Le président français Emmanuel Macron a débuté jeudi matin sa visite éclair en Nouvelle-Calédonie en souhaitant un retour « le plus vite possible » à « la paix, au calme, à la sécurité », plus d’une semaine après le début des violences inédites en 40 ans dans l’archipel français du Pacifique sud.
« Je voulais simplement vous dire (…) ma volonté ici, avec les ministres et l’ensemble du gouvernement, d’être aux côtés de la population et pour que le plus vite possible, ce soit le retour à la paix, au calme, à la sécurité. C’est la priorité des priorités », a déclaré M. Macron dès sa descente de l’avion à l’aéroport de Nouméa, où il est arrivé autour de 08H20 locales (21H20 GMT mercredi).
Il a ensuite exclu que « l’apaisement » passe par un « retour en arrière institutionnel ». « Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table », a-t-il plaidé.
Depuis le début des violences dans l’archipel français, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles.
Les renforts en matière de forces de sécurité « resteront aussi longtemps que nécessaire » en Nouvelle-Calédonie, même pendant les Jeux olympiques (26 juillet au 11 août), a annoncé jeudi matin le président français.
M. Macron doit installer en Nouvelle-Calédonie une mission de dialogue composée de trois hauts fonctionnaires, qui restera sur place « autant qu’il faudra » et « aura pour objectif de faire émerger un dialogue politique local dans le but de parvenir à un accord politique global », a précisé mercredi le Premier ministre français Gabriel Attal.
Le président français a assuré à son arrivée n’avoir « pas de limite » de temps sur place et a promis qu' »à l’issue de cette journée (jeudi), des décisions seront prises et des annonces seront faites ».
M. Macron, accompagné des ministres de l’Intérieur, des Armées et des Outre-mer, doit s’entretenir avec des élus et acteurs économiques de l’archipel, que les violences et destructions ont plongé dans une situation catastrophique.
– Coup de poker –
Cette visite surprise intervient alors que se multiplient, jusque dans la majorité du président Macron, les demandes de report du projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral du territoire, rejeté par les indépendantistes et à l’origine des émeutes.
Il doit encore être voté par les parlementaires français réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d’ici là.
M. Macron, qui tente avec ce déplacement improvisé un vrai coup de poker, a dit venir avec « détermination », mais avec « aussi beaucoup de respect, d’humilité ». Car le risque est grand que des indépendantistes du peuple autochtone kanak boycottent la visite, comme ils l’avaient fait lors du dernier déplacement présidentiel en juillet 2023.
Sur le terrain, où l’état d’urgence prévaut toujours (couvre-feu nocturne, interdiction des rassemblements, du transport d’armes, de la vente d’alcool et de l’application TikTok), « la nuit a été calme », a indiqué jeudi matin le haut-commissaire de la République Louis Le Franc à l’AFP. »
Les réactions de la classe politique » à la venue du président « sont plutôt positives dans les deux camps. Il n’y a pas eu de dégâts supplémentaires mais il y a tellement de choses qui sont détruites », a fait valoir le représentant de l’Etat français sur le territoire ultramarin.
– Des Australiens évacués –
Il est « beaucoup trop tôt » pour faire un bilan global des dégâts, car il y a encore des quartiers où les agents ne vont pas, a expliqué à l’AFP l’administration de la ville de Nouméa. »C’est pas réglé.
C’est extrêmement compliqué pour les forces de l’ordre qui font leur travail (…) Ils dégagent les barrages, mais les barrages sont remontés les uns après les autres », a déploré la maire de Nouméa, Sonia Lagarde.
Jeudi matin, Emmanuel Macron a affirmé que « l’état d’urgence ne devrait pas être prolongé » à condition que chacun « appelle à lever les barrages ».
Quelque 86 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.Les forces de l’ordre ont procédé à près de 320 interpellations depuis le début de la crise, d’après la ministre des Collectivités territoriales Dominique Faure.
Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l’aéroport international de l’archipel restera fermé aux vols commerciaux jusqu’à samedi matin.
« 103 Australiens et membres de leurs familles » ont atterri à Brisbane mercredi soir « sur un vol affrété par la France », a annoncé la sénatrice australienne Penny Wong sur X. Au total, selon elle, ce sont « 187 Australiens et membres de leurs familles » qui ont pu quitter l’archipel depuis le début de la crise.
Les sites miniers exploités par Eramet, l’un des trois grands opérateurs du nickel dans l’archipel, sont à l’arrêt.
Une cyberattaque a par ailleurs visé la Nouvelle-Calédonie avec « une force inédite » mais a été stoppée « avant qu’il y ait des dégâts importants », a assuré Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien.
Le territoire du Pacifique sud est stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie-Pacifique et de par ses riches ressources en nickel, minerai notamment indispensable à la fabrication des véhicules électriques.
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