Marie-Louise ne voudrait pour rien au monde abandonner son bar au nord de la France, même si beaucoup de ses clients centenaires réguliers sont décédés.
La propriétaire des lieux, une grande femme aux yeux bleus que tout le monde appelle Marie-Lou, n’a pas vu l’intérêt de moderniser son bar de briques aux rideaux de dentelle à Isbergues, une ville proche de la frontière belge. « C’est comme ça depuis 50 ans, » explique-t-elle, tout en essuyant le même comptoir Art Déco depuis 1931, alors qu’elle était âgée de 14 ans, lorsqu’elle a commencé à travailler pour son père dans ce bar. « Ils sont tous surpris qu’il n’y ait pas de pompe à bière ou de machine à café, mais ils ne se souviennent plus de l’ancien temps, car il n’y avait pas de pompe à bière ou de machine à café, » sourit la centenaire alerte, qui porte les cheveux coupés très courts et n’est pas maquillée, à l’exception d’un soupçon de rouge à lèvres rouge.
Ce bar minuscule — qui ne fait qu’une vingtaine de mètres carrés — n’a pas de nom. « Si vous servez de la bonne bière, vous n’avez pas besoin de nom » se justifie Marie-Lou, qui de la même manière, n’a pas besoin d’une connexion internet, d’un téléphone mobile ou d’une carte bancaire.
Jamais mariée, sans enfants, Marie Louise Wirth a repris l’établissement lorsque son père est décédé en 1954, alors qu’elle était âgée de 37 ans. En ce temps-là, les clients commandaient des vins doux comme du Byrrh et du Dubonnet, ainsi que de l’absinthe ou du pastis, cet alcool anisé qui est très populaire en France.
Mais le nombre de bars dans le pays a fortement diminué depuis leur âge d’or dans les années 60, lorsqu’on en comptait environ 600 000, alors qu’on en dénombre aujourd’hui moins de 35 000. Marie-Louise Wirth se souvient du temps où Isbergues, qui comprend environ 10 000 habitants, hébergeait une aciérie qui employait 6000 ouvriers. « A cette période, il y avait une centaine de bars » explique-t-elle sans une trace de nostalgie.
« Dieu seul le sait »
Marie-Lou ouvre son bar à 8h15 tous les matins, en sirotant un verre de liqueur de cerise avec son premier client. Joviale et en pleine forme, elle se qualifie elle-même de « petite curiosité » qui ne peut expliquer sa longévité. « Comment pourrais-je savoir pourquoi je suis comme ça ? Dieu seul le sait, mais il ne me parle pas ! »
Son secret ne peut pas être son régime alimentaire, affirme-t-elle : « je mange beaucoup de nourritures épicées… je mande tout ce que je ne devrais pas. Si vous me proposez de la mayonnaise ou de la confiture, je prendrai la mayonnaise. Mais je n’ai pas de cholestérol ! »
Et l’exercice physique ? « Vous savez, je vis comme quelqu’un qui a 60 ans, je sors beaucoup. J’aime bien aller danser. Ça ne me dérange pas de rentrer à la maison à 2h du matin et de me réveiller à 7h30. Je ne suis pas fatiguée. »
Marie-Lou prend même des risques qui pourraient paraître inconsidérés pour une personne de son âge. Sa meilleure amie Marie-Claire Legrand confirme qu’elle a même relevé le défi d’un parcours dans les arbres dans l’île française de la Martinique, dans les Caraïbes, et que toutes les deux sont montées en montgolfière. « Je suis une tête brûlée ! » s’exclame Marie-Louise. « Il n’y a pas d’intérêt à vivre si on ne fait ou ne voit rien. »
Les clients réguliers du bar de Marie-Louise Wirth se font de plus en plus rares — j’en ai enterré beaucoup », confie-t-elle, mais elle se jure de continuer comme ça aussi longtemps qu’elle le pourra.
Glossaire
aciérie (n.f.) : steelworks
âge d’or (exp.n.m.) : heyday
alerte (adj.) : sprightly
dentelle (n.f.) : lace
comptoir (n.m.) : countertop
en pleine forme (exp) : hale
inconsidéré (adj.) : ill-advised
jovial (adj.) : hearty
montgolfière (n.f.) : hot-air balloon
parcours dans les arbres (exp.n.m.) : treetop adventure
relever le défi (exp.v.) : take up the challenge
soupçon (n.m.) :
tête brûlée (exp.n.f.) : daredevil
Retirement? Not yet, says French bar doyenne, aged 100
Marie-Louise Wirth wouldn’t dream of giving up her bar in northern France, even if many of the 100-year-old’s regulars have passed away. The tall, blue-eyed proprietor, known to locals as Marie-Lou, also has seen little reason to modernise the brick-fronted tavern with lace curtains in the town of Isbergues near the Belgian border. « It’s been like this for 50 years, » Wirth said, wiping the same Art Deco countertop she did as a 14-year-old when she began working in the bar for her father back in 1931. « They’re all surprised there’s no beer pump or coffee machine, but they don’t remember the old days, because there wasn’t a beer pump or a coffee machine, » says the sprightly centenarian, who keeps her grey hair close-cropped and wears no makeup, except for a hint of red lipstick.
The tiny bar — only around 20 square metres (200 square feet) — has no name. « If you have good beer you don’t need a name, » says Wirth, who likewise has no use for the internet, a cellphone or credit card.
Never married and childless, Wirth took over the establishment when her father died in 1954 and she was 37. Those were the days when customers ordered sweet wines like Byrrh and Dubonnet, as well as absinthe or pastis, the anise-flavoured spirit that is still broadly popular in France.
But the country has seen a sharp decline in bars since their heyday in the 1960s when they numbered around 600,000, a figure that has shrunk to fewer than 35,000 today. Wirth recalls when Isbergues, which now has a population of around 10,000, was home to a steelworks with 6,000 workers. « Back then… there were a hundred bars, » she says without a trace of nostalgia.
‘Only God knows’
Wirth opens the bar at 8:15 every morning, sipping a glass of cherry brandy with her first customer.
Hale and hearty, she calls herself a « little curiosity » who cannot explain her longevity. « How am I supposed to know why I’m like this? Only God knows but he doesn’t speak to me! » The secret couldn’t be in her diet, she says: « I eat a lot of spicy food… I eat everything I shouldn’t. You give me mayonnaise or jam and I’ll take the mayonnaise. But I don’t have cholesterol! »
What about exercise? « You know, I live like someone who’s 60 years old. I go out a lot. I like to go dancing. I don’t mind coming home at 2:00 am and waking up at 7:30. I’m not tired. »
And Wirth takes risks that may seem ill-advised for a person of such an advanced age. Her best friend Marie-Claire Legrand confirms that she took up the challenge of a treetop adventure course in the French Caribbean island of Martinique in 2013, and that the two of them have been up in a hot-air balloon. « I’m a daredevil! » Wirth exclaims. « There’s no point living to do nothing and see nothing. »
Regulars at Wirth’s bar are becoming fewer — « I’ve buried a lot of them, » she says — but she vows to keep going as long as she can.
Source : AFP
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