Écrivain français installé à Sydney et auteur du roman « Courir encore » paru aux Éditions Maïa en 2020, Olivier Vojetta a sorti cette année le recueil de nouvelles « Sept endroits où disparaître », paru aux éditions Chloé des Lys.
« Sept endroits où disparaître » est un livre unique en ce qu’il est disponible en édition bilingue, avec la version originale française et la traduction anglaise officielle de J.C. Sutcliffe, intitulée « Disappear », dans le même ouvrage.
« Sept endroits où disparaître » est un recueil de sept nouvelles écrites à l’occasion de divers concours et collaborations entre 2012 et 2018. Elles ont comme thèmes communs la liberté et le désir de se soustraire au monde, et trois d’entre elles touchent au sujet de la prison et des expériences des détenus.
Comme le dit l’auteur dans l’avant-propos, la littérature crée une réalité alternative qui est plus qu’imaginaire, et dont les expériences sont aussi légitimes que celles de la vraie vie. Un thème renforcé par l’image de couverture, une photo d’une girafe au Taronga Zoo, un endroit où les humains vont pour s’échapper, mais où les animaux sont eux-mêmes piégés.
Bien que les sept nouvelles aient toutes leur mérite, certaines nous ont particulièrement touchés, que ce soit pour leurs thèmes profonds ou pour leurs personnages attachants.
« Celui qui m’a appris à voir » a été écrite dans le cadre d’une campagne contre la pauvreté en 2017. C’est l’histoire d’un homme pauvre incarcéré pour des vols qu’il a comis dans le but de soutenir sa famille financièrement, qui trouve refuge dans le jardin de la prison et un ami en la personne du jardinier. Une histoire profonde sur le côté classiste du système carcéral et l’importance de traiter les détenus humainement.
« Soirs de Paris » a été écrite dans le cadre d’un concours en hommage à Natsume Soseki, avec comme consignes de contenir l’une de ses citations, de s’inspirer d’une de ses grandes idées, et d’avoir pour titre celui d’un livre qui compte beaucoup pour l’auteur. Inspirée de l’idée que « c’est la littérature qui rend ce monde habitable » et intitulée d’après le roman de Patrick Mauriès, « Soirs de Paris » est l’histoire d’un homme à Paris durant les attentats de 2015, qui trouve refuge dans le livre en question avant de traverser la ville pour le lire à son père qui n’arrive plus à lire à cause de sa vue baissante. Une histoire très touchante sur une réalité moderne tragique dont beaucoup de Français se souviennent encore.
Finalement, « Nativo » est l’histoire d’un toréador et de son cheval, ce dernier donnant son nom à l’histoire. Contrairement aux autres nouvelles, dans celle-ci ce n’est pas un être humain qui s’échappe mais un animal, Nativo, fuyant la corrida en plein milieu et laissant son cavalier à la merci du taureau. Une histoire poignante et tragique sur la pratique cruelle qu’est la corrida, et la volonté de l’animal d’échapper à cette cruauté.
Au final, « Sept endroits où disparaître » est un livre qui ne prend pas longtemps à lire, comprenant moins de 100 pages si on ne compte pas la traduction, mais qui évoque des émotions vivides que le lecteur n’est pas près d’oublier.
Un livre n’a pas besoin de 1000 pages pour transporter le lecteur dans un autre monde. Tout ce qu’il lui faut, ce sont des mots qui évoquent des émotions, et des sujets qui touchent le coeur des gens. Et Olivier Vojetta prouve qu’il a le talent pour cela.
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