Le succès est au rendez-vous ; elle ne changera plus de voie, parachevant sa formation en Australie.
Touché organique
Si le « land art » l’émeut, il ne devient pas son domaine de prédilection pour autant car « il nécessite un engagement très fort et implique que l’oeuvre fasse définitivement partie du paysage ». Elle choisit une direction médiane, utilisant des matériaux naturels ou qui possèdent un « touché organique » : câbles, verre, bois, cuivre ou fer… Dans la région du centre du Victoria où elle s’est installée depuis 16 ans, elle forge parfois de grandes pièces qui finiront par prendre cette couleur rouille qui évoque si bien l’effet du temps qui passe. Les tiges, les fleurs, les branches, les cocons, les nids… deviennent, entre ses mains, des œuvres d’art d’une grande délicatesse, souvent aériennes, parfois conceptuelles. Certaines ont reçu des prix parmi les plus prestigieux d’Australie, y compris le MARS Gallery Prize à la Lorne Sculpture Biennale de 2011. Une reconnaissance doublée d’un soutien financier bienvenu.
Fire recovery workshop
Elle travaille généralement dans un très grand studio installé sur la propriété de 30 hectares de bush qu’elle occupe : « Cela me permet de vérifier comment la sculpture s’intègre dans le paysage. » Une fois par semaine, Brigit donne des cours à l’université à Melbourne. Il lui est arrivé d’organiser des « art camp » chez elle… mais elle a abandonné, car l’organisation était « trop compliquée ». Malgré tout, elle est heureuse d’avoir animé un « fire recovery worshop » après qu’un incendie a ravagé sa région. Ses voisins ont apporté des affaires brûlées et, ensemble, ils en ont fait acte de résilience en créant des oeuvres d’art.
Parmi les figures qu’elle admire, Brigit cite spontanément Louise Bourgeois et Fiona Hall dont elle aime le rapport à l’environnement, l’utilisation des déchets et la finesse du travail artisanal. « Effectivement, j’ai des références ou des affinités plutôt féminines » admet Brigit qui apprécie cependant l’envergure du collectif mixte mis en place à Lorne. « Pendant la période d’installation, je fais toujours des rencontres formidables avec des personnes que je considère comme mes frères ou mes sœurs. »
Les enfants ont un rapport incroyable avec les oeuvres
Elle a eu l’occasion d’exposer en solo dans des galeries, mais ce qu’elle aime à la Biennale, c’est l’ouverture ! « L’événement attire toutes sortes de visiteurs qui viennent pour la marche ou le bon air. Pas forcément des passionnés de sculpture. » Elle cite en particulier les enfants qui ont « un rapport incroyable avec les oeuvres« . Elle est sur place (site 11) plusieurs jours par semaine pendant l’événement. N’hésitez pas à venir la saluer.
Valentine Sabouraud
Légendes photo : 1/ Oeuvre de B. Heller 2/ Portrait de B. Heller 3/Millenium monument NZ par B. Heller 4/ « Openings » de Karl Meyer
|
———————————————————-
N’oubliez pas de nous suivre sur Facebook et Instagram, et de vous abonner gratuitement à notre newsletter.
Des idées, des commentaires ? Une coquille ou une inexactitude dans l’article ? Contactez-nous à l’adresse [email protected]
Discussion à ce sujet post