« Notre planète, l’humanité et la vie sur terre sous toutes ses formes sont menacées par la crise de l’eau », préviennent les experts.
En grandissant en Australie, la plupart d’entre nous n’ont probablement jamais beaucoup réfléchi à la provenance de l’eau, cette ressource qui nous paraît illimitée.
Pourtant, si les modes de consommation de l’eau ne changent pas, deux tiers de la population mondiale devront faire face à un stress hydrique quotidien d’ici 2025. Un peu partout dans le monde, des villes vivent une pénurie d’eau du fait de l’augmentation des besoins et d’un approvisionnement qui s’amenuise.
La Banque Mondiale prévoit que l’accès à l’eau dans les villes pourrait diminuer de deux tiers d’ici 2050. « Ce qui se passe petit à petit, c’est que la pénurie en eau est de plus en plus répandue partout dans le monde ; les uns après les autres, les pays atteignent la limite de ce qu’ils peuvent consommer. », affirme le professeur Mike Young.
Le professeur Young est spécialisé dans la réforme de la politique de l’eau et est titulaire d’une chaire de recherche en politique de l’eau et de l’environnement à l’Université d’Adélaïde. Il discute régulièrement avec les gouvernements de la meilleure façon de gérer leurs ressources en eau et pense qu’il est essentiel que les pays du monde opèrent rapidement une transition vers un système d’accords de partage des ressources.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Bien que la terre soit couverte d’eau, l’eau douce ne représente que 2,5% du total. Et près de 99% de l’eau douce est piégée dans des endroits difficiles d’accès comme les glaciers ou les champs de neige. Au final, moins d’1% de l’eau de notre planète est disponible pour abreuver et nourrir 7,5 milliards de personnes.
La pénurie en eau est en large partie due à l’augmentation continue de la population mondiale et aux besoins croissants en eau qui accompagnent le développement. Par exemple, la production d’une bouteille de vin requiert l’équivalent de plus de 400 bouteilles d’eau. La production d’une calorie de viande nécessite dix fois plus d’eau que celle d’une calorie de plante cultivée. « Le développement des classes moyennes, qui mangent plus de viande, impactera dangereusement les ressources en eau. »
Une menace pour la paix et la stabilité
Ce mois-ci le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s’est alarmé des prévisions des besoins en eau, qui devraient augmenter de plus de 40% d’ici à 2050 ; au moins un quart de la population en eau vivrait alors dans des pays ayant un problème chronique ou récurrent d’accès à l’eau potable. Il a déclaré au Conseil de Sécurité des Nations Unies qu’on constatait déjà une augmentation des tensions liées à l’accès à l’eau un peu partout dans le monde et cela complique les relations entre les pays.
Pendant ce temps, il n’y certainement pas pénurie de personnes qui annoncent le stress et les bouleversements que pourrait provoquer la pénurie d’eau. Cette ressource est devenue une matière première attractive pour les investisseurs qui essaient de tirer profit de sa valeur croissante.
L’Australie en tête des changements nécessaires
Malgré ces constatations moroses, le professeur Young se dit « très optimiste » sur le fait qu’une véritable crise de l’eau, aussi catastrophique soit-elle, puisse être évitée. « Les modèles théoriques montrent qu’il n’y aura pas de problème si les ressources en eau sont bien gérées. »
D’après lui, un système de gestion approprié pour les pays se partageant l’accès à l’eau pourrait être de définir le droit à l’eau sous forme de partage et non de quantité garantie ; chaque personne aurait un compte en eau qui serait en tous points semblable à un compte bancaire. Au fur et à mesure que l’eau deviendrait disponible, elle serait créditée sur le compte et débitée lorsqu’elle serait utilisée. »
Au cours de ses consultations avec le gouvernement, le professeur Young affirme avoir constaté un intérêt accru pour une telle solution, tout en reconnaissant que cela nécessitera une forte volonté politique.
C’est cependant un domaine dans lequel l’Australie a de l’avance sur le reste du monde. Selon cet expert, « L’Australie a l’un des meilleurs systèmes de répartition de l’accès à l’eau au monde, notamment grâce aux réformes réalisées ces vingt dernières années qui ont permis de redéfinir nos droits à l’eau sous forme de parts ».
De bons systèmes de gestion, de solides infrastructures de captage et la création de marchés de l’eau ces dernières décennies ont rendu son attribution et son commerce plus efficaces.
Le rôle de la technologie
La désalinisation et le recyclage jouent un rôle de plus en plus important pour pourvoir aux besoins en eau de l’Australie. Des villes telles que Perth et Adélaïde se sont beaucoup appuyées sur la désalinisation. Cependant, en raison de son coût, cette technique a ses limites. « En règle générale, faire pousser des cultures en utilisant de l’eau dessalée n’est pas rentable », précise le professeur Young.
Mais l’innovation et les nouvelles technologies laissent entrevoir l’espoir d’une meilleure gestion de l’eau. En particulier, l’exploitation des données offre des opportunités, selon l’expert informatique Sharryn Napier, vice-présidente et directrice régionale de Qlik Australie et Nouvelle Zélande. « L’énorme quantité des données échangées actuellement et leur circulation sans précédent ont indubitablement révélé un énorme potentiel inexploité dans la gestion des ressources en eau, au niveau global comme en Australie », écrivait-elle dans The Australian en 2015. « En supplantant les données statiques ou compartimentées, l’analyse des données peut potentiellement jouer un rôle important dans la résolution des problèmes de pénurie en eau. »
Source : news.com.au
Glossaire :
accru (adj.) : increased
eau douce (exp.) : freshwater
indubitablement (adv.) : undoubtedly
pénurie (n.f.) : shortage
piéger (v.) : to trap / être piégé (passive form) : to be trapped
pourvoir à… (v.) : to supply for
titulaire de (adj.) : holder
IN ENGLISH:
Is the world running out of water?
“Our planet, the human family and life in all its myriad forms on Earth are in the throes of a water crisis,” the experts are warning.
Growing up in Australia, most of us probably didn’t think twice about where our seemingly endless supply of water came from.
But if current patterns of consumption continue unabated, two-thirds of the world’s population will be facing water shortages as a daily reality by 2025. Cities across the world are becoming increasingly thirsty as the demand for water grows and supply dwindles.
The World Bank forecasts that water availability in cities could decline by as much as two thirds by 2050.
“What’s happening bit by bit is that water scarcity is becoming increasingly common all around the world; country after country hits the limit of what it can use,” says Professor Mike Young.
Prof Young is a specialist in water policy reform and holds a Research Chair in Water and Environmental Policy at the University of Adelaide. He regularly consults with governments about how to best manage their water resources and believes time is of the essence for countries around the world to transition to a new system of water sharing agreements.
How did we get there?
While Earth may be covered in water, freshwater actually only represents 2.5 per cent of that. And almost 99 per cent of fresh water is trapped in hard to reach places like glaciers and snowfields. In the end, less than one per cent of the planet’s water is actually available to fuel and feed the world’s 7.5 billion people.
Scarcity has largely been driven by an ever growing population and a greater demand for water as the world has become more affluent. To put that another way, a bottle of wine takes over 400 bottles of water to produce. A calorie of meat also requires 10 times as much water to produce as a calorie of food crops. “As the world’s growing middle classes eat more meat, the earth’s water resources will be dangerously squeezed.”
A threat to peace and stability
This month the United Nations Secretary-General Antonio Guterres warned that by 2050 global demand for fresh water is projected to grow by more than 40 per cent and at least a quarter of the world’s population will live in countries with a “chronic or recurrent” lack of clean water. He told the UN Security Council that “strains on water access are already rising in all regions” and it was causing tension between nations. Indeed, since 1947, some 37 conflicts have taken place between countries over water.
Meanwhile there’s certainly no shortage of people heralding the potential stress and turmoil to be caused by water scarcity. The resource has become a popular commodity for investors who are looking to profit from the growing value of water.
Australia leading in the transition that needs to happen
Despite all the doom and gloom, Professor Young is “extremely optimistic” that the catastrophe of a true water crisis can be avoided. “The theoretical modelling that’s been done suggests there is no problem if water resources are well managed” he said.
According to him an appropriate management system for countries sharing access to water would mean “water rights are defined as shares not guaranteed entitlements, and every person is given a water account that looks just like a bank account. As water becomes available it’s credited to the account and when it’s used it’s debited,” he said.
During his time consulting with government he says they’ve shown a growing interest to adopt such systems but it “requires a lot of political will”. It’s an area where Australia is far ahead of much of the world. “Australia has one of the best water sharing systems in the world, particularly as a result of the reforms made in the last 20 years in Australia where we’ve redefined our water rights as shares,” Prof Young said.
Good accounting systems, robust catchment infrastructure and the establishment of water markets in recent decades has made it much easier to allocate and trade water effectively.
The role of tech
Desalination and recycled water are playing an increased role in meeting our water needs in Australia. Cities like Perth and Adelaide have relied heavily on desalination.
However at this point, due to the financial cost of desalination it does have its limitations.
“As a general rule, growing crops using desalination, it doesn’t pay,” Prof Young said.
But innovation and new tech are providing hope for improved water management. In particular, the harnessing of big data provides opportunity according to IT expert Sharryn Napier, who is the VP and regional director for Qlik Australia and New Zealand.
“The current era of mass data streaming and unprecedented data flow has no doubt brought about vast untapped potential in the management of global and Australian water resources,” she wrote in The Australian in 2015.
“By making the shift away from static documents or siloed collections, data analysis can potentially play a significant role in resolving the world’s water scarcity issues.”
Glossary:
in the throes of: en proie à
to dwindle (v.): diminuer, s’amenuiser, se tarir
to harness (v.) : exploiter
time is of the essence for (somebody) to (do) (exp.) : il est essentiel que (quelqu’un) (fasse) rapidement
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