En Australie, un péril revient chaque année au printemps. Depuis le ciel, d’immenses magpies se font un devoir de protéger leurs petits attaquant, parfois violemment, passants et cyclistes. Pour autant, faut-il réduire ces oiseaux noir et blanc à cette image menaçante ? Que nenni ! Musicien remarquable, parent affectueux et ami fidèle… le « cassican flûteur » est également pourvu d’étonnantes qualités qui lui ont même valu le titre d’oiseau australien de l’année en 2017, un titre de gloire qui a piqué notre curiosité.
Un passereau familier, doté de nombreux talents
Le « magpie », appelé « cassican flûteur » en français, est un passereau natif d’Australie et de Nouvelle-Guinée. Il mesure 37 à 43 cm de longueur pour une envergure qui peut atteindre jusqu’à 85 cm et un poids de 350 g pour les plus gros. Tête, ventre, ailes et une bande sur la queue apparaissent parfaitement noirs, alors que ses épaules et sa nuque sont blanches. La femelle diffère par une nuque gris clair. Ses yeux vont du marron clair au rouge. Son bec, fort et pointu, est bleu pâle bordé de noir.
Outre son physique distinctif, qui peut varier légèrement selon la sous-espèce observée (il y en a neuf), la cassican flûteur est connu pour ses talents de chanteur et d’imitateur. En effet, ses appels couvrent quatre octaves et il est capable de reproduire les sons de 35 espèces d’oiseaux, ainsi que ceux de chiens, de chevaux et jusqu’à la voix humaine. Deux de ses mélodies les plus connues sont chantées à plusieurs de manière fixe et répétitive à l’aube et au crépuscule ; il fait ainsi office d’horloge pour certaines tribus aborigènes. Sa fiabilité varie cependant, car l’éclat de la lune l’encourage parfois à chanter la nuit aussi.
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Sédentaire, le cassican flûteur vit toute l’année avec un groupe d’une vingtaine de membres sur un territoire planté d’arbres et entouré de vastes espaces verts dans lesquels il se nourrit d’insectes ou de petits animaux. On le rencontre souvent près des parc ou aires de jeux dans les banlieues australiennes. Il passe un temps considérable à protéger son espace vital, allant jusqu’à se battre avec ses congénères. La période de reproduction s’étend d’août à fin octobre. La femelle pond jusqu’à six oeufs bleu clair qu’elle couve une vingtaine de jours. Les oisillons, lorsqu’ils survivent, restent dans le nid quatre semaines. A deux ans, ils doivent partir rejoindre un autre groupe et s’installer sur leur propre territoire. Le cassican flûteur peut vivre 25 ans, parfois 30.
Un parent surprotecteur qui n’hésite pas à attaquer les passants
Le cassican flûteur vit généralement fort bien en compagnie des humains. Mais lorsque la période de reproduction arrive, son comportement surprotecteur est à l’origine d’attaques potentiellement violentes. En effet, les passants australiens connaissent bien la période où les « magpies » foncent sur eux à coups de bec, toutes serres dehors. L’oiseau utilise aussi son corps entier telle une bombe afin de bousculer brutalement sa cible.
Des études ont été menées et il semble que les hommes, cyclistes et postiers soient les victimes préférées du cassican flûteur. Les enfants ne sont pas épargnés. La tête est l’endroit le plus touché et les yeux sont parfois blessés aussi. Etonnamment, l’oiseau peut rester fidèle à une cible et la poursuivre d’année en année. En 2017, selon le site Magpie Alert, 3253 attaques ont été recensées pour 518 blessés effectifs. Il est intéressant de noter que tous les oiseaux ne sont pas violents : en effet, seuls 8 à 10% attaquent réellement.
Face au danger saisonnier, les autorités ont mis en place des système d’alerte. Des panneaux routiers indiquent les zones dangereuses et le site collaboratif Magpie Alert permet de recenser et géolocaliser les attaques en temps réel. Enfin, les associations prodiguent de nombreux conseils : porter un casque (à pointes) et des lunettes de soleil, balancer un bout de bois au dessus de sa tête, fuir sans courir, éviter les zones à risque ou, mieux… faire ami-ami avec l’oiseau. Songer à le tuer est absolument vain, car l’oiseau est protégé dans la plupart des Etats.
Un symbole fort doublé d’un ami fidèle
Malgré les mésaventures de certains avec le cassican flûteur, ce dernier garde une place à part en Australie. Il est l’oiseau totem des habitants d’Illarawara et il s’affiche même sur le drapeau d’Australie-Méridionale : le piping shrike. Surtout, il est l’emblème du Collingwood Football Club surnommé « The Magpies » et dont les joueurs sont évidemment habillés en noir et blanc. D’autres club à Adélaïde ou Brisbane ont le même volatile comme symbole.
Enfin, une famille de Newport en Australie a lié des relations d’amitié étroites avec un cassican flûteur baptisé « Penguin ». Leurs photos de famille ont fait le tour du web, de quoi donner envie d’adopter un magpie sur le champ. Les lecteurs du Guardian ne s’y sont pas trompés, puisqu’ils ont élu le cassican flûteur « oiseau australien de l’année 2017 » devant le white ibis et le laughing kookaburra lors d’un vote organisé avec Birdlife Australia.
Valentine Sabouraud
Sources : wikipedia, abc, The guardian, Conversation.
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