Le prolifique compositeur français Michel Legrand, qui a remporté trois Oscars et cinq Grammys en plus d’un demi-siècle de carrière, est décédé samedi à l’âge de 86 ans, ce qui lui a valu une multitude d’hommages pour son « génie inépuisable« .
La musique de Legrand couvre un large éventail de styles et de genres. Il a composé pour plus de 200 productions cinématographiques et télévisuelles et a été associé à plus de 100 albums.
« Depuis mon enfance, mon ambition a été de vivre complètement entouré de musique, mon rêve était de ne rien rater, c’est pourquoi je ne me suis jamais concentré sur une seule discipline musicale » a-t-il dit un jour.
Il a d’abord remporté un Oscar en 1969 pour la chanson « Les moulins de mon coeur » du thriller à succès de Norman Jewison « L’affaire Thomas Crown ».
Il a ensuite obtenu des Oscars pour sa musique de « Un été 42 » en 1972 et « Yentl » en 1984.
M. Legrand, qui devait donner des concerts à Paris en avril, est décédé chez lui, dans la capitale française, tôt samedi, avec son épouse, l’actrice Macha Meril, à ses côtés, a confié à l’AFP son porte-parole.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a rendu hommage au « génie inépuisable » de Legrand, dont les « mélodies inimitables » sont devenues « la bande son de nos vies« .
« C’était l’un des plus grands musiciens et compositeurs français et l’un des créateurs de musique de film les plus célèbres du monde« , a déclaré E. Macron dans un communiqué, transmettant ses condoléances à la famille Legrand.
La liste des stars qui ont interprété les œuvres de Legrand au fil des ans se lit comme un who’s who de la musique du XXe siècle. Il comprend des musiciens de jazz tels que Miles Davis, John Coltrane et Bill Evans et des chanteurs aussi variés que Frank Sinatra, Kiri Te Kanawa, Barbra Streisand et Nana Mouskouri.
Il a remporté cinq Grammys sur 17 nominations, dont un pour le thème de « Un été 42 42 ».
Le compositeur et chef d’orchestre français Vladimir Cosma a déclaré à l’AFP que « pour moi, il est immortel, par sa musique et sa personnalité« .
« C’était une personnalité si optimiste, avec une sorte de naïveté dans l’optimisme, il voyait tout dans des couleurs gaies » a-t-il ajouté.
— Un monde magique —
Né le 24 février 1932 dans une famille de musiciens près de Paris, Legrand commence par jouer au piano les chansons qu’il a entendues à la radio.
Son père Raymond Legrand était lui-même compositeur et, bien qu’il ait quitté la maison familiale alors que son fils n’avait que trois ans, il l’a aidé plus tard à lancer sa carrière.
Sa mère, d’origine arménienne, l’inscrit au Conservatoire de Paris dès l’âge de 10 ans. Il y passera sept ans, avant d’obtenir son diplôme avec mention très bien en 1949.
« Pour moi qui détestais la vie, quand je suis arrivé au Conservatoire, j’ai franchi le seuil d’un monde magique où la seule question était la musique« , dit-il.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le jazz décolle de façon incroyable en France, et Legrand devient accro après avoir entendu le trompettiste américain Dizzy Gillespie.
— « Aventure artistique » —
Le premier album de Legrand, « I Love Paris », produit en 1954 par un label américain, le propulse dans le monde entier.
À la fin des années 1950 et dans les années 1960, il a travaillé sur ce qui est devenu le cinéma français de la Nouvelle Vague, signant des musiques de films pour les réalisateurs Jean-Luc Godard, Jacques Demy et Agnes Varda.
Varda a dit qu’elle sentait la perte « dans son cœur« , saluant l' »aventure artistique » de Legrand avec son mari Demy, dont « Les Parapluies de Cherbourg » et « Les Demoiselles de Rochefort », pour lesquels Legrand a été nominé aux Academy Awards.
Legrand a également écrit la musique du film de Joseph Losey « Le Messager », qui a remporté la Palme d’or au festival de Cannes en 1971.
En 1966, il s’installe à Los Angeles avec sa famille.
« C’était un risque réel de quitter la France, d’atterrir à Hollywood sans véritable engagement« , écrivait-il dans son autobiographie de 2013, qualifiant cette étape de « partie de roulette russe« .
Dans les années 80 et 90, Legrand continue de se produire en concert avec son propre trio de jazz. Il a également mis sur pied et dirigé un big band qu’il a emmené en tournées internationales, accompagnant des stars telles que Ray Charles, Diana Ross, Bjork et Stephane Grappelli.
Streisand a déclaré qu’avoir passé du temps autour du piano avec Legrand avait été l’un des « moments forts de ma vie en musique jusqu’à présent ».
« Sa contribution à la musique est incommensurable. Il a enchanté et réchauffé le cœur de tout le monde et sa légende et sa grande musique continueront à vivre« , a-t-elle dit sur Instagram.
Legrand s’est marié trois fois. Avec sa première femme, Christine Bouchard, il a eu trois enfants.
Glossaire
aider (v.) : to help
accro (adj & n.m) : an addict – addicted
arménienne (n.f) : Armenian
associer (v.) : to associate
au fil des ans : over the years
bande son (n.f) : soundtrack
carrière (n.f) : career
célèbre (adj.) : famous
chef d’orchestre (n.m) : conductor
communiqué (n.m) : release
(se) concentrer (v.) : to focus
conservatoire (n.m) : conservatory
condoléance (n.f) : condolence
décéder (v.) : to die
détester (v.) : to hate
diriger (v.) : to lead
enfance (n.f) : childhood
entendre (v.) : to hear
épouse (n.f) : spouse
éventail (n.m) : rade
génie (n.m) : genius
hommage (n.m) : tribute
immortel (adj.) : immortal
incommensurable (adj.) : immeasurable
inépuisable (adj.) : inexhaustible
lancer (v.) : to start
lui-même (p.p) : himself
mettre sur pied (exp.) : to set up
naïveté (n.f) : naivety
nominé (adj.) : nominated
Nouvelle Vague (exp.) : New Wave
obtenir (v.) : to obtain
œuvre (n.f) : creation
optimisme (n.m) : optimism
passer du temps (v.) : to spend time
perte (n.f) : loss
prolifique (adj.) : prolific
propulser (v.) : to propel
quitter (v.) : to leave
rater (v.) : to miss
réalisateur (n.m) : film directors
réchauffer (v.) : to warm
remporter (v.) : to earn
seuil (n.m) : threshold
s’installer (v.) : to move / settle
succès (n.m) : hit
trompettiste (n.m) : trumpeter
varié (adj.) : diverse
vie (n.f) : life
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IN ENGLISH PLEASE
Michel Legrand, French composer and Oscar winner, dies at the age of 86
Prolific French composer Michel Legrand, who won three Oscars and five Grammys during a career spanning more than half a century, died aged 86 on Saturday, prompting an outpouring of tributes for his « inexhaustible genius ».
Legrand’s music spanned a wide range of styles and genres. He composed for more than 200 film and TV productions and was associated with over 100 albums.
« Since I was a child, my ambition has been to live completely surrounded by music, my dream was to not miss anything, which is why I have never focused on a single musical discipline, » he once said.
He first won an Academy Award in 1969 for the song « The Windmills of Your Mind » from Norman Jewison’s hit thriller « The Thomas Crown Affair ».
He followed that with Oscars for his music for « Summer of ’42 » in 1972 and for « Yentl » in 1984.
Legrand, who had been scheduled to stage concerts in Paris in April, died at his home in the French capital early Saturday with his wife, the actress Macha Meril, at his side, his spokesman told AFP.
French President Emmanuel Macron paid tribute to the « inexhaustible genius » of Legrand, whose « inimitable tunes » became « the soundtrack of our lives ».
« He was one of the greatest French musicians and composers and one of the world’s most famous creators of film music, » Macron said in a statement, passing on his condolence’s to Legrand’s family.
The list of stars who performed Legrand’s pieces over the years reads like a who’s who of 20th-century music. It includes jazz musicians such as Miles Davis, John Coltrane and Bill Evans and singers as varied as Frank Sinatra, Kiri Te Kanawa, Barbra Streisand and Nana Mouskouri.
He won five Grammys from 17 nominations, including one for the theme from « Summer of ’42 ».
French composer and conductor Vladimir Cosma told AFP that « for me, he is immortal, through his music and his personality ».
« He was such an optimistic personality, with a kind of naivety in optimism, he saw everything in rosy colours! »
— ‘A magical world’ —
Born on February 24, 1932, into a musical family near Paris, Legrand started out by playing the piano songs he had heard on the radio.
His father Raymond Legrand was himself a composer, and although he left the family home when his son was only three he was later to help him launch his career.
His mother, of Armenian origin, enrolled him at the Paris Conservatory from age 10. He was to spend seven years there, before graduating with top honours in 1949.
« For me, who hated life, when I first came to the Conservatory I crossed the threshold into a magical world where the only question was music, » he said.
The end of World War II saw jazz take off in a big way in France, and Legrand became hooked after hearing a performance by the American trumpeter Dizzy Gillespie.
— ‘Artistic adventure’ —
Legrand’s first album, « I Love Paris », produced in 1954 by an American label, propelled him to worldwide fame.
In the late 1950s and 1960s he worked on what became known as French New Wave cinema, scoring films for directors Jean-Luc Godard, Jacques Demy and Agnes Varda.
Varda said she felt the loss « in her heart », hailing the « artistic adventure » Legrand had with her husband Demy, including « The Umbrellas of Cherbourg » and « The Young Ladies of Rochefort », for both of which Legrand was nominated for Academy Awards.
Legrand also wrote the music for the Joseph Losey film « The Go-Between », which won the Golden Palm award at the Cannes festival in 1971.
In 1966 he moved to Los Angeles with his family.
« It was a real risk to leave France, landing in Hollywood without real commitment, » he wrote in his 2013 autobiography, describing this step as « part of Russian roulette ».
In the 1980s and 1990s Legrand continued performing live with his own jazz trio. He also set up and led a big band which he took on several international tours, accompanying stars such as Ray Charles, Diana Ross, Bjork, and Stephane Grappelli.
Streisand said having spent time around the piano with Legrand had been one of the « highlights of my life in music so far ».
« His contribution to music is immeasurable. He enchanted and warmed the hearts of everyone and his legend and great music will live on, » she said on Instagram.
Legrand was married three times. With his first wife, Christine Bouchard, he had three children.
Source : AFP
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