Les habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont la seule population dans le monde chez qui on a découvert des gènes de Dénisoviens, un cousin disparu de l’homme moderne, selon une étude publiée jeudi dans la revue américaine Science.
Dans le passé, il y a eu des croisements entre groupes d’humains modernes, avec notamment l’homme de Neandertal disparu il y a 30.000 ans environ.
Mais alors que les flots de gènes hérités des Néandertaliens dans le génome des hommes d’aujourd’hui ont été documentés par de nombreuses études, peu était connu sur ce qui persiste de l’ADN de l’homme de Denisova, une espèce primitive qui se serait éteinte il y a au moins 30.000 ans, expliquent les auteurs de l’étude.
Les chercheurs ont analysé le génome de 1.523 personnes représentatives de la population mondiale, dont 35 de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les résultats montrent que toutes les populations non-Africaines de la planète ont hérité de 1,5 à 4% de gènes de Néandertaliens alors que seuls les Mélanésiens, venant des îles au nord de l’Australie, ont en plus une proportion significative de gènes de Dénisoviens (de 1,9 à 3,4%).
« Je suis surpris que des gènes de Néandertaliens et de Dénisoviens aient pu atteindre des endroits aussi isolés », commente un des auteurs, Andrew Merriwether, anthropologue de l’Université de Binghamton (New York).
« Nous savons que les Mélanésiens sont dans ces îles depuis au moins 48.000 ans, comme en témoignent les ossements retrouvés mais personne n’a pu établir de lien entre ces populations et d’autres lieux car elles ont été isolées très longtemps », ajoute-t-il.
Ces scientifiques ont également identifié des gènes hérités des Néandertaliens et des Dénisoviens qui conféraient des avantages, notamment immunitaires, aux ancêtres des habitants de ces îles du Pacifique.
« Certains des gènes chez les humains modernes hérités des Néandertaliens et des Dénisoviens ont aidé nos ancêtres à survivre et à se reproduire », précise Joshua Akey, de la faculté de médecine de l’Université de Washington, à Seattle, et l’un des auteurs de ces travaux.
Les chercheurs ont également déterminé que des croisements entre Néandertaliens et des hommes modernes se sont produits au moins à trois reprises, les humains modernes et l’homme de Neandertal ayant co-existé pendant des milliers d’années.
Mais les croisements entre humains et l’homme de Denisova ne se sont produits qu’une seule fois, selon ces scientifiques.
L’existence des Dénisoviens a été établie grâce à l’analyse génétique d’une phalange et de deux dents découvertes en 2008 dans une caverne dans le nord de la Sibérie. L’homme de Denisova a ainsi rejoint les rangs de nos anciens cousins dans l’arbre de l’évolution.
« Les Dénisoviens sont la seule espèce d’humains archaïques dont on sait plus par des analyses génétiques des hommes modernes que par les fossiles dont peu ont été mis au jour », souligne Joshua Akey.
Selon lui, l’hypothèse la plus probable est que les Dénisoviens devaient se déplacer sur de vastes étendues géographiques, allant jusque dans le sud-est de l’Asie où se trouvaient également des premiers humains modernes. Certains de leurs descendants seraient parvenus jusque dans les îles au nord de l’Australie.
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