Ottawa a pour la première fois bloqué une vente de terres rares provenant du Grand Nord canadien à une entreprise basée en Chine, leader du secteur, a déclaré mardi une source gouvernementale.
Le gouvernement fédéral n’exclut pas d’intervenir à nouveau afin de « restreindre les investissements chinois dans le secteur minier canadien », a dit un responsable à l’AFP sous couvert d’anonymat, n’étant pas autorisé à s’exprimer publiquement sur le sujet.
Suite à la faillite de sa branche canadienne, la société australienne Vital Metals prévoyait de vendre ses réserves de minéraux à l’entreprise chinoise Shenghe Resources, faute de pouvoir les traiter.
Mais Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, « est intervenu pour faciliter la conclusion d’un accord afin que les matériaux puissent rester au Canada », a précisé la même source.
Les matériaux extraits de la mine de Nechalacho, dans les Territoires du Nord-Ouest, ont en conséquences été vendus pour trois millions de dollars canadiens (2 millions d’euros) au Saskatchewan Research Council, qui construit des usines de transformation.
Ottawa considère que les métaux rares relèvent de la sécurité nationale et ils constituent un élément déterminant de sa stratégie de décarbonation.
Le gouvernement de Justin Trudeau a ainsi mis en place des restrictions à l’investissement et à l’exportation, visant principalement la Chine, qui domine largement le secteur.
Des milliards de dollars d’incitations gouvernementales ont été déployés pour accélérer l’exploitation minière locale et la construction de nouvelles usines de batteries.
Les terres rares et autres minéraux stratégiques tels que le lithium, le cadmium, le nickel et le cobalt sont des composants essentiels des batteries des véhicules électriques, des turbines éoliennes et autres technologies dites vertes.
Le Canada « prend des mesures pour développer des filières nationales sûres pour les minéraux essentiels afin de réduire sa dépendance à l’égard de l’étranger », a souligné le bureau de M. Wilkinson dans un communiqué.
« Lorsqu’il s’agit de financements de sociétés minières opérant au Canada, la réponse ne peut pas simplement être un investissement de la part d’entreprises d’Etat chinoises », a ajouté le ministère.
En 2022, le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne avait ordonné à trois sociétés chinoises de vendre leurs parts dans des entreprises canadiennes de minéraux critiques, après avoir durci la réglementation en la matière.
Le mois dernier, les Etats-Unis ont annoncé une augmentation marquée des droits de douane appliqués à l’équivalent de 18 milliards de dollars de produits chinois, incluant les minéraux rares.
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