La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a dénoncé jeudi la violation des « droits fondamentaux » des exilés à Calais et Grande-Synthe, où les migrants se trouvent dans un « extrême dénuement » en raison des démantèlements quasi-quotidiens de leurs lieux de vie.
Une délégation de la CNCDH, qui s’est rendue mi-décembre sur le littoral nord, a constaté une « dégradation » des conditions de vie pour le millier d’exilés qui y vivent dans l’espoir de gagner l’Angleterre.
Pour « dissuader » l’implantation des exilés, l’Etat a « mis en place une politique intransigeante de lutte contre les +points de fixation+ sur l’ensemble du littoral », observe la CNCDH dans son avis rendu public jeudi.
« Sur le terrain, cela se traduit par des opérations quasi-quotidiennes de démantèlement et de destruction des abris provisoires et une multiplication des obstacles afin d’empêcher les actions citoyennes d’aide. En conséquence, les personnes exilées s’épuisent à errer, sans cesse à la recherche d’abris de fortune et de moyens de survie dans des lieux toujours plus hostiles, plus insalubres, plus isolés et ainsi plus dangereux », déplore la Commission.
Les démantèlements devraient être assortis de solutions de mise à l’abri, un « impératif humanitaire », insiste l’institution, « compte-tenu de la détresse et de l’extrême dénuement » de ces personnes, qui font l’objet d’un « déni d’existence ».
La « détérioration des conditions dans lesquelles survivent les personnes exilées sur la zone frontalière ainsi que la violation récurrente de leurs droits fondamentaux sont inacceptables », tacle encore la CNCDH.
« L’État doit comprendre que la politique dissuasive qu’il met en place n’affectera pas la détermination des exilés dans leur projet migratoire. Il faudrait donc plutôt trouver des solutions que de poursuivre cette politique inhumaine », a affirmé à l’AFP Geneviève Colas, une des rapporteurs de la CNCDH.
L’institution recommande par exemple l’implantation de « petites unités de répit » sur le littoral.
« L’idée n’est pas de reproduire la +jungle+ », immense campement démantelé fin 2016 à Calais, mais d’offrir un répit, insiste la rapporteure.
A Calais, dit-elle, la violence envers les migrants « devient institutionnalisée »: « On n’en parle jamais, mais tous les trois jours on a l’équivalent de ce qui s’est passé place de la République » à Paris, où le démantèlement violent de tentes par la police fin novembre avait suscité une vague d’indignation jusqu’au sein du gouvernement.
Selon l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, ces démantèlements sur le littoral nord représentent à eux-seuls 88% des expulsions de campements au niveau national.
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