Les marchés financiers, dont la Bourse de Paris, évoluaient sans enthousiasme lundi matin au lendemain d’une victoire largement anticipée du centriste Emmanuel Macron à la présidentielle française.
A l’ouverture, autour de 07h00 GMT, la Bourse de Paris se repliait de 0,51%, celle de Madrid cédant 0,20%. Suivant la même tendance, Francfort restait quasiment stable, tout comme Londres.
Avec 66,06% des voix, le plus jeune président de l’histoire de France, ancien ministre de l’Economie de François Hollande et ancien banquier, a largement devancé la candidate FN Marine Le Pen (33,94%), selon les résultats quasi-définitifs du ministère de l’Intérieur lundi matin.
« Ce résultat écarte le risque d’un nouveau coup porté à l’Union Européenne après le Brexit britannique, coup qui aurait pu cette fois être fatal eu égard au rôle central de la France dans la construction européenne », a commenté Adrien Pichoud, chef économiste chez SYZ Asset Management.
Une issue qui dissipe les inquiétudes vis-à-vis d’un éventuel Frexit, alors que Mme Le Pen s’était montrée très critique envers l’Union européenne.
Néanmoins, la victoire de M. Macron était largement attendue par les marchés depuis deux semaines, tous les sondages l’ayant systématiquement donné victorieux.
Un tel dénouement « avait déjà été pris en compte par les marchés », très optimistes la semaine dernière quant à un succès du candidat d’En Marche!, favori des investisseurs en raison de ses positions sur l’Europe et de ses orientations économiques, a ainsi commenté Yukio Ishizuki, de Daiwa Securities, interrogé par l’AFP.
« Le marché parisien avait pris 7,5% en deux semaines », rappelle auprès de l’AFP Marc Riez, directeur général de VEGA IM.
« Il y a des prises de profits, mais cette petite correction n’ira pas très loin », estime-t-il.
Sur le marché obligataire, le taux d’emprunt français à 10 ans reculait légèrement à 0,834%, peu après l’ouverture à 06h00 GMT.
L’écart de taux avec le Bund allemand à même échéance, qui sert de référence, restait proche de ses niveaux de vendredi pré-second tour, signe que la victoire du candidat d’En Marche! était bien attendue.
– L’inconnue des législatives –
Avant l’ouverture des Bourses européennes, l’Asie avait salué la victoire d’Emmanuel Macron. Tokyo a fini sur un bond notable de 2,31%, avec un indice Nikkei au plus haut depuis fin 2015, mais d’autres éléments que l’élection française sont entrés en ligne de compte (chiffres de l’emploi américain, effet de rattrapage après une série de jours fériés).
Du côté des autres marchés de la région, de Sydney à Hong Kong, la tendance était positive, sans enthousiasme excessif.
Même tonalité sur le front des devises: peu après l’annonce du verdict des urnes, l’euro est brièvement monté à 1,1023 dollar, un niveau inédit depuis novembre, contre 1,0997 vendredi soir à New York. Vis-à-vis de la devise nippone, la monnaie unique grimpait aussi, s’affichant à 124,59 yens, son cours le plus élevé en un an.
Mais la devise européenne est rapidement retombée sous la barre de 1,10 dollar et de 124 yens.
Désormais, « la grande question est: dans quelle mesure Macron va-t-il obtenir une majorité aux législatives du mois prochain? », a estimé Phil Borkin, économiste de la banque australienne ANZ.
Emmanuel Macron n’a en effet pas fait le plein de voix face à son adversaire populiste Marine Le Pen, et ne dispose pas pour l’instant d’un embryon de majorité parlementaire.
« Les prochaines élections législatives auront lieu les 11 et 18 juin prochain et la question qui va prévaloir ces prochaines semaines sera bien évidemment de savoir si Emmanuel Macron va réussir (à coup d’alliance) à avoir une majorité présidentielle. Ce qui est très peu probable à l’heure actuelle », ont relevé dans une note les experts de Mirabaud Securities Genève.
Le scénario d’une accession au pouvoir de Marine Le Pen étant écarté, l’euro pourrait toutefois profiter d’un changement de cap de la Banque centrale européenne (BCE), selon Ray Attrill, responsable des changes au sein de la National Australia Bank (NAB). « Nous pensons que l’euro peut monter dans les semaines et mois à venir, en anticipant le fait que la BCE va se montrer plus confiante face au recul des risques dans la zone euro », a-t-il dit dans une note.
« La diminution de l’incertitude politique en Europe va être un thème central maintenant », confirme Elias Haddad, de la Commonwealth Bank of Australia. « La BCE va peut-être être amenée à commencer à infléchir sa politique » très interventionniste.
AFP
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