Distressed, un court-métrage tourné à Manly par deux amis photographes a récemment gagné le 2020 Paris Independent Film Festival dans la catégorie « Short documentary ». Le Courrier Australien a rencontré Tobias Lord, son réalisateur.Franco-australien, amoureux du surf et de l’océan. Tobias a est né à Perth, avant de partir à Paris où il a grandi. Jeune adulte, il est revenu en
Australie avec un aller simple et s’est installé à Sydney où il est « tombé amoureux du surf ». Il a découvert Manly qui devient alors sa plage et où il se rend pour surfer, nager et photographier. C’est d’ailleurs là qu’il rencontre Tim Elwin, qui partage la même passion pour le surf, la mer et le dépassement de soi.
Tim cultive l’idée de capturer une image représentant la juxtaposition entre la paix et la douleur que le photographe endure depuis un grave accident. Il parvient à convaincre Tobias de filmer un court-métrage sur les coulisses de la réalisation de cette photo exceptionnelle. Tobias est conquis par le projet et décide de se lancer dans l’aventure.
Pourquoi avoir fait le choix de tourner ce court-métrage à Manly ?
Tim et moi avons tous les deux une histoire d’amour personnelle pour la plage de Manly. C’est notre plage, là où nous nous sommes rencontrés, et où nous nous retrouvons très tôt le matin. Manly c’est « home » pour lui et moi.
Le lever de soleil est absolument magique. Il apparaît petit à petit et se reflète sur l’eau. Il y a presque quelque chose de spirituel. C’est un bonheur physique, émotionnel et mental pour moi.
Est-ce que tourner à Manly a apporter des défis supplémentaires ?
La coordination des équipes reposait sur les épaules de Tim. Il a dû demander des permissions et s’assurer que tout le matériel de sécurité était là.
Ensuite, il était essentiel d’un point de vue artistique de n’avoir que de l’horizon. Mais à Manly, il y a un cap terrestre. Or le soleil bouge tout au long de l’année, l’hiver, le soleil se lève beaucoup plus au sud et l’été beaucoup plus au nord. Quand on a voulu prendre la photo, le soleil était derrière ce cap. Nous avons donc dû sortir beaucoup plus loin dans l’océan, jusqu’à 100 mètres de plus qu’initialement prévu. Mais ça nous a forcés à aller au-delà des vagues, c’était donc beaucoup plus calme et paisible parce qu’il y avait moins de houle. Donc, finalement ces défis nous ont permis de prendre une photo encore plus magique.
Combien avez-vous impliqué de personnes dans la réalisation ?
Pour ce qui est du film, j’étais seul dans la mer, et deux personnes filmaient par drone. J’ai également fait la production et la post-production du film. Pour ce qui est de la photo, Tim l’a réalisée mais deux autres personnes étaient présentes pour l’assister et faire fuir de potentiels requins ! Donc en tout, nous étions 8 dans l’eau et 2 sur le sable.
Quelles sont les étapes pour présenter son court-métrage au Paris Independent Film Festival ?
C’est Tim qui a présenté le court-métrage, puis le comité du festival décide quels films pourront entrer en compétition. Un jour il m’a appelé et m’a annoncé que notre candidature avait été acceptée et que nous étions en lisse. Je dois avouer que je ne m’y attendais pas du tout. Pour moi, je faisais juste un film pour un ami et la communauté. Jamais je n’aurais pensé que nous irions aussi loin.
Et justement, est-ce que vous vous souvenez de votre état d’esprit quand vous avez appris votre victoire ?
C’est Tim qui m’a appelé un matin en me disant « on a gagné le festival de Paris ». J’ai tout de suite pensé « mais comment est-ce possible ? ». J’avais fait ce film dans une état d’esprit complètement différent. J’ai travaillé sur ce film la nuit en parallèle de mon job à plein temps et de mes enfants. Quand j’ai donné le film à Tim pour son exposition il n’était pas fini, il manquait plein de petits détails et il y avait des problèmes de raccord.
Alors quand j’ai appris qu’on avait gagné, je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait. Je me sentais un peu imposteur. Si j’avais su j’aurais voulu terminer le film avant de le présenter.
Mais en fait, ce qui a plu c’est que le film a été réalisé avec le cœur et non avec l’envie de gagner. Je l’ai fait pour un ami et pour la beauté de l’histoire. C’est ça qui a accroché avec les gens.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans la photographie ou la réalisation d’un court-métrage ?
Le conseil numéro 1 pour moi, c’est l’histoire. Je ne suis jamais allé dans une école de film ou de photographie. J’ai tout appris sur YouTube donc la technique n’importe pas tant que ça. Si vous n’avez pas d’histoire, vous n’avez rien.
La preuve de l’importance de l’histoire, c’est notre victoire à Paris alors que le film n’était techniquement pas parfait. Mais on avait une connexion humaine qui mérite d’être racontée.
Pour continuer à rêver avec Tobias et Tim, vous pouvez retrouver tout le travail sur leurs pages Instagrams et leurs sites internet
Tobias @tobylordphotography
https://www.tobylordphotography.com/
Tim @urbanripples
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