C’est l’histoire d’une idée si simple que personne n’y a pensé ! Le monde regorge de Français à l’étranger prêts à réaliser de courtes missions variées, et il compte aussi quantité d’entreprises en mal de personnel à l’international : et si un réseau les faisait se rencontrer ? Élémentaire ? Oui, mais aucune structure, même dématérialisée ne s’est lancée sur ce créneau spécifique… jusqu’à ce jour. Avec Oohee, tout va changer – Helène Antier, l’une de ses fondatrices nous explique pourquoi et comment.
Selon la jeune femme, c’est Etienne Poirot-Bourdin, 64 ans, parcours international, de nombreuses années dans les RH, qui identifie en premier cette problématique du travail à l’étranger pour les « expatriés » – terme pris dans sa globalité, puisqu’il inclut les étudiants, détachés, conjoints, retraités… Ces personnes, souvent talentueuses, ont parfois du mal à trouver du travail. Or, la demande existe puisque de nombreuses sociétés françaises, y compris des PME, ont des intérêts et/ou projets hors du territoire national ! « Simplement, elles n’ont pas forcément les moyens ou la nécessité d’envoyer, depuis la France, une personne qui coûtera cher. En revanche, profiter de la présence de quelqu’un déjà sur place est une option qui peut les intéresser. Reste à trouver la bonne personne au bon endroit. » C’est là que la start-up française Oohee se propose d’intervenir.
2,7 millions de Français sont inscrits sur les registres consulaires en 2018 400 000 entreprises françaises (PME/PMI, ETI et TPE) s’ouvrent à l’international |
Nous voulons privilégier les profils atypiques
La plateforme, co-créée par Etienne Poirot-Bourdin, Hélène Antier (experte en communication), Albéric Etienne (finance et commercial) et Bacar Kamardine (pour la partie développement technique) est finalement testée en 2017, puis lancée en février dernier. Il s’agit de permettre aux candidats français de l’étranger de déposer leur CV en ligne sans omettre le moindre détail, y compris personnel. « Nous voulons privilégier les profils atypiques » explique Hélène qui assure que ce qui se passe en-dehors du parcours professionnel a toute son importance. Vous aimez la cuisine, vous adorez la déco, vous êtes mécano du dimanche ou luthier amateur ? Tout compte ! Oohee croise ensuite les besoins de ses entreprises partenaires avec les profils qui peuvent correspondre.
La société X cherche un traducteur pour trois jours et vous parlez justement cette langue rare : ça peut coller. Le photographe Z aimerait un assistant pour une semaine en Tanzanie et vous êtes incollable en tourisme : vous pourriez vous entendre. La créatrice W cherche à vérifier que ses bijoux sont en exposition dans une boutique près de chez vous : vous voilà visiteuse mystère. « Les besoins sont variés, insiste Hélène, à nous de proposer des profils pertinents puisque nous agissons comme des intermédiaires. »
300 € / jour, à condition d’avoir l’autorisation de travailler
Les missions sont généralement courtes. « Nous fonctionnons plutôt comme des entremetteurs entre une entreprise et un free-lance. » Pas de placement à long-terme donc, mais du dépannage ponctuel et pointu pour une population de candidats qui a parfois du mal à trouver localement un emploi. La barrière de la langue, une méconnaissance des codes du marché et du recrutement sur place, ou encore une disponibilité limitée (notamment pour les mères qui peuvent avoir à installer leur famille dans un nouveau rythme…) laissent beaucoup de Français sur le carreau. Oohee peut leur donner une chance, si toutefois ils ont le droit de travailler, « condition sine qua non pour être missionné ».
Côté rémunération, les prestations proposées sont à 300 € la journée en moyenne – beaucoup en Inde, peu en Australie – un montant qui sera sans doute ajusté ultérieurement. Enfin, le portage salarial est également une option proposée pour ceux qui n’ont pas les moyens de facturer. « L’essentiel, explique Hélène, c’est aussi d’aider à valoriser ce temps de vie passé ailleurs qu’en France. »
Des candidats installés dans une trentaine de pays
Financièrement, Oohee fonctionnera à terme avec les abonnements souscrits par les employeurs (paiement à la mise en relation, avec forfait selon le nombre). En attendant, la start-up a profité d’une première levée de fonds Love Money de 105 000 €, sachant qu’une deuxième de 800 000 € est prévue très bientôt. « Nous avons régulièrement des appels d’investisseurs et de business angels, admet Hélène, ce qui est très encourageant. » Ce qui fera la différence, c’est bien sûr le nombre de candidats. Pour l’instant, la start-up compte 2000 « Ooheers » avec une augmentation de 200 par semaine environ. Géographiquement, ils sont installés aux USA, Brésil, Canada, mais aussi en Europe, en Asie ou même en Australie, soit une trentaine de pays environ.
Partenaire de nombreuses structures pour les Français à l’étranger, entreprises, associations, universités ou médias, Oohee compte bien élargir son offre aux sociétés étrangères et plus uniquement françaises. En attendant, elle a suivi de près les premières missions auxquelles elle a contribué à Shanghai et Pékin. Et elle s’est pliée de bonnes grâces à l’évaluation tripartite mise en place. Entreprise, candidat et intermédiaire se notent en effet les uns les autres.
Valentine Sabouraud
Légende photo : équipe Oohee de g. à d. Bacar, Hélène, Etienne, Albéric.
La communauté des Ooheers est à 68% féminine et résidente du pays dans lequel elle vit. 14% est installée en Australie. Pour en savoir plus ou déposer votre CV, rendez-vous sur www.oohee.co.
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