Louis-Philippe Loncke est un aventurier belge, et très certainement, un des spécialistes du Désert de Simpson situé en Australie. En 2008, il effectuait sa première traversée du désert, en autonomie complète et accompagné d’une charrette, sur laquelle vivres et autres matériels nécessaires à cette expédition étaient tractés.
En janvier dernier, il se lance un nouveau défi : revenir dans le Simpson pour effectuer une traversée d’Ouest en Est – d’Old Andano Station à Poeppel Corner en passant par GeoCenter – seul, à pied et sans aucune autre forme d’assistance. Ainsi, Louis-Philippe a choisi de troquer sa CamWheel, pouvant transporter plus de 200kg de fournitures, pour de simples sacs à dos – d’une contenance de 60 kg.
Il y a de cela plusieurs semaines, le Belge a réussi son pari de traverser le Simpson en seulement 13 jours de marche. Dès la fin de son trek, Louis-Philippe nous confiait être partagé entre deux sentiments : « Il y a deux choses que j’ai ressenti une fois arrivé à Poeppel. La première, évidemment, c’était la satisfaction et la joie d’être arrivé, de se dire « voilà, c’est fini » ! Je sais désormais que cette traversée complète, uniquement avec sacs à dos, est tout à fait faisable et c’est ma plus grande fierté. Néanmoins, quand je suis arrivé, j’ai aussi ressenti un vide. Je me suis rendu compte que l’expédition n’avait pas duré assez longtemps, qu’elle n’avait pas été assez intense ». Louis-Philippe avait prévu, dans le meilleur des cas, d’effectuer un trek d’une quinzaine de jours et de terminer celui-ci dans la ville de Birsdville. Toutefois, après plusieurs imprévus à surmonter, ses ressources alimentaires n’étaient plus suffisantes pour terminer le trek au-delà du point Poeppel Corner (au treizième jour, il n’avait plus que 275 grammes de nourriture). « Vraiment très content, mais avec un petit manque ».
– Les aléas du direct –
Louis-Philippe avait plus ou moins estimé sa traversée à 415km, du ranch bovin Old Andano Station à Birdsville en passant par le centre géographique du désert. Ainsi, et dans l’objectif de respecter ce tracé, le Belge devait atteindre le centre géographique du désert en six jours, puis Poeppel Corner, en quatre jours supplémentaires, pour terminer son expédition trois jours plus tard dans la ville de Birdsville. Or, à cause des différents imprévus, Louis-Philippe n’a pu rejoindre le centre géographique à temps. Il lui a finalement fallu neufs jours pour se rendre au premier point de rendez-vous, puis quatre jours de plus pour rejoindre Poeppel Corner. Les principales causes de ce retard sont sans nul doute – d’après Louis-Philippe – dues au poids de ses sacs ainsi qu’aux trois jours de pluie survenus durant le trek.
Le poids des sacs a contraint Louis-Philippe à effectuer « des pas d’à peine plus de 30cm » qui ont alors eu pour effet direct de ralentir sa vitesse de marche. Chaque arrêt exécuté par l’aventurier, pour replacer son sac à dos, était une épreuve ; « j’étais incapable de le soulever et de le mettre sur mon dos. Je devais le mettre à terre, m’asseoir, me rapprocher, me mettre par terre et bien serrer le tout pour pouvoir donner un coup de reins et de jambe. Je devais me propulser en avant et ensuite utiliser mes quatre membres ainsi que les bâtons de marche me soulevant vers le ciel, moi et ces 60kg ».
« J’étais arrivé à un poids de sac à dos toujours lourd, mais correct, à une température chaude, mais à laquelle je m’étais habitué et un rendement de marche où je marchais de 7 heures du matin à 18 heures le soir. Puis, il s’est mis à pleuvoir et ‘pouf‘, de 35 km de marche le jour précédent, je suis redescendu à 23-24 km, avec les précipitations ».
Néanmoins, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, aucune de ces péripéties n’a fait regretter à l’aventurier de ne pas avoir amené sa charrette, lors de ce second trek dans le Simpson. Il nous a même confié qu’ « en réalité », il n’y avait jamais pensé.
– Un imprévu de taille –
Il n’est pas rare lors d’une expédition de devoir faire face à différents imprévus. Ainsi, l’expédition de Louis-Philippe n’a pas échappé à quelques coups durs durant ces treize jours de trek : rationnement alimentaire, douleurs musculaires, changements climatiques, dont trois jours de pluie qui resteront, sans aucun doute, l’imprévu majeur de cette aventure.
Le Désert du Simpson est connu pour être le désert le plus aride d’Australie, ainsi, ne connaît-il que quelques rares journées de pluie durant l’année. Cela explique pourquoi, l’aventurier belge n’avait pas envisagé, qu’en l’espace de deux semaines, la pluie pourrait jouer les troubles fêtes. Les précipitations ont duré au total trois jours, « les gouttes sont devenues de plus en plus grosses, de plus en plus nombreuses et puis il s’est mis à pleuvoir vraiment, une demi-heure, une heure puis toute la matinée avant que cela ne s’arrête ». Le Belge qui avait emmené avec lui un simple k-way, n’a pu protéger l’intégralité de son corps de l’humidité. En effet, ses chaussures se remplissaient d’eau et de sable créant alors un douloureux mélange, tels des « morceaux de papier de verre » sur lesquels il devait marcher. Enfin, la pluie a également modifié l’environnement dans lequel Louis-Philippe évoluait. Il a ainsi été obligé de s’adapter à ces transformations de paysage. « Les plantes pompaient de l’eau et certaines montaient mi-cuisse alors que d’ordinaire, elles ne dépassent pas même les genoux. On se retrouve, avec toutes ces plantes qui ont beaucoup de surface, à être trempé en ½ heure ».
– « On est aware, mais super aware » –
La traversée du Désert de Simpson a permis à Louis-Philippe de repousser ses limites physiques et morales, mais aussi dans un autre moyen, de découvrir toute l’immensité de la faune et la flore de cette région sauvage d’Australie. Quelques jours avant le début de l’expédition, la pluie avait déjà fait une première apparition dans le désert, et avait laissé derrière elle un paysage des plus étonnants lors de la traversée du Belge. Ainsi, c’est dans ce désert au beau milieu de la pluie, de la végétation et des animaux que « l’homme va chercher ses capacités animales qui lui permettent de sentir la moindre herbe mouillée ou d’entendre le moindre petit bruit provoqué par un animal. Il n’y a aucun gaz d’échappement, pas de pollution. On est aware, mais super aware ».
« Quand je pars en trek, je viens avant tout chercher une interaction, un échange avec l’espace qui m’entoure, c’est ça qui est agréable ! Être seul fait que les animaux ne te considèrent pas comme une menace pour eux. Je suis face à eux, et alors, naît une vraie interaction entre l’animal sauvage, qui n’a jamais vu d’humain, et moi ». Durant sa traversée du désert, Louis-Philippe a eu la chance de pouvoir filmer et photographier de près quatre émeus (autruches australiennes) qui se sont rapprochées de lui sans craindre une attaque quelconque. Sur son chemin, l’aventurier a également croisé un dromadaire et un dingo, mais qui ont malheureusement tous deux fui devant lui. « La solitude permet d’avoir accès à des moments comme ceux-là », certes furtifs et éphémères, mais qui ont le pouvoir d’effacer toute douleur secondaire.
– Les futurs défis à relever –
La traversée du Simpson Desert fait partie d’un projet incluant plusieurs treks, à travers le monde, que Louis-Philippe effectue en autonomie complète. Le projet est né en octobre 2015 avec la toute première étape en Californie, dans la Vallée de la mort. La traversée du Désert du Simpson constitue, elle, la seconde étape de ce projet. Enfin, ce défi prendra fin dans quelques jour, en Bolivie, avec une expédition dans les célèbres Salar – désert de sel – où Louis-Philippe avait échoué en 2013. Cette dernière étape sera divisée en deux traversées : une dans le désert de Uyuni et l’autre dans le désert de Coipasa (deux lacs provenant anciennement d’un seul et même lac). Dans les Salar, l’aventurier est en train de réaliser une première mondiale en traversant l’ensemble du désert de sel, seul et sans aucune autre forme d’assistance.
Toutefois, ce projet n’est pas le dernier que notre aventurier belge entend réaliser. Louis-Philippe Loncke n’en a pas fini avec l’île-continent ! Dès l’année prochaine, il souhaite revenir en Australie pour mener à bien différents projets. Durant le premier mois, le Belge souhaite s’arrêter dans le Désert de Simpson, et servir de guide à plusieurs groupes de passionnés de marche et adeptes de sensations fortes. Son itinéraire reste encore à définir, mais il semblerait que la route d’Old Andano menant à People par le centre géographique du désert, soit un bon compromis pour faire découvrir à ces aventuriers toute la richesse du Simpson. Ces expéditions, organisées pour des groupes de cinq personnes maximum, seraient, quant à elles, accompagnées de plusieurs charrettes (une par personne).
Après avoir guidé plusieurs apprentis-aventuriers, Louis-Philippe s’envolerait pour la Tasmanie afin de réaliser, une fois n’est pas coutume, une première mondiale avec une traversée du Nord au Sud de l’île, en hiver, et en autonomie complète. Ici encore, le Belge repartirait accompagné de ses sacs à dos et tenterait une expédition sans aucun réapprovisionnement. Toutefois, à la grande différence de tous les autres treks qu’il a déjà réalisés, il utiliserait, ici, des sentiers de randonnées officiels. De plus, le matériel nécessaire à cette traversée serait lui aussi plus original que lors des précédentes excursions : une plus grande quantité de nourriture, un réchaud, un équipement de campement plus important et pourquoi pas une paire de ski.
Enfin, la dernière étape serait, pour Louis-Philippe, de pouvoir remonter au Nord-Ouest de l’Australie et organiser un trek dans les Kimberlyes. L’aventurier n’a jamais eu l’occasion d’organiser d’expédition dans cette région de l’Australie. Ainsi, et avec un ami qui habite cette partie du pays, notre aventurier belge souhaiterait « vivre une expérience ultime » en « apprenant les techniques du bush-tucker, » et apprendre les rudiments de la vie « sauvage, en se nourrissant exclusivement de ressources terrestres ».
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