C’est slâaaa oui, vous avez bien lu. La célèbre pièce du Splendid sera jouée en Australie dans quelques semaines, du 2 au 5 mai précisément, ramenée à la vie par les comédiens amateurs du Melbourne French Theatre (MFT), avec surtitres en anglais s’il vous plaît. Une énorme rigolade en perspective, quoique… et si l’humour franchouillard ne prenait pas ici ? Après tout, l’esprit est un trait de caractère qui ne se partage pas facilement ! On a demandé son avis à Michael Bula, co-fondateur et programmateur en chef du MFT.
Quand avez-vous découvert la pièce pour la première fois ?
N’étant pas français, je savais qu’elle existait, bien sûr, mais je ne l’avais jamais vue. C’est un membre du comité du MFT qui, un jour, a suggéré qu’elle ferait un carton en Australie. Je me suis procuré le film en 1999. J’ai adoré, mais avec cette langue-là, ses idiotismes… la présenter telle quelle à un public non-francophone eût été un suicide. Heureusement, formidable coïncidence, 1999 est aussi l’année où nous avons lancé les surtitres. A l’époque, il faut savoir que nous faisions des résumés en anglais, scène par scène, et il nous a fallu du temps pour utiliser les diapos puis les power points. Nous avons commencé avec Le voyage de monsieur Perrichon de Labiche et, en 2000, nous avons présenté Le père Noël est une ordure – dans lequel je jouais moi-même le rôle du voisin serbe Preskovitch.
Pourquoi avoir finalement choisi de la rejouer en 2018 ?
C’est une combinaison de plusieurs facteurs. D’abord, comme je le disais à l’instant : il y a la maîtrise du surtitrage – essentielle. Ensuite, une très forte demande de la part de la communauté française : on me réclame cette pièce depuis longtemps. Enfin, je crois que personne d’autre, ici, n’est en mesure de la monter, personne n’oserait. Je crois que seul le MFT est capable de se lancer dans cette aventure et nous le faisons car nous considérons qu’il est de notre devoir d’ouvrir en Australie une fenêtre sur d’autres cultures.
Film ou pièce : que préférez-vous ?
La pièce a ma préférence ! Elle fait partie de notre ADN à nous, gens de théâtre. D’ailleurs, peu de personnes le savent, mais la pièce est antérieure au film (1979 vs 1982 ndlr). L’histoire a été retravaillée pour le grand écran avec toute une pléiade d’acteurs en plus, notamment Josiane Balasko qui n’était pas dans le casting original de la pièce.
Une scène que vous aimez particulièrement ?
J’adore celle qui réunit Katia et Josette devant le formulaire de la sécu. Un travesti et une paumée qui bataillent avec la bureaucratie française, pour moi c’est impayable ! Surtout quand Katia dit « ça dépend, ça dépasse » (à propos d’une ligne que Josette essaie de faire entrer dans une case – qu’il lui aurait fallu cocher ndlr) (éclats de rires).
Vous ne craignez pas que cette scène soit incompréhensible pour les Australiens ?
Il est vrai qu’il faut un esprit latin pour apprécier, mais c’est notre défi de faire comprendre ces subtilités, ces nuances. C’est moi qui ai assuré la nouvelle traduction en anglais, et j’ai une vingtaine d’oeuvres traduites à mon actif. Quand je m’en occupe, je vais vous avouer quelque chose : je ne tape rien ! Je prends mon dictaphone et je joue oralement pour un public imaginaire. C’est avec lui dans ma tête que je passe une semaine à traduire et transposer les blagues. J’essaie de rendre le texte compréhensible pour les Australiens. J’observe d’ailleurs une chose amusante, c’est le décalage entre le rire des francophones, qui entendent les blagues, et celui des anglophones qui les lisent… Finalement, les spectateurs rient deux fois et les comédiens sont, en quelque sorte, doublement récompensés.
L’usage d’un langage grossier ou les armes sur scène, c’est compliqué en Australie : vous confirmez ?
La question se pose surtout pour les écoles devant lesquelles nous jouons. Oui, les jurons ou la vulgarité sont interdits. Mais lorsque vous lisez des interviews, on utilise souvent le « F… » qui suggère assez bien le mot caché et il y a moyen de mettre des signes de ponctuation comme l’astérisque. Donc, on essaie de garder l’esprit du texte dans la traduction. A l’oral, la question est moins problématique. En ce qui concerne les armes, même factices (elles le sont forcément), il faut une autorisation spéciale. Nous sommes en train de la demander. J’ajoute, que nous aurons aussi des effets sonores liés à l’usage de ces dernières donc, nous prévoyons tout en amont pour jouer dans les meilleures conditions malgré les restrictions.
Que peut-on attendre du père Noël cette année ?
En tout cas, ça avance bien. Je suis très heureux du casting. Les acteurs sont à 150% parfaits dans leur rôle. Individuellement ça marche et, plus important encore, ils fonctionnent aussi en équipe ! Franchement, je rigole du début à la fin de chaque répétition. Maintenant, j’ai demandé à chacun d’apprendre son texte très en amont afin de peaufiner son personnage. La pièce est rapide et les répliques s’enchaînent à la vitesse d’un tir de mitraillette… Je crois qu’ils m’ont écouté. Nous aurons 120 places dans notre salle (6 représentations), et nous avons déjà pas mal de réservations. J’invite les spectateurs intéressés à réserver rapidement. Ils vont passer un excellent moment.
Propos recueillis par Valentine Sabouraud
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Le père Noël est une ordure par le MFT avec Candice Blondeau, Karim Bouriah-Lopez, Dominique Croset, Alexis Renou, Guillaume Sabouraud, Thibaut Schweitzer et Richard Ryan à Library at the Dock, 2nd floor Performance space, 107 Victoria Harbour Promenade, Docklands 3008 du 2 au 5 mai en matinée et soirée. Réservations ici. Prix de 20 à 37 $.
Légendes photos : 1/ 1ère représentation de la pièce par le MFT avec M. Bula 2/ Accessoires utilisés dans la pièce 3/ Casting 2018 4/ Distribution originale.
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