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L’Australie fait face depuis plus de 150 ans à un problème majeur au sein de son territoire : la prolifération des lapins de garenne. Et si le nombre de ces animaux a diminué d’année en année, le constat reste alarmant. Retour sur l’une des plus grandes catastrophes de l’Australie.
Nous sommes en 1859, plus de 70 ans après le début de la colonisation britannique. Attirés par l’or récemment découvert en New South Wales, les colons affluent en Australie. Parmi eux, Thomas Austin, un britannique amoureux de chasse et nostalgique de son pays, qui décide d’introduire sur le territoire australien 12 couples de lapins. Après s’être échappés de leur enclos suite à un incendie, ces animaux si mignons vont être à l’origine d’une des pires catastrophes qu’ait jamais connue l’Australie.
La spécificité de ce territoire est que le lapin ne va rencontrer devant lui aucun obstacle naturel : faisant preuve d’une exceptionnelle adaptation climatique, il prolifère, se multiplie sans aucune limite. En quelques années, plus des deux tiers du pays vont être ravagés par ces mammifères, qui progressent de plus de 110 kilomètres par an dans l’outback. Ils contribuent à la désertification en dévorant la végétation, causant une grave crise agricole et écologique. Car dix lapins mangent autant d’herbe qu’un mouton ! Les wallabies, ces petits kangourous auparavant très nombreux au sud de l’Australie, sont eux aussi directement menacés par le manque de nourriture.
D’énormes moyens mis en place
Après plusieurs tentatives infructueuses pour éradiquer cette espèce – pièges, chasses, poisons et même explosifs -, le gouvernement décide en 1901 d’ériger une barrière pour empêcher le rongeur d’atteindre les terres cultivées de l’Australie Occidentale. Plus de 1833 kilomètres de barrières sont ainsi installés de Wallal (nord-ouest) à Starvation Boat (sud), ce qui en fait la plus longue clôture du monde.
Hélas, le temps que l’ouvrage soit achevé, les lapins sont déjà passés de l’autre côté. Une deuxième, puis une troisième barrière de plus de 3000 kilomètres vont être érigées, mais rien n’empêche les nuisibles de passer. Pour les stopper, le renard, prédateur naturel du lapin, est introduit. C’est un désastre : au lieu de chasser les lapins, le renard va s’attaquer aux wallabies, déjà gravement menacés.
Myxomatose et puce espagnole
Au début des années 1950, le gouvernement va finalement créer une arme virale pour éradiquer le lapin : la myxomatose. Conçu spécialement pour tuer cette espèce, les premiers résultats sont satisfaisants, car en quelques années, près de 80% des lapins de garenne présents en Australie vont mourir. Mais cette tendance va être de courte durée : en effet, le virus se transmet par le moustique, qui ne s’adapte pas au climat désertique australien. De plus, 5 ans plus tard, les lapins ont développé une immunisation contre le virus et les effets de ce dernier deviennent quasi-inexistants.
Les années suivantes, les australiens vont encore tenter différents moyens pour venir à bout des lapins : on fait venir dans le pays la puce espagnole, qui se se révèle inefficace ; puis on introduit la « fièvre hémorragique » tchécoslovaque. Cette dernière, supposée tuer les lapins de garenne en 48 heures, ne va fonctionner que de manière très limitée, la virulence du virus étant réduite par la présence d’autres virus dans les zones humides d’Australie.
En 2017, l’Australie a décidé de répandre un autre virus redoutable pour cette espèce : le RHDV1K5, plus connu sous le nom de virus 1 de la maladie hémorragique du lapin. En deux mois, 42% des lapins présents dans le New South Wales sont éradiqués. La mesure n’est toutefois pas du goût de tout le monde. L’Espagne s’indigne de ce processus d’éradication, car elle fait face au problème inverse de l’Australie : le pays manque de lapins à l’état sauvage, pourtant indispensables à la survie de leurs prédateurs naturels comme le lynx et l’aigle ibérique.
Reste qu’en Australie, ce sont aujourd’hui plus de 200 millions de lapins qui continuent de vivre et se reproduire dans tout le pays. L’invasion prendra-t-elle fin un jour ? A suivre…
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