En Australie, les individus d’origine asiatique peuvent témoigner du racisme dont ils ont été la cible depuis janvier 2020, avec la propagation du coronavirus détecté pour la première fois à Wuhan, en Chine : grâce à un formulaire en ligne, l’Asian Australian Alliance a recensé environ 12 incidents par jours depuis le 2 avril, portant le nombre total d’incidents contre les Australiens d’origine asiatique à 178.
Le Guardian a eu accès aux résultats de cette enquête : la majorité des incidents racistes ont été commis contre des femmes (62%) et dans 86,5% des cas, ils ont été commis par des inconnus, selon l’Asian Australian Alliance.
Un peu plus de 60% des incidents signalés par les personnes interrogées comportaient des insultes à caractère raciste, 21% des menaces verbales et 15% des intimidations physiques telles que des coups de poing ou des bousculades.
Plus d’un tiers des incidents se sont produits dans une rue publique, 23 % dans des supermarchés, 15 % dans les transports en commun, 12 % dans des centres commerciaux et 11 % dans des parcs publics et des zones communautaires.
Seuls 5,6 % des personnes interrogées ont signalé leurs incidents à la police.
« Un symptôme du problème plus vaste du racisme en Australie »
« Ce que notre enquête montre, c’est à quel point les incidents racistes sont sous-déclarés« , a déclaré Erin Wen Ai Chew, la responsable nationale de l’Asian Australian Alliance. « Même celles qui ont été décrites comme des altercations physiques racistes n’ont pas été signalées à la police, et cela est extrêmement préoccupant« .
« La seule façon de combattre ce racisme est de parler et de s’unir contre cette haine« , selon Erin Wei Ai Chew.
« Ce racisme lié au Covid-19 est un symptôme du problème plus vaste du racisme en Australie, et la façon dont cette pandémie a été rapportée dans les médias à sensation et par des leaders mondiaux comme Trump ne fait qu’encourager et permettre cette haine. Notre suivi du racisme Covid-19 est un mécanisme permettant de créer des campagnes à long terme pour lutter contre ce racisme et pour pousser les dirigeants et les institutions de notre pays à prendre cela plus au sérieux« .
Les exemples d’attaques racistes se multiplient actuellement : fin mars, une vidéo d’une jeune femme crachant sur deux Australiennes d’origine vietnamienne à Marrickville (banlieue de Sydney) avait suscité l’émotion dans le pays.
Le Premier ministre Scott Morrison a condamné les abus racistes dont sont victimes les Chinois australiens dans une interview accordée à SBS News. Il y a déclaré que les migrants asiatiques ont ouvert la voie lors de la réponse australienne à la crise du coronavirus.
« Je suis extrêmement déçu parce que c’est tellement mal. »
« C’est la communauté chinoise australienne qui a en fait protégé l’Australie. Ils ont ouvert la voie et la communauté au sens large les suit maintenant. »
Face à cette situation, des initiatives de lutte contre le racisme anti-asiatique émergent en Australie, à l’instar de la campagne #UnityOverFear. Cette pétition a été lancée par 16 éminents Australiens d’origine asiatique des secteurs artistique, financier et médical du pays, dont le chef Adam Liaw, l’écrivain Benjamin Law, l’ancien Australien de l’année John Yu et l’homme d’affaires Jason Yat-Sen Li. L’initiative a pour but de créer un mouvement de solidarité envers les communautés d’origine asiatique victimes de racisme, et a pour l’instant recueilli plus de 20 000 signatures.
With #COVID19, Australia’s great social cohesion is more important than ever. Please join us and sign this petition calling for national unity. This is a time for all Australians to come together! https://t.co/qpnYwgTcii #UnityOverFear
— Jason Yat-Sen Li (@jasonyatsenli) April 9, 2020
Le racisme anti-asiatiques sévit dans beaucoup de pays du monde en ce moment, face à un virus que certains qualifient de « chinois ». Prescillia, Française d’origine polonaise et vietnamienne, rapportait par exemple à France Info dès la fin du mois de janvier de tels incidents : « Il y a deux jours, une mère a éloigné son enfant assis à côté de moi dans le métro en lui disant dans l’oreille ‘la dame peut avoir une grande maladie alors ne te mets pas près d’elle’ », décrivait alors la jeune femme, qui n’avait pourtant jamais mis les pieds en Chine. « Elle n’avait pas vu que j’avais coupé la musique de mes écouteurs. Cette attitude m’a vraiment blessée. ».
En France, la communauté asiatique a décidé de prendre la parole et a lancé un nouveau hashtag sur les réseaux sociaux : #JeNeSuisPasUnVirus.
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