Yves Hernot a eu un parcours impressionnant depuis son arrivée en Australie. Aujourd’hui très intégré dans la communauté artistique australienne, il a créé plusieurs prix, et se définit comme un philanthrope. Nous l’avons rencontré pour lui parler de son engagement pour l’art en France et en Australie.
Vous êtes arrivés en Australie en 1975, pourquoi avoir choisi ce pays ?
J’ai été diplômé lauréat de l’Académie des Beaux-Arts de Paris en 1974, et il était évident pour moi que j’allais partir après. Ma famille est très diversifiée : avec un père franco-tunisien, et une mère germano-belge, j’avais baigné dans un environnement international. Je n’avais aucune envie de rester en France, car je souhaitais être entrepreneur, ce qui correspondait plus à la mentalité anglo-saxonne. En Australie, on peut facilement changer de travail et progresser. Je suis donc parti en Australie sur les conseils d’un ami, et n’en suis pas reparti.
Vous avez depuis eu une carrière très riche…
Oui, mais cela ne s’est pas fait en un jour ! Tout se construit pas à pas. A mon arrivée, j’ai enseigné l’art à la Cranbrook School, l’une des plus prestigieuses écoles privées en Australie. A la suite de cela, j’ai été conseiller artistique et conservateur de la collection d’art de Qantas Airways. Je choisissais les oeuvres d’arts qui seraient accrochées dans les salons de la compagnie dans des aéroports du monde entier. J’ai d’ailleurs eu l’idée de reproduire de l’art aborigène sur les avions de la compagnie. J’ai aussi travaillé pour le Ministère des Finances Fédérales australien : j’évaluais les donations d’art à l’Etat, et choisissais ce qui était accepté ou non. Puis, pendant plusieurs années, j’ai été reporter à la télévision australienne. J’évaluais les oeuvres que les Australiens possédaient chez eux et je parlais des nouvelles collections des musées et des ventes aux enchères. C’est une expérience qui m’a permis de me faire connaître en Australie, j’y ai collaboré avec de grandes stars comme Bert Newton.
Comment vous êtes-vous intéressé à l’art ?
Je suis né comme cela, ma mère avait des collections de peintures et ma famille possédait un certain nombre d’antiquités. J’ai donc toujours été sensible à l’art, et je n’étais pas fait pour le système scolaire habituel. Après le lycée, j’ai fait les Beaux-Arts à Montpellier puis à Paris. J’ai été inspiré par les professeurs que j’ai eus, comme Jean-Raymond Bessil.
Que pensez-vous du milieu de l’art en Australie ?
C’est un milieu très fermé du fait de l’éloignement du pays. Le pays porte assez peu d’intérêt à l’art européen, donc j’ai rapidement dû me spécialiser en art australien, que je connaissais très peu avant d’arriver ici. Aujourd’hui, le milieu a beaucoup changé, les gens n’investissent plus autant qu’avant dans l’art. Il n’a jamais été facile pour un artiste de se lancer, mais cela a empiré ces dernières années. Les mécènes ne pensent qu’aux déductions d’impôt dont ils peuvent bénéficier. Ce constat m’a poussé à me lancer dans la philanthropie.
Quelles actions menez-vous aujourd’hui pour les artistes ?
J’investis surtout de mon temps pour des artistes en France en ce moment. Je contribue à un prix à Landivisiau, la terre de mes ancêtres bretons, et j’ai créé 5 prix de la photographie. Les jeunes aiment la photographie, c’est selon moi la nouvelle écriture. Je participe également à la construction d’un musée à Landivisiau, où j’exposerai de l’art aborigène australien. Il est très important pour moi de donner de la visibilité aux Aborigènes, ils sont nés artistes et ont une manière de voir les choses qui leur est propre.
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