Payer des individus pour qu’ils participent à votre place à une manifestation ? Quelle drôle d’idée ! Et pourtant une start-up poursuivant cet objectif vient d’être lancée en France. Décryptage d’un business hors du commun.
Uberiser la manifestation
Wistand c’est le nom de cette start-up qui est naît de l’imagination de Grégoire Laugier, communicant et manifestement entrepreneur dans l’âme. Face à l’augmentation du nombre de manifestations et compte tenu des emplois du temps de plus en plus remplis des concitoyens, il a pensé à créer une plateforme en ligne permettant de rémunérer des individus pour qu’ils se rendent à leur place à une manifestation.
A une époque où tout se transforme, Grégoire Laugier a décidé d’inventer ce « nouveau mode de contestation » matérialisé par la plateforme Wistand. Contretemps, maladies, difficultés à se déplacer, ou encore éloignement géographique : nombreuses sont les raisons de faire appel à cette nouvelle plateforme digitale.
Comment cela fonctionne ?
Rien de bien compliqué. Les utilisateurs des plateformes type Uber comprendront très vite. Ici pas question de commander un burger ou une salade apportés par un livreur mais l’objet de la commande est un « messager ».
Pour cela, il convient d’entrer la date et le lieu de l’événement, puis la durée précise pendant laquelle l’individu a besoin de ce service. Puis cliquer sur « ajouter au panier ». A partir de là Wistand s’occupe de faire matcher la demande du client avec la disponibilité d’un auto-entrepreneur prêt à le représenter le temps de la manifestation.
Le règlement de la prestation se fait directement sur internet à raison de 15€ par heure travaillée. Sur le montant total, Wistand prélèvera 20% avant de verser le reste au travailleur indépendant.
Ainsi, un citoyen faisant appel à un messager pour le représenter 3h à une manifestation paiera 45€ sur la plateforme, le manifestant empochera 36€ alors que Wistand percevra 9€.
Eviter les débordements
Si « manifestation » rime parfois avec violences et débordements, ceci est aux antipodes de ce que recherche la plateforme. « On veille à ce qu’il n’y ait pas d’appel à la haine, pas de propos qui puisse choquer, et que la manifestation soit déclarée en préfecture », précise Grégoire Laugier interrogé par nos confrères du Parisien. Pas de place pour les manifestation non-déclarées des gilets jaunes donc.
« Chaque messager représente au minimum une personne réelle » afin d’éviter toute surreprésentation mentionne d’ailleurs la page dédiée sur le site. Ce dernier précise également qu’un service de géolocalisation accessible depuis l’espace personnel du commanditaire lui permet de suivre pas à pas l’évolution du messager dans le cortège de la manifestation le jour J. Comme lorsque le client traque le livreur Deliveroo sur son smartphone alors que son estomac crie famine.
Aussi, une messagerie instantanée pour échanger avec le messager est l’occasion d’obtenir photos et vidéos de la manifestation prêtes à être postées sur les réseaux sociaux, tout cela, depuis son canapé.
Des services complémentaires
Parce qu’une manifestation sans banderoles n’est pas une manifestation, l’initiateur du projet a doté sa plateforme d’un outil de crowdfunding. Les individus n’ayant pas besoin d’un messager mais souhaitant contribuer financièrement à une manifestation peuvent y faire un don. Les fonds récoltés servent à acheter du matériel tels que des tee-shirts, des casquettes ou encore des banderoles pour optimiser la visibilité des militants en pleine action.
A ce jour, seuls une cinquantaine de messagers sont inscrits sur le site dont vingt journalistes infiltrés pour comprendre ce nouvel ovni de la manifestation. Il est donc encore tôt pour connaître le véritable potentiel de ce site d’un nouveau genre. Seul l’avenir nous dira si cette plateforme s’avère être « un véritable outil démocratique » comme elle le prétend aujourd’hui.
Source: Le Parisien
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