« Vous pouvez éteindre votre télévision et reprendre une activité normale* » — après presque 3 décennies à brocarder les riches et les célébrités, les marionnettes de l’une des émissions satiriques françaises les plus populaires sont sur le point de raccrocher pour de bon.
Les marionnettes de latex revenaient tous les soirs en première partie de soirée à la télévision, depuis leur lancement en 1988, avec des parodies impitoyables d’hommes politiques, de commentateurs, de sportifs et d’acteurs.
Inspirés par l’émission de marionnettes britannique des années 80, « Spitting Image » (portrait craché), les Guignols de l’info ont vraiment décollé en pleine guerre du Golfe, grâce en partie au reportage caricatural d’un Sylvester Stallone en gilet pare-balles. Stallone est resté l’une des marionnettes préférées, aux côtés de l’ex-président français Jacques Chirac, qu’on voyait régulièrement boire des bières Corona, son péché mignon — lorsqu’il n’apparaissait pas en héros masqué « SuperLiar ».
L’image de la super star du rock français Johnny Hallyday, celle d’un artiste sans cervelle, a également été forgée par l’émission, dans laquelle on pouvait voir Oussama Ben Laden demander quelles étaient ses chances de remporter un Oscar pour le « film d’action de l’année ».
On sait que l’ex-président Nicolas Sarkozy détestait la façon dont l’émission ridiculisait sa petite taille (1m66) en ne montrant que le sommet de la tête de sa marionnette.
« Nous nous y attendions »
Lorsque l’audience était au plus haut, plus de trois millions de personnes regardaient quotidiennement le programme de 10 minutes, ce qui lui donnait une influence considérable sur le pouls culturel et politique de la nation.
Mais leurs piques pouvaient attirer les foudres de certaines des personnalités ciblées, notamment Vincent Bolloré, l’industriel et milliardaire qui a pris le contrôle de Canal+ en 2015 en devenant l’actionnaire majoritaire de la maison mère, Vivendi, un grand groupe français spécialisé dans les médias.
Accusant les scénaristes des Guignols d’« abus de dérision », Vincent Bolloré avait rapidement déclaré son intention de supprimer l’émission — les médias avaient laissé entendre qu’il agissait pour le compte de Nicolas Sarkozy.
L’homme d’affaires avait finalement cédé, mais seulement après avoir remplacé les auteurs de toujours et retiré une bonne part de l’humour des marionnettes. Il a également supprimé la diffusion en clair de l’émission pour ne la rendre accessible qu’aux abonnés de Canal+, ce qui a aussi contribué à faire baisser l’audience davantage.
Depuis, de nombreux fans ainsi que l’équipe de production de l’émission se doutaient que le rideau finirait par tomber un jour ou l’autre. « Nous nous y attendions, il y avait des rumeurs, des démissions » a déclaré Yves Lecoq, l’une des plus anciennes voix de l’émission.
La nouvelle est rapidement devenue le sujet le plus discuté sur Twitter en France, beaucoup regrettant la disparition des Guignols de l’info tout en partageant leurs sketches préférés.
D’autres n’ont, au contraire, pas caché leur satisfaction. « Quelle joie ! Bien joué ! » a twitté Nadine Morano, élue de droite, une fervente défenseuse de Sarkozy qui était régulièrement visée par l’émission. « Pas d’enterrement, crémation directe ! Ni couronne ni fleurs mais une plaque ‘bêtes et méchants’. Bon débarras ! »
* Les Guignols de l’info terminaient toutes leurs émissions par cette formule.
Glossaire :
actionnaire majoritaire (n.m. ou f.+adj.) : largest shareholder
bien joué ! (exp.) : well done !
bon débarras ! (exp.) : good riddance !
brocarder (v.) : to skewer
céder (v.) : to back down
couronne (n.f.) : wreath
démission (n.f.) : resignation
diffusion en clair (exp.n.) : free-to-air viewing
fervente (adj.f.) : outspoken
gilet pare-balles (exp.n.m.) : flak-jacket
impitoyable (adj.) : merciless
maison mère (exp.n.f.) : parent company
parodie (n.f.) : send-up
pique (n.f.) : barb
pouls (n.m.) : pouls
pour le compte de (exp.) : on behalf of
In English please !
Guignols de l’info, cult satire show, zapped from French TV
« You can turn off your TV and resume a normal activity* » — after nearly three decades of skewering the rich and famous, the puppets of one of France’s most revered comedy shows are about to give their famous signoff for good.
The latex puppets had become a fixture of prime-time television since their debut in 1988 with merciless send-ups of politicians and pundits, athletes and actors.
Inspired by Britain’s 1980s puppet show « Spitting Image », the Guignols took off during the 1990-1991 Gulf War, not least thanks to over-the-top reporting by a flak-jacket wearing Sylvester Stallone. He would become a perennial favourite, alongside ex-president Jacques Chirac, routinely seen indulging in his penchant for Corona beers — when he wasn’t the masked hero known as « SuperLiar ».
French superstar rocker Johnny Hallyday’s public image as an empty-headed entertainer was also forged on the show, while Osama bin Laden would ask about his chances of getting an Oscar award for his « action movie of the year ».
Ex-president Nicolas Sarkozy was also known to hate how the show mocked his height of 1.66 metres (5 feet 4 inches) — since viewers would only ever see the top of his puppet’s head on the show.
‘We were expecting this’
More than three million people watched the 10-minute programme daily at its height, giving it outsize influence on the nation’s cultural and political pulse.
But their barbs could draw the ire of some of their subjects, not least Vincent Bollore, the billionaire industrialist who took control of Canal+ in 2015 after becoming the largest shareholder in its parent company, the media conglomerate Vivendi.
Criticising the show’s writers for an « abuse of derision », Bollore quickly signalled his intent to axe the show with press suggesting he was acting on behalf of Sarkozy.
The businessman eventually backed down, but only after replacing longtime writers and taking a noticeable edge off the puppets’ humour. He also ended the show’s free-to-air viewing to make it available only to Canal+ subscribers, a move that further pushed down audience levels.
Since then, many fans as well as the show’s production team suspected the curtain’s fall was only a matter of time. « We were expecting this, there were rumours, people quitting, » said Yves Lecoq, one of the programme’s veteran voices.
The news quickly became the top trending topic on Twitter in France, with many lamenting the show’s demise while sharing their favourite sketches.
Others, however, made no secret of their delight. « What joy! Well done! » tweeted rightwing politician Nadine Morano, an outspoken Sarkozy ally who was regularly targeted by the show. « No funeral, straight to cremation! No wreaths or flowers, only a plaque saying ‘stupid and mean’. Good riddance! »
* The Guignols de l’info always ended their shows saying this.
Source: AFP
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