Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie et un des pionniers sur la prévention du harcèlement en France était en visite au Lycée Le Condorcet de Sydney cette semaine. Il est intervenu auprès du personnels, des élèves et des parents du Lycée Français.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
C’est d’abord la répétition d’action négative sur une certaine durée : des surnoms, des moqueries, des mises à l’écart. C’est ensuite un phénomène de groupe. Il ne faut pas s’imaginer que ce sont tout le temps les mêmes personnes qui s’en prennent au même élève. La moquerie, le surnom, chacun des élèves ne le reprend peut-être que deux ou trois fois. C’est l’effet de groupe qui rend le phénomène insupportable pour ceux qui le subissent.
Est-ce que le harcèlement scolaire est en augmentation ces dernières années?
Rien n’indique qu’il soit en augmentation. Les chiffres restent assez stables. Environ 10% des élèves en sont la cible en primaire et au collège. Les cas de harcèlement ne sont peut-être pas en augmentation mais les moyens contemporains de communication en accentuent la violence. Avec les réseaux sociaux, un élève peut être persécuté 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le cyberharcèlement prolonge les effets des brimades aussi bien dans l’espace que dans le temps.
Comment y remédier ?
Seule une intervention des professionnels de l’école peut mettre fin à ces brimades. On sait maintenant très bien ce qui est efficace en termes de traitement des situations. On sait aussi ce qui ne marche pas, ou ce qui est contreproductif. On sait par exemple que les sanctions – même si elles sont dans certains cas indispensables – ont parfois pour effet de souder le groupe contre la victime et donc de renforcer les brimades au lieu de les faire cesser. Il existe une méthode qui a très largement fait ses preuves : la méthode de la préoccupation partagée que l’on doit au professeur suédois Anatol Pikas. Elle consiste en une série d’entretiens individuels avec ceux qui ont pris part aux brimades au cours desquels on recherche comment ils pourraient eux-mêmes trouver une solution au problème qu’ils ont créé.
Est-ce que le Lycée Condorcet va créer une cellule spécialisée sur le sujet ?
C’était précisément l’objectif des deux jours de formations que j’ai animé au Lycée Condorcet. Une cellule d’une quinzaine de professionnels a été constituée. Ils ont été formés à la méthode de la préoccupation partagée. Ils sont d’ores et déjà opérationnels.
Comment les parents doivent-ils réagir si leur enfant est victime de harcèlement?
Il faut immédiatement alerter l’établissement. Les professionnels se chargeront d’abord de soutenir la victime puis ils mettront en œuvre tout le protocole qui mettra fin aux brimades.
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