Cet article est publié en exclusivité par Le Courrier Australien et l’Alliance française de Melbourne.
Du 18 juillet au 15 août prochains, l’Alliance française de Melbourne accueille une belle exposition sur la flore du bassin parisien… un titre mystérieux, qui cache un événement scientifique et culturel passionnant. Son investigateur, le botaniste français Guillaume Tcherkez nous en dit plus sur la promenade qui vous attend.
En 2012, le jeune professeur à Paris-Sud propose un événement original pour la Fête de la Science. Ayant eu l’occasion de faire de nombreux voyages en Australie grâce à des liens tissés avec le professeur Graham Farquhar de l’ANU (Australian National University à Canberra), il a l’idée d’organiser une exposition sur… la flore australienne. Il présentera de nombreuses photos, mais aussi des explications plus pointues notamment sur l’utilisation des plantes par les Aborigènes. « J’ai contacté l’attachée culturelle de l’ambassade de l’époque et j’ai eu la chance qu’elle soit séduite par le projet. » L’inauguration profite ainsi de la présence de personnalités, dont l’ambassadeur d’Australie.
Orchidées sauvages et plantes carnivores
Installé à Canberra depuis 2015 puisque qu’il est désormais lui-même affilié à l’ANU, Guillaume Tcherkez envisage rapidement de proposer la même exposition « à l’envers », autrement dit : en l’axant sur les plantes françaises. Simplement, il décide de se focaliser sur le bassin parisien. La flore y est-elle particulière ? « Elle n’est pas spéciale par son cortège de plantes, elle ressemble à une flore de basse altitude comme on peut en trouver ailleurs. Malgré tout, elle abrite des milieux particuliers avec quelques spécimens endémiques. » A la Roche-Guyon, on peut admirer des pelouses à orchidées sauvages ; dans les tourbières, le sol pauvre et saturé en eau voit pousser des plantes carnivores, qui le sait ? Et à la frontière avec les Ardennes, on trouve l’aster amelle (photo ci-contre) qui ressemble à de petites marguerites avec des « pétales » violets. Tiens, on en oublierait presque la violette… ou plutôt, la pensée de Rouen qui est même inscrite sur la liste rouge des plantes en voie de disparition.
L’exposition, qui a déjà été présentée à Canberra avec le soutien de l’ambassade de France, s’organise en plusieurs thématiques, ce qui simplifie la visite. En outre, elle réussit à associer l’aspect scientifique-botanique avec des côtés plus culturels. Les visiteurs pourront ainsi retrouver là quelques reproductions de nos grands peintres impressionnistes, mais aussi se plonger dans la folle histoire des jardins de Versailles.
Le chercheur sera naturellement présent le soir de l’inauguration, mais il profitera de sa présence à Melbourne pour donner une conférence sur un autre sujet tout aussi intéressant. Invité spécial du Bastille Day French Festival 2018, il viendra parler de l’eucalyptus et du rôle particulier de la France dans son histoire. « C’est en effet Charles Louis L’Héritier de Brutelle qui coiffe au poteau ses collègues botanistes anglais et décrit le premier cet arbre australien. » Cocorico ! Nous serons ainsi replongés dans l’histoire à l’époque des grandes explorations. On parlera aussi voyage en Méditerranée, hybridation et diplomatie. Une intervention dense et érudite qui devrait emballer les passionnés de botanique ou… de relations internationales.
Ensuite, Guillaume Tcherkez retournera à son grand sujet d’étude à savoir le métabolisme respiratoire des plantes grâce aux outils isotopiques. Il continuera aussi à enseigner, tout en déplorant l’intérêt modeste des étudiants français ou australiens pour « les sciences naturelles », comme on disait à l’époque. Heureusement que les sorties botaniques qu’il a pu organiser ont parfois attiré de jeunes enfants curieux d’apprendre le nom des plantes et des arbres. Tout n’est pas perdu !
Valentine Sabouraud
Exposition La Flore du bassin parisien du 18 juillet au 15 août à l’Alliance Française de Melbourne – Eildon Gallery 51 Grey St St Kilda – gratuit – Infos ici. Conférence sur l’eucalyptus au Bastille Day French Festival le 14 juillet à 1.00 pm, inscription là.
>>> Article à retrouver en anglais ici.
(C) photo d’ouverture : G. Tcherkez par S. Wragg , RSB (ANU)
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