A l’instar des Australiens, les Suédois semblent prendre davantage la mesure du danger que représente le transport aérien pour l’environnement. Le flygskam entendez la honte de prendre l’avion prend un ampleur inespérée sur les réseaux sociaux. En atteste une baisse de 15% des vols domestiques depuis 2 mois.
Au congrès de Davos en janvier dernier, la jeune militante Greta Thunberg avait fait 32 heures de train pour se rendre en Suisse. « Je trouve cela absurde que les grands de ce monde se réunissent pour parler écologie et repartent tous en jet privé » avait-elle alors souligné.
Cette engagement symbolique a surtout permis de rappeler que le problème du transport aérien est le grand oublié des luttes environnementales. Véganisme, zéro déchet, stigmatisation du plastique… de nombreuses tendances écolo ont vu le jour ces derniers années mais le transport aérien, bénéficiant des largesses irresponsables des pouvoirs publics, reste jusqu’à présent préservé.
Pourtant, un simple aller Paris-New York rejette en émission de gaz à effet serre davantage qu’une consommation modérée de viande sur 10 années. On le comprend, il est grand temps de souligner cette hypocrisie d’autant plus que la plupart des donneurs de leçon en matière d’écologie sont les plus friands de transport aérien. Et l’Australie n’est pas en reste : avec 150 trajets quotidiens, la ligne Sydney-Melbourne est la deuxième routes aériennes la plus fréquentée au monde derrière Jeju City-Seoul en Corée du Sud.
Mais en Suède, les choses semblent bouger : la nouvelle tendance sur les réseaux sociaux s’appelle le « flygskam » à savoir la honte de prendre l’avion. En atteste les fréquentations des gares en constante hausse depuis deux mois.
Le 30 mars dernier à Stockholm, un salon a même été dédié au voyage en train afin d’échanger des bons plans voyage partout en Europe. Les systèmes ferroviaires étant nationaux, il est impossible de faire des réservations trans-nationales. Ce salon est donc l’occasion d’échanger des astuces sur comment trouver les bons horaires, passer les frontières ou acheter ses billets. « J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de choses à améliorer pour ceux qui voyagent en train,explique Susanna Elfors, la créatrice du salon. C’est difficile de réserver, il faut changer de train plusieurs fois. J’ai commencé avec un groupe Facebook, qui a grandi, beaucoup, et on est 74 000 aujourd’hui »
Interrogée sur le phénomène, Isabelle Lövin, ministre suédoise de l’Environnement rappelle que « La Suède a déjà mis en place une taxe sur les billets d’avion et réfléchit à l’introduction de bio-carburant dans le kérosène, pour réduire les émissions. Le gouvernement investit aussi beaucoup dans les chemins de fer. »
Un investissement à rebours des politiques publiques en Europe mais également en Australie depuis une vingtaine d’année. Flygskam ou pas, l’Union Européenne semble avoir choisi son camp : la défiscalisation du kérosène ainsi que ses nombreuses directives exhortant les pays membres à supprimer des petites lignes de chemin de fer sont à ce titre les exemples les plus éclatants. Tout comme l’Australie qui repousse sans cesse son immense projet ferroviaire entre Melbourne, Canberra et Sydney lui préférant le modèle aérien, « rentable et efficace » selon son ministre des transport Mickael McCormack.
Discussion à ce sujet post