Le monde reprenait tout juste son souffle après la seconde guerre mondiale lorsque le Festival de Cannes fut créé en 1946. Depuis, le festival a contribué à faire connaître les néoréalistes italiens, la Nouvelle Vague française, les audacieux classiques hollywoodiens des années 70 et de nombreux grands réalisateurs.
Cette année, c’est la 70ème édition du festival. Pour célébrer cet anniversaire, une série d’événements sont programmés jusqu’à sa clôture, le 28 mai. Le jury, présidé par le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar, un habitué de Cannes, comprend les acteurs Will Smith et Jessica Chastain.
L’affiche de cette 70ème édition montre Claudia Cardinale — star du film “Le Léopard”, qui a remporté la Palme d’Or en 1963 — faisant tournoyer sa jupe, les cheveux dans le vent, l’image même de la vitalité. Chaque année, le festival transforme une cité balnéaire assoupie en un carnaval tourbillonnant de glamour.
La première édition du festival en 1946 mettait en vedette Rita Hayworth dans « Gilda », de Charles Vidor, Anna Magnani dans « Le bandit », de Alberto Lattuada ou encore Ingrid Bergman dans « Hantise » de George Cukor. Parmi les innombrables stars qui ont brillé ici au fil des années l’on peut citer Grace Kelly, Brigitte Bardot, Monica Vitti, Sophia Loren, Paul Newman et Joanne Woodward. Sans parler de réalisateurs tels qu’Alfred Hitchcock, Pier Paolo Pasolini, les frères Coen et Quentin Tarentino.
Les films primés ont souvent reflété les mutations survenues dans le monde. En 1958, Mikhail Kalatozov fut l’unique metteur en scène soviétique à remporter le prix, pour « Quand passent les cigognes ». En 1964, la Palme d’Or revenait à Jacques Demy pour « Les parapluies de Cherbourg », un film musical très coloré avec Catherine Deneuve et Nino Castelnuovo dans les rôles principaux, et qui dégageait une forme d’innocence. En 1967, c’était au tour de de Michelangelo Antonioni et son film « Blow Up », dans lequel plane une atmosphère menaçante, d’être primés.
Puis vint 1968. Cette année-là, aucun prix ne fut attribué. François Truffaut, Louis Malle et Jean-Luc Godard, parmi d’autres réalisateurs, avaient demandé à ce que le Festival soit interrompu en raison des mouvements sociaux qui secouaient toute la France. Le contexte politique agité de cette période constitue la toile de fond d’un film en compétition cette année, « Le Redoutable » de Michel Hazanavicius. Louis Garrel y incarne Godard et Stacy Martin son épouse de l’époque, Anne Wiazemsky ; le film est basé sur l’autobiographie de cette dernière.
En réponse aux événements de 1968, le festival a établi la Quinzaine des Réalisateurs l’année suivante pour présenter plus de films d’avant-garde.
« Taxi Driver », un film de Martin Scorcese avec Robert de Niro, a remporté la Palme d’Or en 1976, après avoir beaucoup divisé la critique. Le public était nerveux cette année-là, après la découverte d’une bombe l’année précédente dans un complot échoué d’un groupe terroriste.
En 1979, embrassant les dimensions politiques présentes et passées, la Palme d’Or était décernée à deux films : « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola, désormais un classique sur la Guerre du Vietnam, et « Le Tambour » de Volker Schlöndorff, d’après le roman éponyme de Günter Grass, dont l’action se déroule à Danzig (aujourd’hui Gdansk, en Pologne) pendant la seconde guerre mondiale.
Pendant les années 70 et 80, le festival a présenté de nombreux films d’Europe de l’Est, dont plusieurs du réalisateur polonais Andrzej Wajda, qui ont sensibilisé le public à la réalité de la vie sous un régime communiste. Pendant cette même période, les mutations de l’industrie du cinéma faisaient de Cannes le plus gros marché cinématographique mondial.
Le vieux Palais des Festivals au style Art Déco a finalement été détruit et en 1983, un nouveau et gigantesque édifice était inauguré. Cet imposant bâtiment a vite été surnommé « le bunker ».
C’est là que les stars de cinéma montent les marches sur le tapis rouge et sont accueillies au sommet par les hauts gradés du Festival — aujourd’hui, il s’agit de Thierry Frémaux, directeur, qui supervise la sélection des films en compétition, et le président du festival, Pierre Lescure, auparavant directeur chez Canal Plus, la chaîne payante française qui retransmet les cérémonies d’ouverture et de clôture.
En 1993, Jane Campion fut la première femme à remporter la Palme d’Or avec « La leçon de piano », un prix qu’elle a partagé avec Chen Kaige pour « Adieu ma concubine ». Jane Campion innovera cette année encore : pour la première fois, le festival présentera des séries télévisées hors compétition, dont « Top of the Lake : China Girl », la suite de sa célèbre série criminelle féministe, dans laquelle joue Nicole Kidman.
En 2013, le jury présidé par Steven Spielberg attribuait la Palme d’Or à Abdellatif Kechiche pour « La vie d’Adèle ». Mais Spielberg avait officiellement associé à cette récompense les deux actrices du film, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, qui étaient alors en conflit avec le réalisateur suite à l’épreuve émotionnelle qu’avait constitué pour elles le tournage de scènes de sexe lesbiennes ; cela avait déclenché un débat international sur l’émancipation des femmes et le regard masculin.
Depuis 2015 et la série d’attaques terroristes qui ont frappé la France, le festival du film a renforcé sa sécurité. Pour autant, les fans continuent de se presser en espérant apercevoir les stars, et les paparazzi de prendre des photos qui sont instantanément diffusées dans le monde entier.
Glossaire :
cité balnéaire (n.f. , adj.) : seaside resort
décerner un prix, une récompense (v.) : to award
émancipation (n.f.) : empowerment
être en conflit (avec) (exp.) : to be at odds with
incarner (un personnage) (v.) : to play the role of…
haut gradé (n.m) : top brass
planer : to float
primé (adj.) : awarded
réalisateur (n.m.) : filmmaker
sensibiliser (à quelque chose) (v.) : bring awareness
toile de fond (n.f) : backdrop
tournage (n.m.) : shooting
Cannes Festival: featuring politics, mores and films icons
The world was just catching its breath after World War II when the Cannes Film Festival began in 1946. Since then, the festival has helped introduce the Italian Neo-Realists, the French Nouvelle Vague, the gritty Hollywood classics of the 1970s and many major directors.
This year, the festival is holding its 70th edition. To celebrate, a series of events are planned until its closing night on May 28. The jury, led by the Spanish film director Pedro Almodóvar, a Cannes regular, includes the actors Will Smith and Jessica Chastain.
The poster for the 70th edition features Claudia Cardinale — a star of “The Leopard,” which won the festival’s top prize in 1963 — twirling in a skirt, her hair blowing in the wind, the very image of vitality. Each year, the festival turns a sleepy, Mediterranean resort town into a swirling carnival of glamour.
The festival’s inaugural edition in 1946 featured Rita Hayworth in Charles Vidor’s “Gilda,” Anna Magnani in Alberto Lattuada’s “Bandit” and Ingrid Bergman in George Cukor’s “Gaslight.” Among the countless stars who have shone here over the years are Grace Kelly, Brigitte Bardot, Monica Vitti, Sophia Loren, Paul Newman and Joanne Woodward. Not to mention filmmakers like Alfred Hitchcock, Pier Paolo Pasolini, the Coen brothers and Quentin Tarantino.
The winning films have often mirrored changes taking place in the wider world. In 1958, Mikhail Kalatozov became the only Soviet director to win the top prize, for “The Cranes Are Flying.” In 1964, the Palme d’Or went to Jacques Demy’s “Umbrellas of Cherbourg,” a brightly colored musical starring Catherine Deneuve and Nino Castelnuovo that exudes a kind of innocence. In 1967 it was Michelangelo Antonioni’s “Blow-Up,” with an air of menace.
Then came 1968. That year, no prizes were given. François Truffaut, Louis Malle and Jean-Luc Godard, among other filmmakers, called for the festival to be halted in light of the social uprisings sweeping France. The turbulent politics of that era are the backdrop to a film in competition this year, Michel Hazanavicius’s “Redoubtable.” It stars Louis Garrel as Mr. Godard and Stacy Martin as his wife at the time, Anne Wiazemsky, and is based on Ms. Wiazemsky’s memoir.
In response to the events of 1968, the festival started the Directors’ Fortnight the next year to showcase more avant-garde works.
Martin Scorsese’s “Taxi Driver,” with Robert De Niro, won the Palme d’Or in 1976, after dividing the critics in the house. Audiences were on edge that year, after a bomb had been discovered the previous year, in a failed plot by a terrorist group.
In 1979, in a moment that seemed to capture the politics of both the present and the past, the Palme d’Or was shared by “Apocalypse Now,” Francis Ford Coppola’s Vietnam War classic, and Volker Schlöndorff’s “Tin Drum,” based on Günter Grass’s novel of the same name set in Danzig (now Gdansk, Poland) during World War II.
Throughout the 1970s and ’80s, the festival featured many films from Eastern Europe, including several by the Polish director Andrzej Wajda, bringing an awareness of life under Communism. At the same time, changes in the movie industry were turning Cannes into the biggest film marketplace in the world.
Eventually the old Art Deco-style Palais des Festivals was torn down, and in 1983 a giant new one was inaugurated. The hulking building on the port was quickly nicknamed “the bunker.”
It is here that movie stars walk the red-carpeted steps to be greeted at the top by the festival’s top brass — today, they are Thierry Frémaux, who as director oversees the selection of films in competition, and the festival’s president, Pierre Lescure, a former executive at the Canal Plus pay-television company in France, which broadcasts the opening and closing ceremonies.
In 1993 Jane Campion became the first woman to win a Palme d’Or, for “The Piano,” a prize shared with “Farewell My Concubine,” directed by Chen Kaige. Ms. Campion will break new ground this year, too: For the first time, the festival will showcase some television series out of competition, including “Top of the Lake: China Girl,” Ms. Campion’s follow-up to her acclaimed feminist crime series, featuring Nicole Kidman.
In 2013, a jury headed by Steven Spielberg awarded the Palme d’Or to Abdellatif Kechiche’s “Blue Is the Warmest Color.” But Mr. Spielberg said the jury also formally recognized the film’s stars, Léa Seydoux and Adèle Exarchopoulos, who were at odds with the director over the emotional challenges of shooting the film’s lesbian sex scenes, prompting an international debate about female empowerment and the male gaze.
Since 2015, when France was hit by a series of terrorist attacks, the film festival has increased security. Still, fans line the road hoping for a glimpse of stars, paparazzi snap photographs and the images are now published instantly around the world.
Source : www.newyorktimes.com
Glossary :
backdrop (n.) : arrière-plan, toile de fond, contexte
big brass : hauts gradés
to break new ground (exp.) : explorer de nouveaux territoires, innover
to be at odds with (exp.) : être en désaccord, en conflit avec (quelqu’un ou quelque chose)
enpowerment (n) : émancipation, autonomisation
glimpse (n.) : un aperçu
gritty (adj.) : 1 – granuleux 2 – courageux, qui a du cran
plot : 1- terrain/parcelle 2- intrigue (d’un roman ou d’un film- 3 – complot
to twirl (v.): tournoyer
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