Elle était sur toutes les affiches, elle habillait par la plupart des employés des stands, la marinière était omniprésente lors du Bastille day. Si ce vêtement représente aujourd’hui la France, il n’était qu’un simple habit de marin à sa création. Retour sur l’histoire d’une pièce indémodable que tout Français a forcément rangé quelque part dans son placard.
Ce top en coton est né d’une loi française. Même si certains le reconnaissent dans des peintures anglaises ou hollandaises, c’est la Marine Française qui l’instaure comme vêtement officiel des matelots en 1858 avec des critères spécifiques : « tricot de corps avec 21 rayures blanches de 20 mm de large et 20 rayures bleues de 10mm de large. Pour les manches, 15 raies blanches, 14 ou 15 bleues, en fonction de là où il est coupé ». Certaines légendes racontent que ces nombres spécifiques correspondent à un rappel des victoires de Napoléon. Le vêtement n’a aucune couture, juste pour les manches, ce qui permet d’éviter les boutons et d’être pris dans les cordages. Une façon aussi d’être à l’aise. La marinière est assez longue pour être rentrée dans le pantalon et arrivée au-dessus des cuisses, de façon à protéger les parties intimes des marins, qui, à l’époque, ne portaient pas de sous-vêtement. Les manches sont 3/4 pour ne pas dépasser celles de La Vareuse, autre vêtement de la garde-robe marine. Le tricot est rayé. D’après les autorités officielles, c’était une façon de distinguer les matelots si jamais ils tombaient en mer. Et si c’est en bleu et blanc, c’est tout simplement parce que ces couleurs ont toujours représenté la mer, le monde nautique et aquatique.
Les lignes de Coco
Gabrielle Chanel, connue sous le nom de Coco Chanel, est la première à introduire la marinière dans le monde de la mode. Déjà connue pour sa boutique de chapeaux à Paris, c’est à Deauville qu’elle sera inspirée par les pêcheurs en jersey et où elle va révolutionner le vestiaire féminin. Dès 1913, elle invente une mode plus sportive avec un tissu plus léger. En 1917, elle détourne ce vêtement militaire et de travail, elle en garde la forme et offre à de grandes et aristocrates des marinières en soie. On peut voir la jeune femme porter le vêtement sur certains clichés mais elle n’en fera jamais un produit de sa collection.
Si elle n’a pas osé l’imposer sur le podium, Jean-Paul Gauthier, 66 ans plus tard, le fera. Depuis son premier défilé « Boy Toy »en 1983, le créateur a fait de cette pièce et de ce motif, son empreinte stylistique. Comme il l’affirme : « Les pulls marins vont avec tout, ne se démodent pas et ne se démoderont probablement jamais ». Grâce à ses relations avec les célébrités du monde entier, Jean-Paul Gauthier a permis de véhiculer le look français dans tous les continents. Déjà dans les années 50, les acteurs et actrices américains avaient adopté la marinière. John Wayne, Marlon Brando, Audrey Hepburn mais aussi d’autres personnalités clés telles que Picasso devant l’objectif de Robert Doisneau ou Brigite Bardot, dans Le Mépris de Godard.
De là, plusieurs créateurs ré-utilisent le tricot rayé, de Hermès à Prada en passant par Karl Lagerfeld et Kitsuné. La marinière passe entre toutes les mains et finit même par être la tenue d’un sport populaire qui se joue avec les pieds : le maillot de l’équipe de France en 2011. Une façon de toucher un nouveau public plus « cool ». La vraie force de la marinière reste son intemporalité et le fait de pouvoir être portée par toute la famille.
Un savoir-faire français
Même si la fast fashion s’est elle aussi emparé de ce nouveau marché, certaines entreprises mettent en avant l’authenticité du produit avec un made in France comme Saint-James*, Minor, ou Armor-Lux, installées toutes les trois en Bretagne. Arnaud Montebourg avait d’ailleurs porté une marinière Armor-Lux en 2012 en Une du Parisien pour mettre en avant le savoir-faire du pays.
Plus qu’un vêtement, la marinière est un vrai étendard de l’histoire du peuple.
*Pour vous procurer une marinière Saint-James, direction notre French Market.
Vocabulaire :
une marinière : a strip jersey
indémodable : timeless
un matelot : a sailor
une légende : a legend
des cordages : rigging
un sous-vêtement : a underwear
un vestiaire : a cloakroom
un tissu : a fabric
un défilé : a fashion show
le savoir-faire : the expertise
In English, please!
It was everywhere during the Bastille day festival. The strip jersey represents France but before, it was just a cloth for sailors. Have a look at this timeless typical French thing which is in every wardrobe.
This top in cotton was born from French law. In 1858, the French Marina decided to put strip jersey as the official uniform for sailors with specific criteria : knitting bodies with 21 white stripes 20 mm wide and 20 blue stripes 10 mm wide. For the sleeves, 15 white, 14 or 15 blue stripes, depending on where it is cut. Some legends say that these specific numbers are a reminder of Napoleon’s victories. The garment has no seams, just for the sleeves, which helps to avoid pimples and get caught in rigging. It’s also a way to be comfortable. The sailor’s boots are long enough to be pulled into the trousers and reach above the thighs, so as to protect the private parts of sailors who, at the time, were not wearing underwear. The sleeves are 3/4 so as not to exceed those of La Vareuse, another item in the marine wardrobe. The knit is striped. According to official authorities, this was a way of distinguishing sailors if they ever fell at sea. And if it is in blue and white, it is simply because these colours have always represented the sea, the nautical and aquatic world.
Coco’s lines
Gabrielle Chanel, known as Coco Chanel, is the first to introduce the sailor clothe to the world of fashion. Already known for her hat shop in Paris, it is in Deauville that she will be inspired by jersey fishermen and where she will revolutionize the women’s cloakroom. In 1913, she invented a more sporty fashion with a lighter fabric. In 1917, she diverted this military and work clothing, keeping it in shape and offering silk strip jersey to great and aristocrats. You can see the young woman wearing the garment on some pictures but she will never make it a product of her collection.
If she didn’t dare to impose it on the podium, Jean-Paul Gauthier will 66 years later. Since his first « Boy Toy » fashion show in 1983, the designer has made this piece and this motif his stylistic imprint. As he says: « Marine sweaters go with everything, don’t go out of style and will probably never go out of style ». Thanks to his relationships with celebrities from all over the world, Jean-Paul Gauthier has helped to convey the French look to all continents. Already in the 1950s, American actors and actresses had adopted the strip jersey. John Wayne, Marlon Brando, Audrey Hepburn but also other key personalities such as Picasso in front of Robert Doisneau’s lens or Brigite Bardot, in Le Mépris de Godard.
From there, several designers re-used striped knitting, from Hermès to Prada, Karl Lagerfeld and Kitsuné. The clothe passes through all hands and even ends up being the holder of a popular sport that is played with her feet: the jersey of the French team in 2011. A way to reach a new, cooler audience. The real strength of the sailor’s style remains its timelessness and the fact that it can be worn by the whole family.
French know-how
Even if fast fashion has also taken hold of this new market, some companies highlight the authenticity of the product with a made in France product such as Saint-James, Minor, or Armor-Lux, all three based in Brittany. Arnaud Montebourg had also worn an Armor-Lux sailor in 2012 on the Parisian’s front page to showcase the country’s know-how.
More than just a garment, the sailor is a true standard in the history of the people.
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