Voici un an que le cardinal George Pell, qui a été condamné pour pédophilie et incarcéré mercredi, est défendu par l’un des avocats les plus réputés et les plus chers, d’Australie. Un luxe rendu possible par la générosité d’une foule de donateurs anonymes.
Ancien archevêque de Melbourne puis de Sydney, George Pell était encore très récemment le secrétaire à l’Economie du Saint-Siège, soit le numéro trois dans la hiérarchie du Vatican.
Mais les responsables de l’Eglise sont formels: la richissime institution n’a pas versé un centime pour les frais d’avocat du prélat de 77 ans, qui a été placé mercredi en détention au lendemain de l’annonce de sa condamnation en décembre pour l’agression de deux enfants de choeur en 1996 et 1997 dans la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne.
L’archevêque de la grande métropole du sud de l’Australie, Peter Comensoli, assure que ni son archidiocèse -dont Mgr Pell était à la tête au moment des faits- ni « aucun autre organe de l’Eglise » ne finance sa défense.
« J’imagine que c’est très onéreux, mais à ce que je comprends, cela émane de sources privées », a déclaré Mgr Comensoli à la chaîne publique australienne ABC.
Le chef de l’équipe de défense de George Pell, et ce depuis début mars 2018, n’est autre que Robert Richter, l’un des avocats les plus célèbres d’Australie.
Des sources judiciaires proches du cabinet de M. Richter affirment qu’il facture environ 15.000 dollars australiens (9.500 euros) par jour et travaille généralement avec deux ou trois avocats associés prenant chacun 5.000 dollars australiens par jour.
Cette équipe a travaillé pendant deux semaines d’audiences préliminaires, pendant la préparation du procès et les audiences du premier procès de septembre à l’issue duquel le jury ne s’était pas mis d’accord sur une décision.
– Fils d’un champion de boxe local –
Un nouveau procès avait été ordonné au cours duquel cette équipe était toujours aux manettes, jusqu’au verdict du 11 décembre.
Le cardinal a été reconnu coupable ce jour-là d’un chef de pénétration sexuelle et de quatre chefs d’attentat à la pudeur contre deux jeunes alors âgés de 12 et 13 ans.
Les avocats ont de nouveau travaillé cette semaine et continueront de représenter M. Pell lors du procès en appel, un processus qui risque de durer des mois.
Des juristes avancent que les honoraires de ses avocats dépasseront probablement les trois millions de dollars australiens.
Fils d’un champion de boxe local qui gérait une mine d’or de Ballarat, dans l’Etat de Victoria, George Pell a passé sa vie active, depuis 1966, à servir l’Eglise. Et faute du soutien de cette dernière pour financer ses frais d’avocats, c’est vers les donateurs privés qu’il s’est tourné.
C’est peu après l’inculpation du cardinal par la police de l’Etat de Victoria en juin 2017 que ses partisans ont créé un fonds pour recueillir les dons.
Ce fonds était notamment soutenu par l’Institut pour les affaires publiques, un think-tank conservateur qui a le bras long. Le Catholic Weekly, hebdomadaire publié par l’archidiocèse de Sydney, multiplia les appels aux dons, qui sont restés anonymes.
Ancien archevêque de Melbourne, puis de Sydney, George Pell fut longtemps une figure très écoutée, défendant des positions très conservatrices sur tout un tas de sujets, du rejet du mariage gay à la contestation de la science du climat.
Et il compte de longue date de très éminents soutiens, comme les anciens Premiers ministres John Howard ou Tony Abbott, ainsi que pléthore d’éditorialistes conservateurs.
Parmi les dix témoignages produits à l’audience de mercredi par les avocats de M. Pëll pour défendre sa moralité, figurait d’ailleurs celui de M. Howard, qui dirigea le gouvernement australien de 1996 à 2007.
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