Son titre improbable d’une longueur exceptionnelle n’a pas empêché Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates de devenir un best-seller, valant à ses auteures, Annie Barrows et Mary Ann Shaffer (photo ci-contre), une subite reconnaissance internationale. Dix ans plus tard, le livre est adapté au cinéma par Mike Newell, celui-là-même qui a réalisé Quatre mariages et un enterrement. Alors que le film sort tout juste en salles, retour sur l’entretien réalisé avec Annie Barrows, au lendemain de la première à Londres.
A ce jour, votre livre s’est vendu à plus de 7 millions d’exemplaires… vous vous attendiez à un tel succès ?
Absolument pas ! J’ai terminé le livre de ma tante Mary Ann Shaffer en 2007 (il s’agit véritablement de son œuvre à elle) pour faire plaisir à ma famille. Je n’avais pas d’autre ambition à l’époque. J’ai été très surprise par le succès qu’il a rencontré et plus encore lorsqu’on m’a parlé d’une possible adaptation au cinéma. Transposer un roman épistolaire sur grand écran : difficile à imaginer.
Les producteurs Paula Mazur et Mitchell Kaplan ont très tôt acheté les droits pour le cinéma, mais il a fallu 10 ans pour réussir à monter le film. L’attente a donc été longue…
Ils ont fait preuve d’une remarquable persévérance. Régulièrement, on me téléphonait pour évoquer un réalisateur ou un scénariste, souvent sans suite (les noms de Kenneth Brannagh ou Kate Winstlet ont circulé ndlr.). J’ai parfois pensé que ça ne se ferait jamais. Finalement, j’ai été ravie quand on m’a annoncé que Mike Newell allait réaliser le film. Quant au choix des acteurs, c’est un casting de rêve avec Lily James (Juliet), Jessica Brown Finlay (Elizabeth), Mathew Goode (Sidney), Michiel Huisman (Dawsey)…
Avez-vous été associée à l’écriture ou à certaines décisions ?
Non. La littérature et le cinéma sont deux « artisanats » très différentes. J’ai écrit le meilleur livre possible avec ma tante et j’ai confié aux meilleures personnes possibles le soin d’en faire le meilleur film. Chacun son métier. Mais j’étais confiante. Paula et Mitchell ont très tôt aimé Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patate et ils savaient ce qu’ils faisaient. Néanmoins, je suis restée disponible pour éclairer ou répondre à des questions.
Par rapport au livre, certaines lettres ont été ajoutées ou changées, des passages du récit ont aussi été laissés de côté : qu’en avez-vous pensé ?
J’ai surtout été étonnée que la lettre en tant que telle – et surtout le lien qu’elle contribue à créer – garde toute son importance dans le film ! Ensuite, c’est vrai, il y a eu des changements et des ajouts. J’ai trouvé cela bien fait et efficace. Pour le reste, il y avait forcément une sélection à faire : justifiée ou pas, tout dépend des goûts et de l’attachement des lecteurs à telle ou telle partie de l’histoire. Vous évoquiez Oscar Wilde passé sous silence ; de mon côté, je considère que Charles Lamb était l’auteur à conserver absolument. Du reste, il a gardé un rôle central.
Avez-vous été sur le tournage ? Avez-vous pu en rapporter un souvenir ?
Oui, absolument. J’ai été invitée sur le plateau et j’ai été impressionnée de voir recréer tout un monde qui avait grandi dans mon imagination. C’était très étrange. Comme souvenir je n’ai, hélas, pas pu garder le décor de l’appartement en ruine de Juliet, mais on m’a donné la couverture du livre de Izzy Bickerstaff qui a été réalisée pour le film.
Comment s’est passée la première du film à Londres ?
Très bien et chargée d’émotions. J’étais assise à côté de ma famille, et c’est un peu comme si ma tante avait été parmi nous. Dans la salle, il m’a semblé que tout le monde a été ému à un moment ou un autre. Ensuite, j’ai consacré du temps à la promotion. J’ai presque rencontré plus de monde en deux jours qu’en une année chez moi, aux Etats-Unis.
Un message particulier à nos lecteurs français ?
J’ai été surprise et touchée du succès du livre en France. Imaginez : un roman écrit par deux américaines dont une grande partie se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale en territoire anglais. Les Français auraient pu être très critiques – d’autant que le traitement d’un sujet historique est toujours délicat – mais ils ont aimé. Les élèves du baccalauréat ont même planché sur Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates en 2009 : un honneur !
Propos recueillis par Valentine Sabouraud
Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates : avis En 1946 à Londres, Juliet, jeune écrivaine en quête d’inspiration, reçoit une lettre inattendue de Dawsey, un habitant de Guernesey. A fil de leur correspondance, elle va être amenée à s’intéresser à la vie du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates dont ce dernier a été membre durant l’occupation allemande… Dans son film, Mike Newell réussit le pari de conserver le charme et l’excentricité du roman épistolaire de Shaffer et Barrows tout en lui offrant une vie propre, plus charnelle et moins sombre. Le choix des paysages verdoyants de Cornwell et du Devon sont particulièrement séduisants et la scène du repas clandestin tourne au merveilleux festin pour les corps et pour les cœurs. On goûterait bien de ce cochon croustillant ou de cette tourte blonde en compagnie de ces joyeux lurons. Enfin, comment ne pas valider la présence d’une partie du casting de la série Downton Abbey ? Les amoureux de Sybil comprendront. S’y ajoute, en bonus, l’interprétation tendre et loufoque de Katherine Parkinson qui compose une touchante Isola. Bref, un parfait feel good movie qui ne doit surtout pas vous empêcher de lire et relire le livre. V.S. |
Sortie australienne le 19 avril
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