Le géant minier australien BHP a renoncé mercredi à faire une offre ferme de rachat sur son rival Anglo American et à son projet de former un titan du cuivre, après que le britannique a refusé de prolonger les discussions.
« BHP ne fera pas d’offre ferme sur Anglo American », a déclaré Mike Henry, directeur général de BHP, dans un communiqué, dans lequel le groupe se dit « déçu que le conseil d’administration d’Anglo American ait décidé de ne pas poursuivre les discussions ».
Plus tôt mercredi, Anglo American avait rejeté une demande de BHP, qui aurait voulu plus de temps pour préparer une offre de rachat révisée. Selon les règles britanniques en matière d’OPA, BHP devait faire une offre ferme mercredi avant 16H00 GMT ou se retirer.
BHP « n’a pas répondu aux préoccupations fondamentales du conseil d’administration sur le risque disproportionné associé à la structure » de l’offre, qui prévoit notamment de se séparer de deux filiales sud-africaines d’Anglo American, avait indiqué le groupe britannique.
« Nous n’avons pas pu parvenir à un accord avec Anglo American » sur ce sujet, a confirmé Mike Henry dans le communiqué de BHP. « Malgré nos efforts pour nous engager de manière constructive et nos nombreuses demandes, Anglo American n’a pas fourni les informations clés nécessaires » à améliorer l’offre, a-t-il regretté.
Une fusion entre les deux groupes aurait été la plus importante dans le secteur depuis des années, motivée notamment par les perspectives juteuses pour le cuivre, métal clé pour la transition énergétique.
Anglo American avait refusé la semaine dernière la dernière offre améliorée à 38,6 milliards de livres (45,4 milliards d’euros), mais avait laissé la porte entrouverte en acceptant de prolonger les discussions pendant sept jours.
Le groupe britannique d’origine sud-africaine avait précédemment rejeté deux offres plus faibles et épinglait notamment la « complexité significative » et les « risques » pour les actionnaires d’Anglo American d’une offre qui prévoyait de se séparer de l’activité de platine et de celle de minerai de fer.
Cette proposition avait provoqué l’émoi en Afrique du Sud, à l’approche d’élections générales — organisées ce mercredi — qui s’annoncent comme les plus serrées depuis des décennies.
– Projet concurrent –
« Dès le départ, la structure du rachat semblait trop compliquée et les investisseurs préfèrent au bout du compte des espèces » à une opération réglée en actions comme le proposait BHP, a commenté Dan Coatsworth, analyste chez AJ Bell, qui dit s’attendre désormais à des offres d’autres géants du secteur des mines, comme Glencore ou Rio Tinto.
Le titre d’Anglo American a terminé en baisse de 3,05% à 2.480 pence mercredi à la Bourse de Londres, tandis que celui de BHP a gagné 0,77% à 2.353 pence.
Tôt mercredi, BHP avait plaidé qu' »une nouvelle prolongation du délai (était) nécessaire pour permettre un travail plus poussé sur sa proposition », dans un communiqué à la Bourse australienne.
Le groupe disait avoir présenté une série de mesures visant à apaiser les inquiétudes — notamment en s’engageant à maintenir les effectifs d’Anglo American à Johannesbourg.
L’offensive visait largement à mettre la main sur les mines de cuivre d’Anglo American, mais le groupe britannique compte capitaliser ces actifs pour son propre compte.
Anglo American a en effet annoncé il y a deux semaines un projet concurrent de scission de plusieurs activités, dont le charbon pour la métallurgie, mais aussi le platine et les diamants en Afrique du Sud, pour se concentrer sur le cuivre, le minerai de fer haut de gamme et les engrais.
« Nos actionnaires bénéficieront (…) d’un portefeuille plus simple d’actifs de classe mondiale, d’une performance opérationnelle toujours plus forte et d’une croissance très attractive » dans ces trois domaines prioritaires, s’est félicité mercredi en fin de journée Stuart Chambers, président du CA d’Anglo American, dans un communiqué.
Le cuivre, utilisé dans de nombreuses applications industrielles, dont la composition de batteries de véhicules électriques, a vu ses cours s’envoler depuis un an et ceux-ci devraient continuer à grimper fortement vu la demande qui explose et les ressources limitées.
Anglo American, fondée en 1917 en Afrique du Sud par l’industriel d’origine allemande Ernest Oppenheimer, est aujourd’hui l’une des plus grandes sociétés minières du monde, cotée à la fois à Londres, où est son siège, et à Johannesbourg.
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