Un ancien avocat et banquier multimillionnaire a réussi son putsch surprise lundi contre le Premier ministre conservateur Tony Abbott et deviendra le prochain chef du gouvernement australien.
Tony Abbott, arrivé au pouvoir en 2013 après une large victoire des conservateurs aux élections législatives, avait été contraint d’organiser lundi soir un vote du Parti libéral, la principale formation de la coalition conservatrice au pouvoir, par l’annonce de Malcolm Turnbull qu’il en briguait la direction.
Malcolm Turnbull, 60 ans, l’un des ministres les plus en vue du gouvernement, avait aussi annoncé à cette occasion qu’il abandonnait son portefeuille des Communications.
L’ancien avocat a recueilli 54 voix des sénateurs et représentants libéraux, contre 44 voix à un Premier ministre devenu de plus en plus impopulaire dans les sondages. Malcolm Turnbull deviendra de facto le prochain chef du gouvernement.
La ministre des Affaires étrangères Julie Bishop, qui selon certains médias s’était jointe à Malcolm Turnbull pour demander au chef du gouvernement de démissionner, a elle conservé la présidence adjointe du parti, par 70 voix contre 30.
Tony Abbott avait pourtant assuré qu’il mettrait en échec la tentative de putsch. « Je serai candidat et je m’attends à gagner », avait-il dit.
Malcolm Turnbull a expliqué qu’il avait choisi de croiser le fer avec Tony Abbott car les conservateurs risquaient de perdre les prochaines élections.
Le chef du gouvernement a pâti du ralentissement de la croissance économique et de l’effondrement des cours des matières premières dont l’Australie est un gros exportateur.
-Coups de poignard dans le dos-
L’ancien journaliste de 60 ans, devenu banquier d’affaires ayant beaucoup investi dans les start-up technologiques, a longtemps été considéré comme le principal rival de Tony Abbott.
Le Premier ministre avait survécu au mois de février à une motion de défiance portée par plusieurs membres du parti qui lui reprochaient de mauvais résultats électoraux, des revirements politiques et des coupes budgétaires impopulaires. Le texte avait été rejeté par 61 voix contre 39.
Mais M. Abbott n’avait pas réussi à se refaire une santé dans les sondages et à relancer l’économie alors que l’Australie doit trouver de nouveaux moteurs de croissance pour prendre le relais du secteur minier.
Malcolm Turnbull a expliqué que faute de changement à la tête du gouvernement, les prochaines élections seraient remportées par le parti travailliste dirigé par Bill Shorten.
Le scrutin doit être organisé avant janvier 2017.
« Si nous continuons avec M. Abbott à la tête du gouvernement, ce qui se passera est évident. Il cessera d’être Premier ministre et c’est M. Shorten qui lui succédera », a lancé le ministre démissionnaire.
La politique australienne n’est pas étrangère aux putschs, coups de poignard dans le dos et changements d’allégeance soudains.
M. Turnbull lui-même avait été défait par Tony Abbott fin 2009 après avoir dirigé le Parti libéral au moment où celui-ci était dans l’opposition.
Pendant leurs six années de pouvoir avant l’arrivée aux affaires du gouvernement conservateur, les travaillistes avaient été déchirés par des luttes fratricides, qui s’étaient soldées par des changements de Premier ministre.
L’Australie a besoin d’un style de gouvernement qui « respecte l’intelligence du peuple, qui explique les questions complexes et détermine une politique », a déclaré le multimillionnaire. « Nous avons besoin de persuasion, pas de slogans ».
Le Parti travailliste dépasse les conservateurs dans les sondages depuis plusieurs mois. Dans un sondage publié par Newspoll la semaine dernière, 63% des électeurs se disaient mécontents de Tony Abbott.
par Madeleine COOREY – AFP
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