Un journaliste australien enquête sur la disparition de Theo Hayez.
Qu’est-il arrivé à Theo Hayez ? Ce Belge de 18 ans a été vu pour la dernière fois, sortant d’un bar de Byron Bay, une petite station balnéaire australienne, le 31 mai dernier. À la demande des parents, David Murray, journaliste d’investigation spécialisé dans les affaires criminelles pour le quotidien The Australian, a enquêté pendant cinq mois pour retrouver sa trace. Son podcast : The Lighthouse : Searching for Theo Hayez , a été écouté plus d’un million de fois.
C’est la famille de Theo Hayez qui vous a contacté ?
Sa famille et des volontaires de Byron Bay ont contacté la rédaction. C’était leur idée. Ils connaissaient The Teacher’s Pet , l’un des podcasts d’investigation les plus importants du monde (le podcast a été téléchargé plus de 28 millions de fois, NdlR), sur la disparition de Lynette Dawson, l’épouse d’un ancien joueur de rugby. Ils savaient qu’on faisait des podcasts d’investigation. The Lighthouse est mon second podcast, le premier date d’il y a trois ans et s’appelait Searching for Rachel Antonio sur la disparition d’une lycéenne en 1999.
Pourquoi avez-vous accepté d’enquêter sur la disparition de Theo Hayez ?
Fin juillet, j’ai rencontré son cousin, Michael Dorkhom, ainsi qu’un résident de Byron Bay, Nicoletta Revis. J’ai été très impressionné par le travail qu’ils avaient déjà entrepris. Je pensais que je pouvais les aider à trouver Theo ou au moins savoir ce qui lui était arrivé. J’ai entamé cette enquête au mois d’août, ce qui représente quasiment cinq mois de travail.
La police a arrêté les recherches ?
L’enquête a été transmise au coroner. Selon la police, Theo aurait grimpé la falaise depuis la plage Tallow Beach et serait tombé, son corps aurait été emporté par la mer. Ce serait la raison pour laquelle on ne l’a jamais retrouvé. La thèse de l’accident est possible mais d’autres scénarii sont plausibles.
Son cousin a eu accès à son compte Google en retrouvant son mot de passe. C’est une mine d’or pour vous ?
C’est l’une des avancées les plus importantes de notre enquête. Sa localisation a été enregistrée par Google très précisément. Nous y sommes arrivés avant la police. Nous savons à quelle vitesse il marchait, quand il s’est arrêté. Sans la data, nous n’aurions que très peu d’indices. On sait qu’à certains moments, il a sans doute accéléré et plus précisément à un endroit où il a pratiquement couru.
Theo était-il ivre lorsqu’il a quitté le Cheeky Monkey’s?
Selon le propriétaire et le staff du bar, il a été viré de l’établissement car il montrait des signes d’intoxication, il était instable sur ses pieds. La famille a eu accès aux vidéos de surveillance et le jeune homme ne montrait aucun signe d’agressivité. Après avoir parlé aux témoins présents sur place, je ne pense pas qu’il était saoul. Certains habitants ont affirmé que quelqu’un aurait pu mettre quelque chose dans son verre, c’est déjà arrivé, mais c’est juste une spéculation. Si les gens parlent de ça, c’est parce qu’il s’est engagé dans une zone boisée, dans le noir, tout seul, avant de marcher sur la plage. Les gens ne comprennent pas pourquoi il a fait ça. C’est bizarre.
Que lui est-il arrivé selon vous ?
Je ne sais pas. Je ne pense pas qu’il se soit perdu mais qu’il s’est rendu de son propre chef sur la plage. On sait qu’il avait encore son téléphone à Tallow Beach entre minuit et une heure du matin. Il n’était pas effrayé à ce moment car il n’a pas envoyé de messages d’alerte. Quelque chose est arrivé après. Je ne pense pas qu’il se soit baigné car on n’a retrouvé aucun vêtement sur la plage. Je ne crois pas à la thèse du suicide. Il était très stable mentalement selon des témoins qui ont eu des contacts avec lui juste avant sa disparition. Nous n’avons pas encore assez d’informations pour savoir s’il s’agit d’un accident ou d’autre chose. Ce dont je suis certain, c’est qu’il serait très important pour la famille d’avoir accès à l’intégralité du dossier pour pouvoir l’étudier. Je pense aussi que la police devrait obtenir de Google les données de tous les gens se trouvant dans la zone de Theo au moment de sa disparition. Cela se fait déjà aux USA. Ça s’appelle la reverse location search warrants. C’est notre priorité.
Vous avez aussi parlé à une femme qui a trouvé une casquette similaire à celle qu’il portait.
C’est un élément très important. Elle a été retrouvée par des volontaires et on dirait que c’est la sienne. Les tests ADN n’ont pas pu prouver que c’était sa casquette mais elle a été retrouvée à un endroit où le jeune homme serait passé selon les données de Google.
Est-ce fréquent de voir des citoyens australiens autant se mobiliser sur une affaire ?
Non, pas du tout, c’est extraordinaire. On n’a jamais vu ça en Australie. Il se passe quelque chose de spécial à Byron Bay. Les habitants se mettent à la place des parents de Theo qui sont très loin. Ils le traitent comme leur propre fils, c’est ce qu’ils me disent. « Si ça arrivait à mon enfant, j’aurais aimé que les gens fassent tout pour le trouver. » Ses parents m’ont dit qu’ils avaient reçu énormément d’amour de la part de la communauté.
Vous allez continuer à enquêter ?
Il y a dix jours, nous avons mis en ligne le sixième épisode et c’est le dernier pour le moment. Je reçois de nombreux messages émanant du monde entier. Nouvelle-Zélande, USA, Belgique, Irlande… Des messages de soutien ou des pistes. Un détective privé a commencé à enquêter grâce au podcast, il est très compétent. Une communauté de hackers éthiques investiguent aussi. Nous avons encore des informations sur lesquelles nous voulons nous pencher. Ce n’est pas fini.
« The Lighthouse » est disponible en ligne : https://open.spotify.com/show/5W49QbxjgY4RrfyB37IIIj
Source : La Libre Belgique
Véritable vecteur de l’actualité belge, internationale, politique, économique, culturelle, La Libre Belgique offre un regard différent sur l’actualité et propose de nombreux dossiers spéciaux, des analyses, reportages, opinions…
N’oubliez pas de nous suivre sur Facebook et Instagram, et de vous abonner gratuitement à notre newsletter
Des idées, des commentaires ? Une coquille ou une inexactitude dans l’article ? Contactez-nous à l’adresse redaction@lecourrieraustralien.com
Discussion à ce sujet post