Depuis cette année, l’école French tête-à-tête installée à Abbostford Convent vous propose de rencontrer une personnalité francophone singulière qui vous parlera de son métier, de sa passion et de ses projets. Une entrevue en petit comité pour converser de manière informelle dans la langue de Molière (débutants bienvenus). Deuxième intervenante ce samedi : Isabelle Mangeot-Hewison… oui, oui, la sœur cinéphile de Philippe Mangeot, scénariste à ses heures et invité spécial de l’Alliance Française French Film Festival dont nous avons déjà parlé. Elle revient, pour Le Courrier Australien, sur son parcours et son amour du cinéma. Un entretien tout feu tout flamme.
« Je ne suis pas une experte » annonce-t-elle tout à trac. En effet, l’ancienne professionnelle dans la communication et les relations publiques est désormais professeure de français… pas critique de cinéma. Pour autant, la passion du 7ème art est bien là, vivace, brûlante, partagée avec un époux dans le métier et un frère bien connu pour avoir participé à l’écriture de 120 Battements par minute. On ne lui demande pas quels sont ses films « fondateurs » mais plutôt ceux qu’elle a vus et aimés lors du festival en cours.
« J’ai adoré Barbara, un film qui montre la folie du réalisateur et qui exacerbe la ressemblance troublante entre l’actrice et son modèle. Même sans connaître la chanteuse, on peut aimer », assure Isabelle. En revanche, ce n’est pas le cas pour Redoutable, « un film merveilleux, drôle, intelligent mais sans distance avec l’époque et, surtout, avec une référence à la minute ». Il faut donc être ultra-averti et connaître Godard sur le bout des doigts pour apprécier ce long-métrage. Isabelle a aussi beaucoup aimé Au revoir là-haut mais peut-être pas autant que si elle l’avait vu… sans avoir lu le livre de Lemaitre avant. Toujours ce maudit décalage qui dessert parfois les adaptations. De C’est la vie, elle dit : « un film sympa, bien foutu, drôle où les grands acteurs ne sont pas sous-utilisés ». A voir donc ! Et si votre agenda est déjà lourd, vous pourrez vous passer des Fantômes d’Ismaël, « mal fichu, à la peine : n’y allez pas. » On la remercie du conseil. Inutile de préciser que la cinéphile ajoute à sa liste 120 Battements par minute, « mais sans lien avec le rapport particulier que j’entretiens avec lui, c’est un grand film, voilà tout. Une œuvre importante. »
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Qui n’aime pas qu’on lui raconte des histoires ?
Comment devient-on expert(e) en cinéma ou tout du moins, en mesure de critiquer un film ? « Il y a le goût et, surtout, le fait d’en voir beaucoup. » Pour Isabelle, aucun doute : plus on en regarde et plus on est à l’aise dans cet environnement, c’est un peu « l’effet boule de neige ». Et la Française d’ajouter avec malice : « Qui n’aime pas qu’on lui raconte des histoires ? Tout le monde adore ça ! Et le cinéma est si facile d’accès, bien plus immédiat que les livres par exemple. » Il n’y a donc plus qu’à s’offrir un abonnement à l’Astor… ou un gros débit Internet.
Quant au « cinéma-français », si Isabelle pense instinctivement que « non, il n’existe pas », au-delà des clichés sur l’amour et le sexe, elle lui reconnaît une « patte », une liberté d’expression et une capacité de réflexion. Elle note aussi, peut-être à cause de la Nouvelle Vague, que les référentiels perdurent. Il continue d’ailleurs à séduire par son côté « intellectuel marrant ». Pour autant, cela ne signifie pas que le cinéma australien ne vaut rien. Au contraire, elle salue notamment l’extrême vitalité des séries : The Slap, Puberty Blues, Jack Irish, Wentworth, Gallipoli et « les deux dernières en date que j’ai adorées : Picnic at Hanging Rock et Safe Harbour. » On les ajoute vite à notre liste des films à voir !
Valentine Sabouraud
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