Les Bourses asiatiques ont dévissé dans les premiers échanges lundi, Tokyo dégringolant de 8%, tandis les contrats à terme laissaient présager un nouveau plongeon à Wall Street, dans des marchés paniqués par l’offensive douanière par Donald Trump.
Les cours du pétrole s’enfonçaient de 3% à des niveaux plus vus depuis quatre ans.
Tokyo, Séoul, Sydney s’effondrent de concert
Lundi noir sur les marchés asiatiques.
Vers 01H00 GMT, à la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei dévissait de 8,04% à 31.061 points, tandis que l’indice élargi Topix lâchait 8,22%.
A Séoul, l’indice Kospi abandonnait 5,52% tandis qu’à Sydney, l’indice S&P/ASX 200 chutait de 6,46%.
La Bourse de Taïwan a ouvert sur une dégringolade de près de 10% tandis que Singapour dévissait de 7%.
Fermés en raison d’un jour férié vendredi, les marchés chinois ont également plongé: Hong Kong perdait 9,28% dans les premiers échanges, et Shanghaï 4,21%.
Mercredi, le président américain a annoncé une première salve de 10% de droits de douane pour l’ensemble des partenaires commerciaux des Etats-Unis, qui a pris effet samedi.
Ce taux va être relevé, dès mercredi, pour des dizaines de pays, notamment la Chine, qui passera à 34%, et nombre d’autres économies asiatiques: 24% pour le Japon, 25% pour la Corée du Sud, 36% pour la Thaïlande, 46% pour le Vietnam…
Ces taxes douanières continuent de faire paniquer les marchés financiers, qui redoutent une escalade tous azimuts: Pékin a annoncé imposer à son tour des surtaxes douanières supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril.
« La guerre commerciale est plus vaste et plus généralisée (que sous le premier mandat de Trump) », a averti Lloyd Chan, de MUFG.
« Le risque d’une guerre commerciale mondiale à grande échelle s’accroît. L’impact négatif et l’incertitude pèseront sur l’économie mondiale en réduisant les échanges et les investissements », prévient-il.
Avec l’annonce de la Chine, « il est clair qu’il s’agit d’une guerre économique brutale », commente Stephen Innes, de SPI Asset Management.
« Il ne s’agit plus seulement d’un conflit commercial, mais d’une refonte systémique de l’ordre économique mondial » dont les règles « sont en train d’être démantelées en temps réel. Si la semaine dernière n’était qu’un début, on pourrait avoir un bain de sang » sur les marchés, redoute-t-il.
Vers un nouveau plongeon à Wall Street
Vers 23H05 GMT, peu après la reprise de cotation des contrats à terme, celui portant sur le Dow Jones reculait de 3,89%, tandis que celui de l’indice élargi S&P 500 flanchait de 4,39%.
Le Dow Jones reste sur un décrochage de 9,26% sur les deux séances de jeudi et vendredi, et le S&P 500 de 10,52%. Sur ces deux journées, la place américaine a effacé quelque 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Wall Street n’avait pas connu un tel séisme depuis le début de la pandémie de coronavirus en 2020.
« C’est la pire débâcle qu’on ait jamais vue sur les marchés parce qu’elle a été auto-administrée par Trump », a commenté l’analyste Dan Ives, du cabinet Wedbush Securities.
« La logique de la douleur passagère », que défend Washington, anticipant un redressement à moyen terme, « est complètement erronée », a-t-il ajouté.
« Jusqu’à présent, l’équipe de Trump ne recule pas (…) Il est clair que Washington utilise les difficultés du marché comme un levier, et non comme un signal les encourageant à changer de cap », abonde Stephen Innes.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a prévenu que si Donald Trump était ouvert à des discussions, elles n’aboutiraient vraisemblablement pas avant des mois.
Pétrole au plus bas depuis 2021
Quant au baril de pétrole américain WTI pour livraison en mai, échéance de référence, il lâchait 3,39% à 59,89 dollars. Il descendait sous 60 dollars, pour la première fois depuis avril 2021.
L’or noir américain a perdu plus de 16% depuis mercredi.
Le baril de Brent de la mer du Nord cédait 3,29% à 63,41 dollars.
« Le moral du marché s’est effondré face aux craintes croissantes que la guerre commerciale n’entraîne une récession de l’économie mondiale et un ralentissement de la demande pétrolière », observe Giovanni Staunovo, analyste de UBS.
Les pays producteurs de l’Opep+ ont par ailleurs indiqué qu’ils annulaient leurs réductions de production prévues pour mai.
Valeurs refuge: yen et obligations choyés
Signe d’un mouvement violent d’aversion au risque, les contrats à terme sur les taux des obligations d’Etat américaines et japonaises à dix ans fléchissaient nettement, reflétant une forte demande.
La devise japonaise, jugée sûre, grimpait de 0,60% face à un billet vert affaibli par les craintes sur l’économie et l’inflation américaines, à 146,03 yens pour un dollar.
L’or, valeur refuge par excellence, reprenait son souffle (-1% à 3.003 l’once) mais restait non loin de ses records de jeudi.
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